Brève histoire des épidémies au Québec, Denis Goulet
Pendant mes vacances, je suis passée à travers un bijou de petit bouquin que j’ai trouvé vraiment très prenant et instructif dans ce contexte actuel de pandémie auquel nous sommes confrontés avec la Covid-19. Le genre de thématique bien loin d’être bucolique, qu’on se le dise! Mais dont le principal mérite est assurément de nous aider à mettre les choses en perspectives.
Car vraiment, en lisant ce livre, «Brève histoire des épidémies au Québec, Du choléra à la Covid-19» de l’auteur Denis Goulet, on en vient rapidement à une conclusion! Celle que décidément, on a rien inventé avec nos peurs, nos doutes, nos inquiétudes face au virus! Ni non plus dans la façon dont les autorités entreprennent de légiférer au niveau des mesures sanitaires qui semblent s’imposer au moment où une épidémie, quelle qu’elle soit, frappe une population.
Alors quand on voit tout ce mouvement d’anti-masques qui manifestent à qui mieux mieux en prétextant la défense des libertés individuelles, ou ceux encore qui crient au complot en jurant que la Covid est une invention voulue par Steve Jobs pour nous forcer à accepter la vaccination obligatoire – et/ou l’implantation de puces sous-cutanées et/ou la 5G c’est selon – une seule évidence s’impose. Rien de nouveau sous le soleil puisque face à des épidémies comme le choléra, le typhus, la variole ou encore, la très connue grippe espagnole du début du XXIème siècle, d’autres avant nous ont, aux extrêmes criés au complot ou juré de ne plus jamais sortir de chez eux.
«Les épidémies de variole les plus graves comme celles de 1875 et de 1885 ont donc eu pour effet de catalyser l’hostilité et l’intolérance, latentes ou manifestes, entre classes dominantes et classes dominées et entre autorités coloniales et populations nationales. Il n’est donc pas étonnant que la population ait réagi avec une résistance violente (manifestations, émeutes) à des mesures sanitaires contraignantes, comme la vaccination et l’isolement obligatoires, le placardage des maisons contaminées ou la destruction des bien infectés.» (page 82)
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé découvrir une forme d’histoire du Québec (mais que l’on pourrait retrouver pas mal semblable dans d’autres pays je pense) sous le prisme des épidémies, un angle peu traité en littérature jusque-là je trouve. Car plus qu’une banale leçon d’histoire, j’y ai trouvé un angle sociologique des plus intéressants qui au final, m’a un peu réconciliée avec ce qui aujourd’hui m’apparaît des plus déprimants, soit ce qui semble s’apparenter à une certaine forme d’intolérance généralisée. Ou encore, ces malades qu’on a laissé mourir seuls en ce printemps covidesque, la peur du Covid ayant donné l’impression par moment que la nuance puisse soudainement ne plus exister en rien.
Bref! Un livre que je vous recommande vraiment. Histoire de se convaincre que oui, c’est clair, on finira par voir le bout de la Covid. Comme des autres épidémies de l’histoire.
«Brève histoire des épidémies au Québec, Du choléra à la Covid–19» Denis Goulet, Septentrion, 2020
2 commentaires
Isabelle Frappier
Ça l’air super intéressant! Je note, j’ai bien envie de le lire…
Je suis d’accord avec toi, l’intolérance qu’on vit présentement est pénible; pas facile de vivre en société en temps de crise… On dirait qu’il n’y a plus de nuances possibles: soit on est parano, soit on est complotiste! C’est difficile d’exprimer une opinion sans être étiqueté.
En tout cas, merci pour cette suggestion de lecture!
Marie
Je suis bien d’accord avec toi. Dans le contexte d’incertitude, tout le monde est à cran et peu apte à se mettre à la place de l’autre pour tenter d’élargir sa lorgnette. Mais de savoir que d’autres avant nous sont passés par exactement les mêmes étapes, je trouve que ça apaise. Un jour à la fois, et un peu de douceur! – il n’y a que ça!
Et, j’avoue que certaines anecdotes du livre provoquent un sourire. Comme celle dans laquelle on apprend que les autorités de la ville de Québec, pensant combattre un virus qui selon ce qu’ils pensaient, était causé par l’air ambiant, se sont mis à tirer des coups de canon ! On part de loin à certains niveaux. Mais pas tant sur d’autres. C’est fascinant!