Un 8 mars sur terre
Si comme moi, vous avez un peu traîné sur les médias sociaux ou dans les médias en général ce weekend, vous n’avez sans doute pas pu échapper à ce qui avait tout d’une vague qui emporte tout sur son passage: le 8 mars, journée de la femme soulignée partout dans le monde !
Tellement trop d’information que, bien que j’avais planifié d’écrire sur le sujet, je n’ai pu m’empêcher de me retrouver un peu paralysée devant ce flot dans lequel il pouvait sembler difficile par moment de départager l’intéressant du n’importe quoi…
Et hier, alors que je flânais sur Facebook, je me suis accroché les pieds sur la page du magazine Psychologie qui au moyen d’un test, demandait à ses lecteurs si le féminisme était toujours pertinent. En bref, si les lecteurs(trices) croyaient encore au féminisme.
J’avoue avoir été sidérée en lisant certains commentaires ou l’on disait que le féminisme était dépassé, inutile, voire, la pire chose qui ait pu arriver aux femmes…
Et le plus troublant, c’est que certains de ces commentaires avaient été écrits…par des femmes!
Il suffit de suivre les infos le moindrement pour être renversée devant cette évidence que décidément, la situation des femmes, de façon générale, est plutôt en régression ces dernières années. Il suffit d’observer des pays comme l’Inde, par exemple, ou les femmes sont considérées responsables lorsqu’elles sont violées. Ou pire encore, des pays comme l’Arabie Saoudite et le Maroc ou il leur est carrément interdit de se faire violer, sous peine d’être elles mêmes incriminées… Ou encore, de tourner les yeux sur la situation qui prévaut dans d’autres lieux ou les femmes n’ont toujours pas le droit de vote en 2015, comme c’est notamment le cas en Arabie Saoudite ainsi qu’au Vatican.
Des exceptions ? Que non !
En Somalie, il est interdit aux femmes – et cela depuis 2009 – de porter un soutien-gorge, cet objet du diable auquel les islamistes du pays reprochent de tromper l’état naturel des seins en accentuant les formes féminines, suscitant de la sorte le désir sexuel des hommes…
Et je ne parle même pas de dizaines d’autres limitations qui sont imposées aux femmes de partout dans le monde, comme on le relate dans cet article sur lequel je suis tombée hier.
Mais il n’est malheureusement point besoin de regarder aussi loin pour constater que la situation des femmes est loin d’être réjouissante. Tout juste ici au Canada, on parle à peine de ces centaines de femmes autochtones disparues ou assassinées ces dernières années et dont les autorités se soucient du sort comme de la guigne… Nous oublions trop facilement aussi qu’aujourd’hui encore, à emploi comparable – en dépit, dans certains cas, d’un plus haut niveau d’éducation que leurs collègues masculins – les femmes obtiennent toujours un salaire moindre…
En ce qui me concerne, je crois sincèrement qu’il faut avoir été bien gâtée dans la vie pour croire que tout roule pour les femmes et que le féminisme est inutile, dépassé, voir nocif! Pour avoir moi-même été témoin de premier rang de la violence conjugale que ma mère a subit de la part de mon père, j’ai estimé être de l’ordre de la nécessité vitale de me rendre à l’université et d’occuper un emploi que j’aime de façon a me sentir maître de ma vie. Et, très jeune, la certitude que jamais de ma vie je ne demeurerais avec un homme pour des raisons alimentaires s’est imposée pour moi, comme si elle avait fait partie de mon ADN.
Inutile donc de dire que tous ces articles ou débats sur les divers forums dans lesquels on trouve des tentatives à peine voilées de culpabiliser les mères, dont je suis, qui choisissent d’être sur le marché du travail, ont très peu de prise sur moi…
Heureusement, j’ai su trouver un mari pour qui la chose semblait aller de soi. Mais je n’oublie pas que j’ai, en tant que femme, le devoir de transmettre cette idée d’égalité entre les sexes à mon fils. De façon à ce que pour l’homme qu’il deviendra un jour, la question ne se pose même pas !
Mais de tout cela, nous devrions en parler tous les jours.
Et pas que le 8 mars !
2 commentaires
julie
comme tu as raison!
Je fais partie de plein de groupes de photos sur Facebook et hier plein d’hommes ont mis des fleurs pour souligner la journée de la femme, ou bien des photos de leur fille ou leur femme. Jolies photos, hommage à leurs femmes près d’eux.
Une photo m’a choquée.
C’était presqu’une photo porno, qui se voulait sensuelle ou la femme était dans l’eau avec ce qui semblait un tissus sur elle, mais on distinguait tout… de son anatomie.
Je m’en suis voulue d’être aussi choquée, car la femme c’est aussi sa sensualité, sa sexualité.
Mais le « bonne journée de la femme » collée en titre sur la photo, m’a fait tiquer!
J’ai pensé alors à toute cette industrie qui utilise la femme comme objet et qui véhicule un tas de connerie sur notre jouissance et surtout la façon qu’on puisse y arriver… (J’en profite pour partager ce petit vidéo qui m’a fait bien rigoler https://www.youtube.com/watch?v=YQ41Gdgm7iU)
de plus, ok, on peut célébrer le fait d’être femme, d’aimer une femme…
Mais cette journée est pour nous rappeler nos combats, le chemin à parcourir.
Bien que je me sente privilégiée ici, je sais que ce n’est pas le lot de toutes, ici comme et surtout ailleurs!
Marie
Bonjour Julie!
C’est vrai qu’il y a tellement de récupération sur cette journée que le vrai but s’en trouve dilué.
Je te partage le lien de cet article qui dit exactement cela: «ce que je ne veux pas voir le 8 mars». Comme cet article le dit, non je ne veux pas de leçon de zumba de de cours de streaptease…. Ni même de petite culotte gratuite à l’achat d’un soutien gorge, comme une publicité l’a relayé hier !
http://www.slate.fr/story/98629/8-mars
Comme toi, je suis tellement reconnaissante de vivre ici, dans un pays ou malgré toutes les choses imparfaites ou qui restent encore à faire, je peux faire mes choix. Mais je suis consciente que rien n’est acquis et qu’il est facile de régresser !
Une bonne journée à toi !
Marie