A(mère)tume et douces chi(mères)
Ces temps-ci, je l’avoue, je me sens un peu dépassée par le flot du quotidien. Mais surtout, par les demandes incessantes de l’univers !
Car même si le fait que ma mère soit entrée en résidence a eu pour effet de m’enlever incontestablement un peu de poids sur les épaules, j’ai l’impression n’avoir jamais ressenti de ma vie autant de pression pour répondre aux besoins de tout un chacun !
Littéralement écrasée sous le poids des responsabilités.
Et cela, alors qu’à la veille de célébrer mes 46 ans (est-ce qu’on parle de célébrer, rendu là?), je n’ai jamais eu autant envie de m’exiler sur une île déserte, loin du chaos du monde! Mais surtout, bien loin de mon rôle de mère.
La Paix ! La Sainte Paix ! (oui, oui, avec un grand, un immense «P» majuscule!)
Aussi, alors que j’ai passé une grande partie de ma vie à en mener large, imaginant que je pourrais plus ou moins facilement tout concilier, j’ai parfois cette impression de ne finalement rien réussir complètement.
Si j’ai généralement été assez fière de me dire que je parvenais à occuper à temps plein un emploi que j’aime (enfin en lien avec mon champs d’études!) tout en étant présente pour mon fils à sa sortie de l’école, et cela, sans manger du «déjà-tout-cuisiné industriel» pour les repas, je suis confrontée ces jours-ci à un sentiment d’amertume en me disant que ce n’était peut-être pas suffisant.
Mais ne nous y trompons pas ! Je demeure consciente qu’il ne suffit pas d’avoir des enfants pour se sentir ainsi enchaînées à ce rôle de mère, parfois un peu lourd sur nos épaules (même si c’est un peu tabou de l’avouer, n’est-ce pas?) !
Un rôle qui semble plutôt inéluctablement lié au fait d’être femme, tout court. D’abord la petite fille qui joue à la mère avec ses frères et sœurs. Puis la jeune adjointe de direction qui passe une grande partie de sa carrière à «materner» ses patrons, gérant les agendas, les lunchs, les rendez-vous,… N’oubliant pas au passage de régler les problèmes de papiers coincés des collègues dans le photocopieur…
Puis qui, cette fois ne jouant plus, fait de son mieux pour être la meilleure mère qu’elle le peut pour ses propres enfants…
Avant de devenir la mère de nos propres parents…
Rien de moins qu’une vie entière de «maternage» !
Depuis que mon fils est à l’école, il éprouve des difficultés académiques. Jusque là, je me suis toujours opposée à tous ces professeurs toujours pressés de recommander de médicamenter les enfants, sous prétexte que ceux-ci bougent trop, ne se concentrent pas assez, qu’ils font des niaiseries en classe.
Ces derniers mois, j’ai du me rendre à l’évidence que c’est l’échec scolaire qui l’attend maintenant, alors qu’il ne suit tout simplement plus le rythme de sa classe. Et par conséquent, l’Homme de la maison et moi avons du nous résoudre à consulter une psychologue afin d’avoir une évaluation en ce qui a trait aux capacités d’apprentissage de Fiston…. Une évaluation qui, lentement mais visiblement plus sûrement encore, nous amène vers un diagnostique de troubles d’apprentissage pour notre fils.
Pourtant, lorsque je le regarde, c’est un petit garçon vif, curieux, affectueux, toujours de belle humeur que j’ai devant les yeux. Un enfant capable de se concentrer pendant des heures et des heures sur un jeu de Star Wars Légos. Mais qui devant une simple addition, n’éprouve tout simplement aucun intérêt.
