Cachez ce sexe qu’on ne saurait voir
La moitié du monde se conjugue au féminin.
Avec cette phrase, on pourrait m’accuser de faire dans la facilité en écrivant ce qui s’apparente à une banale évidence.
Et pourtant…
En début de semaine, je suis tombée sur un article de L’Express (mais aussi sur un article du Nouvel Observateur) qui racontait qu’en France, une pétition appelait actuellement à censurer une publicité. Dans celle-ci, présentée par Nana, une compagnie de protections sanitaires, on y présente la vulve des femmes à travers différentes symboliques allant notamment du coquillage à l’abricot…
Et O Horreur! Le sang menstruel y est présenté en rouge, plutôt que dans sa représentation bleue habituelle (non mais ils sont allés chercher ça ou eux? Du sang menstruel bleu!)
Bref! Rien pour écrire à sa mère aurais-je envie de dire !
Que Neni! Car la chose à vraisemblablement semblée si scandaleuse et choquante aux yeux de certains qu’une pétition a été mise en ligne pour exiger le retrait de la fameuse pub.
La raison invoquée par les signataires de la pétition en question? « Cette pub montre une image dégradante sur l’intimité de la femme. »
Tu-Me-Niaises ?
En regardant tout ce qui est de nos jours accessible sur internet, l’hyper-sexualisation dans laquelle baignent les jeunes femmes aujourd’hui, la pornographie qu’on retrouve partout, et la culture du viol qui imprègne les séries télé, j’aurais envie de dire, quant à moi, qu’un abricot pour figurer un vagin, c’est clairement de la bleuette sentimentale au rabais. Non mais vraiment! Le genre de symbolique qu’on aurait pu nous présenter dans les années cinquante.
Mais visiblement, même en 2019, la vérité c’est que le féminin c’est tabou. La sexualité issue du regard des hommes (pornographie, culture du viol, etc), c’est Ok. Des pénis partout, même de façon non sollicitée dans nos boîtes mails, personne d’autre que nous pour s’en offusquer. Mais le féminin banalement terre à terre ? Par exemple ce vagin dont la moitié de l’humanité est dotée ? Ou encore, les menstruations, ce rappel mensuel de notre condition d’humaine?
Mon Dieu, tous aux abris ! La fin de la civilisation nous menace!
Le pire, c’est que ce genre de situation, ce n’est pas la première fois qu’on y assiste. En 2017, une publicité de l’entreprise Libra pour des serviettes sanitaires avait elle aussi suscité une marée de plaintes (autour de 600), en Australie. 600, ça peut sembler peu dans un marché comme l’Australie. Mais, dans les faits, ce cas a constitué un record de plaintes cette année-là, bien au dessus des 244 protestations qui avaient été émises suite à la diffusion de la bande-annonce…d’un film d’horreur (Us, de Jordan Peele).
On raconte cette histoire australienne dans ce vieil article du journal Le Monde.
La vérité c’est que tout ce tollé face au corps féminin, ça me donne à moi cette impression de me retrouver dans une cour d’école. Ce lieu ou on ne s’étonne pas de voir des enfants de cinq, six ans s’émouvoir d’entendre le mot « pénis » qui à l’image des « pipi » et « caca » semble leur apparaître comme le comble de l’indicible.
Mais pour des adultes majeurs et vaccinés ? Un peu « Too Much » non ?
Une seule question me vient en tête à moi.
Est-il possible de grandir, au moins un peu, en tant que société ?
Ne me répondez surtout pas !
La réponse pourrait bien m’achever!