Sur ma table de chevet

Debout, Rose McGowan

Il m’attendait bien sagement sur ma table de chevet depuis quelques semaines déjà celui-là. Et je l’avoue, j’étais particulièrement impatiente de m’y attaquer, tant le sujet de «Debout» de l’actrice américaine Rose McGowan est dans l’air du temps !

Et effectivement, à Hollywood, McGowan a été la première a dénoncer les agissements du producteur Harvey Weinstein qu’elle a accusé de viol alors qu’elle s’était présentée devant lui pour une entrevue. Et cela, bien avant l’émergence des marées de dénonciations et de mots clics tel #MeToo qui continuent de déferler encore aujourd’hui dans un torrent qui ne semble pas prêt de s’arrêter.

Mais de quel genre de livre on parle ici ?

À mi-chemin entre l’autobiographie et le pamphlet, l’actrice nous amène avec «Debout» derrière le rideau du star système pour nous faire découvrir une vie d’abus et de sexisme à la façon d’Hollywood. Et, je vous préviens d’office, si la vie des stars de cinéma vous faisait rêver jusque là, la chose risque de vous passer de façon assez drastique à la lecture de ce livre.

D’abord, si vous ne la connaissiez pas, Rose McGowan est née en Italie ou elle a été élevée rien de moins que dans une secte nommée Les Enfants de Dieu. Une organisation d’ou elle a fuit à l’adolescence pour mieux tomber dans une autre – mieux organisée encore – comme elle le dit elle-même en parlant d’Hollywood. Et, entre les deux, quelques années d’errance pendant lesquelles elle a consommé diverses drogues, effectué une cure de désintox croisé des pédophiles et parfois même, volé pour survivre. Au cinéma, elle a tenu des rôles plus ou moins importants dans de nombreux films (California Man, The Doom Generation, Scream, Le Dahlia Noir, etc) mais également des séries télévisées, dont Charmed et Nip/Tuck parmi d’autres..

Et qu’on se le dise. Ce livre pourrait sembler plutôt anecdotique je trouve, dans le genre «misère des gens riches et célèbres» s’il n’était pas justement si ancré dans cette tendance actuelle globale aux dénonciations des diverses violences faites aux femmes à laquelle on assiste depuis quelques années.

Et c’est là, je trouve, justement tout l’intérêt du livre alors que l’actrice/auteure/activiste nous amène à réfléchir sur la culture Hollywoodienne qui déverse en continu depuis des décennies une vision fantasmée du féminin à travers les yeux de l’homme blanc féru de privilèges. Une vision déformée qui à travers des centaines de films chaque année, nous gave de cette culture-unique qui veut que les femmes soient des objets dociles, malléables et monnayables à outrance, et que l’on maltraite jusqu’à l’échoeurement. Un monde dans lequel on viole, violente, agresse et ou on va jusqu’à étrangler les personnages féminins. Un monde dans lequel  le viol constitue trop souvent rien de moins qu’un ressort narratif dont on abuse, et cela sans considération pour celles qui en sont véritablement victimes et qui en subissent réellement les conséquences dans «la vraie vie».

Et puis, force est de le constater, son livre touche de façon indéniable une réalité qui dépasse largement les frontières américaines alors qu’ici aussi au Québec (comme c’est le cas ailleurs également), pas une journée ne passe sans qu’un article ne soit écrit sur ces propositions de quotas, par exemple, qui devraient ou ne devraient pas (selon les intérêts de ceux qui donnent leur avis) être imposés pour que les femmes artistes obtiennent les mêmes salaires que leurs homologues masculins (par exemple, l’actrice britannique Claire Foy qui dans The Crown, gagne moins pour son rôle de la reine Élizabeth que son homologue tenant le rôle (pourtant secondaire) du Prince Philip). Mais aussi, que les productrices féminines aient autant de chance que les hommes d’obtenir des budgets de financement pour leur films. Ce qui est bien loin d’être le cas jusqu’à maintenant.

Bref ! «Debout» m’est apparu comme un livre nécessaire. Parce qu’il contribue grandement au débat d’une part. Mais surtout, parce qu’il permet de prendre conscience de l’impact de ce dont la culture cinématographique américaine nous gave au quotidien et en continu. Le harcèlement sexuel institutionnalisé, le sexisme ordinaire normalisé, les agressions que l’on ne dénonce pas toujours, croyant qu’on a certainement couru après.

Une culture malsaine et toxique qu’on en vient à considérer comme normale.

Et vous ? Vous l’avez lu ? Qu’en avez-vous pensé ?

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