Pourtant, moi qui ai toujours aimé aller à l’école, je m’étais toujours dit que j’avais tellement hâte d’avoir des enfants ! De les aider dans leurs études, de les emmener au musée et de leur faire découvrir toutes ces choses qui moi me passionnent. Une vision à des années lumières de toutes ces soirées infernales constituées de luttes à finir pour espérer l’encourager à terminer au moins une partie de ses travaux…
Naïvement, j’avais peut-être «zappé» le chapitre où l’on nous dit pourtant que les enfants viennent au monde avec leurs goûts et leur personnalité. Tout autant qu’avec leurs forces et leurs faiblesses…
Aussi, c’est avec une certaine amertume que je me demande si je suis cette aussi bonne mère que j’aimerais prétendre être. Une mère qui n’élèverait jamais la voix, qui serait un modèle de patience et d’écoute. Une mère qui aurait toujours les réponses et les solutions…
Il suffit toutefois d’un sourire de mon fils, de ses bras autour de mon cou, et de l’entendre me dire, le plus sérieusement du monde, que je suis la meilleure mère de l’univers, pour que d’un coup, j’oublies mes doutes.
Mais la question demeure ! Qu’est-ce qu’être une bonne mère aujourd’hui ?
Cette question à mille dollars, le magazine Famili l’a aussi posée à ses lectrices. Avec des réponses aux milles variantes !
Comme quoi, peut-être suffit-il de faire de son mieux.
Tout simplement !
2 commentaires
Julie
Comme j’ai envie de te faire un calin en lisant ceci!
Comme ces questions sont prenantes et tellement d’actualité!
J’ai l’impression d’avoir eu mille vies de maternage depuis toute petite!
L’angoisse de ne rien oublier, de ne rien laisser passer!
L’envie du bonheur dans le quotidien et de la magie aussi!
J’ai un fils qui a eu des problèmes d’apprentissage et j’ai résisté toute sa scolarité primaire et secondaire à la médication…
Il a maintenant 19 ans et je vois à quel point je ne l’ai pas aidé à m’entêter!
Là où il arrivait avec des « accomodements », maintenant dans sa vie d’homme et d’étudiant au CÉGEP, il est réellement confronté avec ses difficultés.
Et comme il n’est pas habitué aux effets des médicaments, il trouve ça trop « weird » quand il les prend…
Alors il patauge plutôt que de nager.
Lui intelligent, vif, curieux, ouvert…
Il doute de ses capacités et bien sûr, je me sens responsable.
Si j’avais écouté les médecins, les spécialistes…
Il serait probablement un nageur de première!
Mais avec des SI on va à Paris, disait ma grand-mère…
soupirs!
…
Et l’île déserte…
Quel fantasme tout de même!
wow!
On serait une gang à se la partager!
…
(pssst! Oui 46 ans ça se fête tellement! Plus que jamais même!)
Marie
Merci Julie !! Ton câlin, je le prends 😉 C’est vrai que nous les femmes sommes comme programmées pour materner. Je regarde celui qui a pris mon ancien poste d’adjointe de direction (et oui! un homme!) et je réalise combien c’est nous qui apportons ce côté « maternel » dans tout ce que nous faisons. Lui, parvient a être apprécié sans materner qui que ce soit !
Quant à mon fils, je suis tout à fait consciente qu’en m’opposant aux avis des professionnels, je ne l’aiderait pas ! Mais c’est clair que pour une mère (pour un père tout autant sans doute!), ça nous amène à nous remettre en questions. Mais je ne peux m’empêcher de me questionner sur cette réalité qui fait qu’aujourd’hui, on a un peu l’impression que tous les petits garçons sont étiquetés TDAH. Mais en même temps, je ne peux nier que ce côté plus émotif, c’est clairement moi qui lui ai transmis puisque de « mon côté familial », l’hyper-émotivité et les problèmes d’impulsivité semblent presque banals tellement ils sont communs… Et inévitablement, ça me fait réaliser que moi aussi, j’ai toujours eu certains traits sans que ce soit « diagnostiqué ».
Tout le monde me dit comme toi que la médication (si on en vient là) ce n’est pas si terrible et qu’au contraire, ça peut être très aidant. Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut juste pas laisser aller…
Quant à mon anniversaire prochain, je vais suivre ton conseil et célébrer alors 😉 Parce que la bonne nouvelle de vieillir, c’est probablement d’être encore en vie :-)))
Marie xx