Héritage familial,  réflexion

Identité

Crédit: Pexels.com

J’ai toujours été un peu dubitative face à cette décision qu’a un jour prise mon grand-père paternel de changer unilatéralement son prénom, Origène devenant ainsi Eugène. Parce qu’il trouvait le siens tout bonnement horrible.

Sans autre forme de procès !

Car finalement, n’est-ce pas que notre prénom, c’est un peu notre identité  ?

Un peu comme cet ADN qu’on nous transmet, sans nous demander notre avis sur la question !

Enfin bref !

Ce matin, alors que je marchais pour me rendre au travail, et alors que je ne m’étais jamais vraiment arrêtée sur la question, j’ai eu comme cette révélation que moi aussi j’avais toujours eu mal à partir avec mon prénom. Un prénom choisi par ma mère à l’époque de ma naissance. Parce qu’une comédienne d’une série québécoise de cette fin des années soixante portait elle-aussi ce prénom que bien des mères québécoises, convaincues de leur originalité, se sont empressées de donner à leurs filles…

Inutile de dire qu’elles furent nombreuses tant il est vrai que pendant toute ma scolarité, j’ai été confrontée à nombre de Marie-Josée(s)! Prénom que nous partagions collectivement, un peu comme un nom propre servant à identifier notre genre…. Et je n’ose même pas ici avouer que je me suis même un jour retrouvée en classe au collège avec une fille portant et mon prénom. Et mon nom de famille.

Le comble de la désintégration identitaire alors que nous avions du, toutes les deux, nous résoudre à accepter cette idée d’être identifiées par notre numéro d’étudiantes…

Alors voilà ! J’ai toujours détesté mon prénom.

Pour son horrible banalité. Mais surtout, pour tout ce poids fait de dualité qu’il continue, aujourd’hui encore, de faire plomber sur moi.

Marie la femme plus forte. Celle qui (é)crit. Qui crie aussi. Parfois !

Puis, un peu comme un reflet de la première, Josée la petite fille faible que je refusais d’être.

Et le comble, ce «Jojo» complètement ridicule, insignifiant et sans forme dont m’affublait mon père!. Et en m’entendant appeler ainsi, la vérité c’est que j’aurais pu tuer ! Tordre le cou de celui qui osait ainsi m’enlever le peu d’identité que j’espérais encore me forger…

En lui, ce minuscule mot de quatre lettres, je finissais de me dissoudre dans cette invisibilité dans laquelle ma naissance m’avait aspirée.

Et puis, j’ai délaissé l’un pour ne conserver que le plus banal des deux. Ce «Marie», prénom probablement l’un des plus donnés sur terre. Un peu comme un générique n’appartenant à personne réellement. Mais dans lequel j’ai trouvé la liberté d’être.

D’écrire.

Et d’exister.

Inexplicablement…

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