
Pages féminines d’un autre temps…Monsieur, êtes-vous un coureur de dot?

Vous pensiez que je ne me passionnais que pour les vieilles coupures de presse au féminin ? Un plaisir coupable auquel je m’adonne – c’est maintenant devenu une tradition! – tous les vendredis ?
Détrompez-vous ! Car étant consciente que de nombreux messieurs se cachent derrière ma longue liste de lecteurs qu’il serait facile d’imaginer un peu plus féminin (étant donné les sujets sur lesquels j’écris), j’ai décidé ce matin de partager avec vous ce sondage destiné à tester vos intentions !
Alors ? Simple coureur de dot ? Ou un idéaliste qui croit en l’amour?
Avec ce questionnaire, des plus scientifiques vous l’aurez compris, vous saurez tout!
Et, comme ce n’est plus un secret que vous êtes là, bien cachés derrière le rideau de mon salon, osez vous manifester par un commentaire au bas de ce billet 😉
Vous verrez ! «Nous sommes bien d’adon» ici !
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ÊTES-VOUS UN COUREUR DE DOT?
«Hortense est une vraie calamité; mais Hortense a dix mille dollars de dot: Hortense est donc une jeune fille épatante» C’est le syllogisme de 1952. Tout y est: les eux prémisses et la conclusion. Il est clair, net, précis. Il n’y manque qu’un petit rien: de la logique. Qu’importe! Quel est l’être de bon sens qui oserait faire preuve de bon sens au siècle où nous vivons?
Oui, aux yeux des jeunes gens d’aujourd’hui, la valeur intrinsèque de la jeune fille est directement proportionnelle à la quantité d’écus qui gonflent les poches du père. Heureusement qu’il existe – il doit exister – une poignée d’idéalistes, ivres d’azur et de lumière, qui croient encore à un amour merveilleusement pur, qu’ils ne marchanderaient pour aucun de ces appâts sordides.
Sur laquelle de ces deux voies vous trouvez-vous engagé? Êtes-vous peut-être en faveur d’un compromis: un peu d’argent, un peu d’amour? Si vous l’ignorez, répondez à chacune des questions suivantes par «oui» ou par «non».
QUESTIONS
- Pensez-vous que dans le monde, il y a autant d’âmes-sœurs que de jeunes filles à dot?
- Aussi, traitez-vous d’anormaux ceux qui refusent de se marier sous prétexte de n’avoir pas encore rencontré l’élue?
- Estimez-vous qu’aucun proverbe n’est plus insensé que «l’argent ne fait pas le bonheur»?
- Lorsqu’on vous présente à une jeune fille, vous demandez-vous automatiquement: «Qui sait si ses parents sont riches?»
- À vos yeux, une jeune fille avec une dot de dix mille dollars est-elle dix fois plus intéressante que celle qui n’en a que mille?
- Renoncez-vous à comprendre ceux qui croient, dur comme fer, à l’amour véritable?
- Enviez-vous ceux parmi vos connaissances qui ont épousé une jeune fille riche, sans même vous demander s’ils ne sont pas malheureux?
- Cherchez-vous à étendre vos relations dans les milieux aisés, avec l’intention de multiplier vos probabilités de faire un mariage de convenance?
- Une dot appréciable vous ferait-elle fermer les yeux sur les pires défauts chez la jeune fille?
- Préférer chez la femme la richesse intérieure à la richesse matérielle; est-ce selon vous le comble de l’insanité?
- Envisageriez-vous, sans grande répulsion, le mariage avec une femme qui ferait votre grand-mère – entourée de surcroît d’une ribambelle d’enfants – si elle avait un compte en banque intéressant?
- Pensez-vous que, chez une jeune fille, qualités morales, intelligence, esprit, ne sont que des mots vides de sens et que les seuls éléments ayant du poids sont le nombre d’écus qui forment sa dot?
- Rejetez-vous l’idée que l’on puisse goûter un bonheur sans mélange en ayant simplement de quoi vivre normalement?
- Estimez-vous, au sujet du mariage, que les sentiments nobles et désintéressés sont révolus et qu’aujourd’hui, il s’agit plutôt de voir se réaliser des plans machiavéliquement conçus?
- Ainsi, vous sentiriez-vous capable de faire de faux serments d’amour à une jeune fille pour la leurrer et gagner son cœur…dernière étape vers son argent?
- Considérez-vous automatiquement une jeune fille pauvre comme sans intérêt?
- Aussi, l’écartez-vous de votre cercle de connaissances, fût-elle un être modèle?
- Ce sont les jeunes filles riches que vous invitez en général à sortir?
- Vous importerait-il peu de partager la vie avec une femme pour laquelle vous n’éprouvez pas le moindre sentiment, mais dont la fortune ne vous laisse pas précisément froid?
- Blâmez-vous le jeune homme qui veut forger son avenir de ses propres mains, plutôt que par un mariage de convenance?
RÉPONSES
Comptez un point pour chaque «oui».
Au-delà de 18: vous alliez à un esprit machiavélique une bassesse sordide: vous avez l’étoffe d’un excellent aventurier.
De 13 à 18: À vos yeux, le syllogisme de 1952 est d’une vérité lumineuse.
De 7 à 12: Vous êtes pour un compromis: un peu d’argent et un peu de bonheur ou beaucoup d’argent et de bonheur à la fois.
De 1 à 6: Bravo! N’est-ce pas que vous êtes enclin à penser que le bonheur ne se marchande pas avec les écus?
Zéro point: Vous êtes un idéaliste: vous croyez en un amour aussi pur qu’un chant de rossignol par un matin clair.
(Photo-Journal, 22 mai 1952)

