
L’appel du large (ou les mots décousus)

Ces derniers jours, je suis forcée de constater que l’écriture semble se jouer de moi.
J’ai beau m’asseoir dans le but d’écrire sur un sujet quelconque et préalablement défini. Me disant, par exemple à la lecture d’un article trouvé au hasard de mes pérégrinations, Wow ! Quel beau sujet pour un billet de blogue !
Je fini immanquablement par écrire sur autre chose. Comme si les mots avaient leur volonté propre.
Ce weekend par exemple, en plein milieu de mes vacances, je me suis rendue dans les Cantons-de-l’Est afin d’assister aux Correspondances d’Eastman, un événement littéraire auquel je n’avais jamais participé.
Bien que celui-ci en soit pourtant à sa douzième édition.
Inexplicable aurais-je envie de dire, alors qu’habituellement (ce n’est plus un secret!), je suis du genre à courir ce type d’événement ou les mots sont rois!
Bref, après avoir assisté ce vendredi à deux ateliers au cours desquels des écrivains évoquaient leurs parcours, je suis revenue rien de moins que gonflée à bloc, la tête pleine de cette envie d’écrire qui m’avait semblé vouloir me bouder depuis des mois!
Mais surtout, avec cette envie pressante d’en parler ici.
Une envie qui, comme vous l’aurez sans doute remarqué, attend toujours puisque depuis deux jours, j’ai du écrire quatre ou cinq billets.
Certains d’avance et qui n’attendent rien d’autre que j’appuie sur le bouton «Publier»…
Étonnamment (ou tragiquement ?), aucun ne parle d’Eastman (pas même ce billet ci, vous le verrez bien !).
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Parfois, je me dis que nous passons une grande partie de nos vies à vivre à côté de nos pompes…
Jeune, je m’imaginais un jour hôtesse de l’air (heureusement, cette idée n’a pas fait long feu!). Puis cinéaste, archéologue, journaliste… Tout cela pour, une fois arrivée en fin de secondaire, faire ma demande d’admission pour étudier au Collégial en Arts vestimentaires. Un domaine qui, je l’imaginais bien candidement alors, me permettrait de devenir dessinatrice de mode !
Bien sur, j’ai changé de route en cours de processus. Pour me diriger en littérature. Puis à l’Université, les choses ne se sont pas arrangées puisque je suis allée faire un tour du côté des Sciences Politiques. Pour finalement obtenir des Certificats universitaires en Animation et recherche culturelle. Puis en Français écrit par la suite. Pour finalement atterrir en Analyse des médias…
Comme quoi ! Je suis sans doute le meilleur exemple que ce n’est pas la destination qui soit si importante finalement (fort heureusement pour moi !).
Mais la route… Aussi «tournicotée» soit-elle !
Jeune, je me serais bien vue quitter mon monde connu pour aller étudier à Paris. Travaillant dans des cafés pour gagner ma pitance.
Pourquoi ne l’ais-je pas fait, je me le demande souvent. Par insécurité? Par crainte? Par manque de confiance en moi?
Peut-être un peu de tout cela j’imagine. Allez savoir !
Ce jeudi, il y aura dix ans que je suis mariée. Parfois, je me prends à me demander si cette route était bien la mienne… Ou si mes aspirations ne sont pas tombée au combat quelque part en cours de route.
Certains appelleraient cela l’appel du large peut-être !
Souvent, je pense à mon arrière-grand-mère qui en 1928 à tout foutu en l’air, famille, mari, enfants, pour, de Québec, venir vivre à Montréal ou elle a gagné sa vie dans le Red Light… Est-elle venue ici à Montréal pour cela ? Ou bien la prostitution a-t-elle été un détour du destin pour celle qui, je peux l’imaginer avec ces presque cent ans qui nous séparent, a-t-elle tout simplement voulu à tout prix fuir le destin de sa propre mère qui avant elle, avait vécu 22 grossesses pour n’avoir que 4 enfants vivants? Éternellement en deuil de ces enfants à qui elle ne parvenait pas à donner la vie…
Bien sur, Lucienne ne reviendra jamais pour répondre à mes questions, toutes deux assises autour d’un café comme je me prends à l’imaginer parfois.
N’empêche, la question ne cesse de me tourmenter.
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Après avoir, en juin, mis ce qui aurait pu paraître pour certains tel un point final à un projet que j’avais depuis longtemps de mettre une pierre tombale sur la tombe de mon père, je m’étais imaginée qu’une fois ce projet réalisé, j’aurais comme une révélation…
Que comme dans les romans, j’entendrais retentir des cloches. Ou encore, que comme dans ces jeux vidéos qui sur internet nous siphonnent un temps fou, à tout le moins, se trouverait un signe quelque part que j’avais atteint le niveau suivant.
Rien depuis. Sauf peut-être ce sentiment de devoir accompli et de calme intérieur.
Et l’envie retrouvée d’écrire (merci entre autres à Eastman, même si de celui-là, je devrai vraisemblablement reparler un autre tantôt !).
J’ignore pour l’heure ou tout cela me mènera.
Pour l’instant, je me concentre sur la route.
Tentant du mieux que je le peux d’oublier la destination.
Et je me dis, voilà un autre billet qui aura bifurqué de sa destinée !
Mais qu’importe ! Des mots, des mots, rien que des mots que je me dis !

