La vérité et ce qu’on croit savoir
Certains sont fascinés par l’observation des insectes. D’autres achètent de façon compulsive des chaussures. Ou, d’autres encore ne peuvent s’empêcher d’assembler compulsivement des légos.
Chacun son TOC, comme on dit.
Pour ma part, je sais, je l’ai souvent écrit ici. Mais chaque fois que je tombe sur ce genre d’histoire dans laquelle on raconte l’impact de ces secrets familiaux soudainement révélés, je ne peux m’empêcher d’être fascinée par une évidence. Celle que bien souvent, les gens qui nous sont les plus proches sont paradoxalement ceux qu’on connaît le moins.
C’est fou, non ?
Un peu, peut-être, comme si en étant trop près d’eux, nous étions incapable de les voir vraiment.
L’histoire sur laquelle je suis tombée cette fois-ci ? Celle d’une femme qui a appris à connaître ses parents une fois ceux-ci décédés. Et qui a alors été en mesure de les aimer, en tant que personne, et non pas en tant que parents plus ou moins adéquats qu’ils ont été. Parce qu’eux vivants, la relation avait toujours été plutôt difficile. Au points ou, vérité difficile à admettre à voix haute, elle s’est presque sentie «soulagée» à leur mort. Un peu comme un poids sur sa vie qui était soudainement disparu…
En lisant cette histoire, je me suis reconnue dans cette obsession de connaître la vérité familiale. Celle que je me suis moi-même acharnée à défricher. Un peu comme un immense nid de couleuvres auquel on a peur de toucher…
Mais, je me suis aussi reconnue dans ce changement qui s’opère au fil des recherches. Et qui m’a permis en ce qui me concerne de voir mon père (mais pas que lui) sous un autre angle. Non plus comme avec les yeux de la petite fille que j’ai été de son vivant. Mais plutôt avec les yeux de la femme d’aujourd’hui ayant atteint un âge que lui n’aura jamais, parce que parti trop tôt…
En repensant à tout ce que j’ai moi-même découvert sur mon histoire familiale, je me dis que même ça, ce que je croyais savoir versus ce que je pense savoir aujourd’hui, ce n’est peut-être rien d’autre que de la fiction. Une identité que je me suis construite à partir de l’histoire que je me suis moi-même racontée.
Et, en comparant cette version de «l’affaire» que je me suis faite au fil du temps à celle des autres membres de la famille, j’en viens à me dire que tous, nous ne sommes que des fictions. Cette histoire que chacun se raconte à soi. Un fragment de l’ensemble qui fini par faire figure de «grand tout».
Et je ne peux m’empêcher de me demander…
La vérité elle, n’est-elle rien d’autre qu’un leurre qu’on prend pour la réalité?
Je l’avoue, la question me turlupine.
Chacun son TOC n’est-ce pas ?
Le texte, en anglais, se trouve sur ce lien.
Un commentaire
Yasmine Djelfaoui
Rumi disait,
La verite est un miroir tombe de la main de Dieu. Chacun en ramasse un morceau et dit que toute la verite y réside !