réflexion

Vertige

Samedi matin.

Comme mille autres fois demeurées infructueuses dans le passé, je m’assoie devant mon ordinateur dans le but d’écrire.

Mais ces temps-ci plus que jamais encore peut-être, j’ai ce sentiment de vide. Un peu comme lorsqu’on se retrouve devant un précipice. En retenant son souffle.

Parce que, vous comme moi j’en suis certaine, pouvons presque sentir cet air si particulier qui précède les catastrophes. Et qui en ce moment, semble baigner l’atmosphère autour de nous…

Matière volatile et inflammable que la moindre allumette pourrait embraser en une fraction de seconde me semble t-il…

Dix jours maintenant que la Russie a entrepris d’envahir l’Ukraine, Poutine déterminé à reprendre par la force un point géographique qu’il se croit en droit de réclamer. Dix jours que de loin, avec un sentiment de vertige, tous nous regardons aux infos les bombes qui explosent. Mais aussi, ces chars d’assaut qui, à petite échelle comme sur une maquette, pourraient presque l’espace d’une seconde être confondus avec des jouets d’enfants. Nous faisant presque oublier un bref instant qu’ils sont pourtant destinés à bombarder et à tuer…

Je suis catastrophée, il n’y a pas d’autre mot pour l’exprimer. Parce qu’après avoir grandi au coeur de ces années marquées sous le sceau de la guerre froide – je suis née à la toute fin des années soixantes – jamais au grand jamais je n’aurais pu imaginer que l’humanité puisse ainsi se retrouver du jour au lendemain si près du précipice d’une troisième guerre mondiale et d’une attaque nucléaire, et ce, des décennies plus tard.

Alors, samedi matin. Comme mille autres fois tombées dans l’oubli parce que demeurées infructueuses, je m’assoie devant mon ordinateur dans le but d’écrire.

Mais ce matin, contrairement à hier, je retiens mon souffle.

Je cherche mes mots.

Et je me concentre sur cet espoir fou que le précipice ne nous aspire pas.

Commentaires fermés sur Vertige
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