Miroir, miroir
Depuis quelques temps, j’avais envie d’aborder le sujet…
Celui de cette pression sans fin qui est mise sur le paraître des femmes général.
Et cela, vingts-quatre heure sur vingts-quatre. Trois cent soixante-cinq jours par année.
Voilà que ce matin, je suis tombée sur un article du Figaro dans lequel on raconte que la chanteuse américaine Alicia Keys avait reçu une volée de critiques sur les médias sociaux.
La raison ?
Parce que l’artiste a simplement décidé d’apparaître sur le tapis rouge des MTV Video Music Awards…sans maquillage.
Non mais quelle horreur n’est-ce pas ? Quelle tragédie surtout (!)
L’argument de ses détracteurs ? Que la belle de tout juste 35 ans – bien loin d’être un laideron, convenons-en ! – aurait finalement pu faire «un effort» pour un événement de cette envergure.
Malheureusement, j’ai bien peur que nous soyons loin de l’anecdotique. Cette pression sur le paraître, loin de s’estomper, semblant au contraire s’accentuer constamment.
Tant pi pour la différence n’est-ce pas? Soyons toutes pareilles !
Et surtout, rappelez-vous, sans maquillage, point de salut!
*****
Si cette «nouvelle» m’a un peu fait réagir, c’est que depuis un bon moment, je remarque dans le cadre de mon travail à quel point c’est deux poids deux mesures lorsqu’il est question de ce qu’on attend d’une femme par rapport à ce qu’on attend des hommes.
Parenthèse ici.
Comme vous le savez sans doute, une grande partie de mon travail consiste à visionner des séries de fiction pour la télé dans le but d’en faire le classement (général, 8 ans et +, 13 ans et +). Cela, en fonction des éléments de violence que l’on y retrouve.
Mais pas que!
Car je dois également porter attention au langage, aux éléments de sexualité qui sont présentés dans les contenus que je dois analyser. Ainsi qu’à tout autre élément susceptible de ne pas convenir à certains publics.
Et, pour étayer mon argumentaire, je n’ai pas le choix de tenir compte de ce qu’on appelle le consensus social. Soit cet «intangible» constitué du degrés de tolérance du public envers certains sujets qu’à d’autres époques, ìl aurait été impensable de voir à la télévision, mais qui aujourd’hui, sont socialement acceptés. L’homosexualité par exemple. Mais également, tout l’univers de la transsexualité qui est maintenant abordé de front dans les séries – surtout américaines – depuis plus récemment. Le combat de Caitlyn Jenner aux États-Unis ayant très clairement contribué à mettre en relief la réalité de ces gens qui décident un beau jour que le statu quo n’est plus une option. Et qui changent de sexe, envers et contre tous.
En aucun cas mon travail ne consiste à porter de jugement. Tout juste à donner des outils au public pour que celui-ci soit en mesure d’avoir une idée du contenu qu’il s’apprête à visionner à la télé. Du degré de violence qu’il peut s’attendre à voir par exemple. Ou encore, des scènes de sexualité, plus ou moins détaillées, qu’on peut s’attendre de voir.
Fin de la parenthèse.
Dans le cadre de mon travail donc, j’ai accès aux commentaires du public. Non pas pour y répondre (c’est quelqu’un d’autre qui s’occupe de cela!). Mais pour savoir ce qui fait réagir le public. Ce qui dérange. Ce qui trouble dans les contenus auxquels les téléspectateurs ont accès.
En résumé! Prendre connaissance des commentaires reçus du public, c’est une façon pour moi de toucher du bout des doigts ce «consensus social», un «intangible» par définition mouvant et fluctuant. Et qui forcément, évolue au fil des années. Mais également, en fonction des cultures.
Bref, je remarque depuis quelques temps à quel point ces commentaires divergent selon qu’ils concernent «une» animatrice ou «une» comédienne. Ou si, au contraire, ils concernent «un» animateur, «un» comédien.
Dans 99% des cas, les messages concernent une femme – non pas pour son professionnalisme ou sa présence – mais plutôt son habillement, sa coiffure, son maquillage.
Ce qu’on leur reproche ? Leur maquillage qui ne convient pas. Ce décolleté qu’elles ne devraient pas porter, soit parce qu’elles n’ont pas une poitrine digne d’être mise en valeur. Soit parce qu’en ayant une, elles devraient la cacher, au risque d’avoir l’air «vulgaire». On leur reproche également cette coupe de cheveux qui ne les avantagent pas.
Mais encore ?
Elles parlent trop vite, pas assez, n’articulent pas suffisamment, parlent trop fort, pas assez… Certaines ont pris du poids et le public s’imagine qu’il faille le leur dire. D’autres en ont perdu et le premier venu s’arroge le droit d’écrire pour donner son avis sur la question…
Vous voyez le genre ?
Tout cela pendant qu’en même temps, les messages qui s’adressent aux animateurs ou comédiens masculins sont eux principalement consacrés à souligner leur humour, leur professionnalisme, les sujets qu’ils abordent, la qualité de leur travail, de leurs interventions..
Vous voyez le genre ! Clairement, deux poids deux mesures !
*****
Depuis quelques temps, j’avais envie d’aborder le sujet… Sans trouver l’angle pour en parler toutefois.
Le sujet ? Celui de cette pression sans fin qui est mise sur le paraître des femmes général. Et cela, vingts-quatre heure sur vingts-quatre. Trois cent soixante-cinq jours par année.
Cette semaine, je suis tombée sur un article qui m’a donné une millionième preuve s’il en fallait une que nous les femmes ne sommes malheureusement pas prêtes de voir venir ce jour ou toutes, nous seront considérées en fonction, non pas de notre maquillage, de nos beaux vêtements ou encore, de cette chance que l’on a eu – ou pas – en naissant de correspondre aux critères de beauté de l’époque. Mais en fonction de notre valeur en tant qu’être humain.
Dans cet article, publié cette fois-ci dans le Huffington Post, on racontait que selon une étude ayant porté sur la question, les femmes qui portent du maquillage au travail obtiendraient dans les faits …un meilleur salaire.
Et cela, indépendamment de leurs compétences. Indépendamment de leur personnalité.
Et, gare à vous si, comme Steve Jobs, vous aviez fantasmé sur cette idée de porter les mêmes vêtements tous les jours !
Et voilà ! On revient au début de mon billet.
Là ou je m’étonnais que le public puisse en vouloir à Alicia Keys de ne pas porter de maquillage pour le tapis rouge…
Et je me dis que décidément, il n’y a pas de quoi rire !
2 commentaires
Yasmine
Ah didiou !!!!
On n’est pas sorties de l’auberge ma chère amie !!!!
Objet on a fait de nous, objets ils veulent que l’on reste !!!!
A nous, une fois n’est pas coutume, de nous battre et imposer nos propres lois !!!
Et c’est r’partit comme en 40 … mais cela a-t-il jamais cessé ???
Bises ma chère amie 🙂
Yasmine
Marie
Bonjour Yasmine ! Effectivement, plus ça change et plus c’est pareil ! On ne s’en sort pas !
C’est vraiment désespérant !!
Marie