Au Gouvernail toutes
Lorsque parfois je m’aventure à oser jeter un bref coup d’oeil à mon blogue, je me dis quelle catastrophe! Que s’est-il donc passé en effet pour qu’en l’espace d’un soupir, je n’arrive même plus à m’échapper du quotidien, ne serait-ce que quinze insignifiantes minutes pour écrire?
Comme beaucoup de femmes, j’ai rêvé pendant des années de pouvoir alléger mon quotidien et de parvenir à trouver un mode de vie qui me permette de m’extraire de la pression du quotidien qui a rimé tellement longtemps avec métro, boulot, dodo. Une litanie qui ressemblait un peu au jour de la marmotte, qu’on se le dise! Et qui a été plus souvent qu’autrement ponctuée de repas à prévoir, de rencontres de parents à ne pas oublier, de brassées de lavage à faire,.. Cela en même temps que, dans un semblant de vie parralèle, je tentais du mieux que je le pouvais de répondre aux exigences du boulot, recrachée chaque matin par le métro qui m’avait avalée quelques stations plus tôt. Une charge mentale qui a du dépasser par moments, j’en suis certaine, la capacité d’un camion de dix tonnes…
Bon, j’exagère un peu, je l’avoue. Mais si peu vraiment !
Aussi, ces dernières années, alors que mon fils est devenu un adolescent et que ses difficultés scolaires du primaire se sont estompées, j’ai imaginé un peu naïvement que ma cinquantaine se pointant, j’allais avoir enfin droit à un peu de…
Comme définir ça donc?
De la légèreté ? De la douceur ? Ou plus simplement, d’un peu de temps pour juste respirer (oh pas beaucoup! Je me contente de peu, si vous saviez!) ?
Mais, n’y a-t’il pas un proverbe qui dit que la vie c’est ce qui arrive quand on est occupés ailleurs à faire des projets? C’est ce qui a du se produire j’imagine alors que j’ai du oser cligner des yeux, une micro seconde…
Ou de façon plus terre à terre, lorsqu’une certaine pandémie a décidé de prendre toute la place dans nos vies. Et de changer légèrement nos ordres du jour…
Bref! Après bientôt près d’un an de l’effet de la pandémie (une pandémie !!! Rien que ça!) sur nos vies, je ne peux donc m’empêcher de tourner en boucles dans ma tête cette sempiternelle question. Que s’est-il donc passé pour qu’en l’espace d’un soupir, je n’arrive même plus à m’échapper du quotidien, ne serait-ce que quinze minuscules minutes pour écrire? Et que s’est-il donc passé pour que soudainement surtout, tout soit devenu si lourd?
Car la vérité, c’est que le fait de travailler de la maison depuis bientôt presqu’un an, outre le fait de nous isoler, ça a quand même eu certains bénéfices. Par exemple, toutes ces heures passées dans les transports en commun qui ont pris en l’espace d’une douzaine de mois, des airs d’une autre époque.
N’empêche!
Moi qui ai longtemps imaginé un peu naïvement que la période la plus difficile dans la vie d’une femme était celle pendant laquelle les enfants sont encore jeunes et super dépendants de nous, je découvre aujourd’hui avec un certain effarement, je le confesse, que j’étais bien loin du compte. Parce qu’en l’espace d’un clignement des yeux, je me suis retrouvée confrontée à des questions auxquelles je n’aurais imaginé devoir trouver des réponses.
Par exemple ?
Décider de la texture de la nourriture de ma mère, qui atteinte de Parkinson avancé, ne marche presque plus. Et sur qui, la pandémie a eu un effet dévastateur, je ne vous le cacherai pas. Et qui enfin, – comme si ça ne suffisait pas – me harcèle littéralement (c’est vraiment le mot juste!) pour que je m’occupe de…ses pré-arrangements funéraires.
Ou encore? Parce qu’on en est qu’au début de la liste, ma soeur qui dans un effet de synchronicité digne de Twilight me demande de devenir …son exécutrice testamentaire, advenant son décès.
Tu sais ! Quand tu es entourée de monde joyeux, qu’elle m’a dit en riant!
Ou encore (bis)? Me retrouver d’un coup, sans que je n’ai eu le temps de rien voir venir, soudainement «proclamée» administratrice du syndicat de co-propriété que j’habite. Parce que, je vous le donne en mille! Personne, comme c’est souvent le cas en condo, ne veut plus s’occuper de cette charge sous l’effet d’un co-administrateur à la personnalité si détestable qu’il a mis au tapis tous les autres administrateurs avant moi….
Des heures de plaisir devant moi – vous l’aurez deviné – alors que j’ai probablement autant d’intérêt pour l’administration que j’en ai pour la pratique du Sudoku chez les Mulao…
Un intérêt que j’évaluerais, si je me permettais la plus minime estimation, à à peu près – 1000. Et je vous assure que cettte estimation est vraiment très conservatrice…
Lourd disions nous ?
***
C’était quoi la question initiale de ce billet déjà?
Ah oui !
Que s’est-il donc passé pour qu’en l’espace d’un soupir, je n’arrive même plus à m’échapper du quotidien, ne serait-ce que quinze minuscules minutes pour écrire? Et que s’est-il donc passé surtout pour que soudainement, tout soit devenu si lourd, intense et grave?
Je dirais qu’une partie de la réponse à cette insondable question réside peut-être dans cette image qui me vient en tête. Celle de moi sur un petit bateau qui lutte pour aller vers le port alors que les vents contraires s’évertuent à m’amener ailleurs. Un peu comme si de mes plans, ils n’en avaient évidemment rien à cirer eux!
Alors j’ose le demander ici. À quel moment précis nos vies se mettent-elles ainsi à nous échapper? Et surtout, comment amadouer ce foutu vent contraire?
Parce que l’expérience de Capitaine de bateau, je le crains, ça ne se trouve pas dans une boîte de Crackers Jake…