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Les vagues
«Si elle avait un cerveau, la vague pourrait se voir unique, indépendante, et d’une certaine façon ce serait vrai: prenez une photo de l’océan en plan large, et choisissez une vague. Regardez bien: parmi des millions, il n’y en a pas deux comme elle, de la même dimension, de la même hauteur, de la même forme, avec les mêmes rides formées par l’eau à sa surface… Elle est absolument unique. Et pourtant, cette vague est indissociable de l’océan, elle constitue l’océan et l’océan la constitue. D’une certaine façon, elle est l’océan. (…) Si je suis une vague, c’est sans doute agréable, valorisant, de me sentir une vague unique, de me…
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Les mots des autres…Le moins fiable de tous les narrateurs
«La vie en soi est le moins fiable de tous les narrateurs. Personne ne sait où va aboutir son histoire ni qui seront les héros qui en feront partie. J’ignore à qui appartient l’histoire que j’ai racontée. Je ne sais pas si c’est la mienne ou celle d’un personnage qu’il me reste à rencontrer. Je ne suis certaine de rien. Tout ce que je sais c’est qu’à tout moment la vie peut me surprendre. Elle va me faire tomber à genoux. Et quand elle le fera, je vais devoir me rappeler que je suis mon père. Et aussi le père de mon père. Que je suis ma mère. Et la mère de…
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Les mots des autres…Mary MacLane et le bonheur
Ce qui me fascine avec les livres, c’est cet itinéraire indescriptible et un peu mystérieux qui semble se dessiner au fil de nos lectures. Un livre semblant nous conduire vers le le suivant. Un peu comme un programme littéraire qui nous serait personnellement destiné… Alors que je suis plongée ces temps-ci dans «Les constellées» de l’auteur Daniel Grenier qui propose rien de moins que de parcourir le monde littéraire féminin depuis des siècles (je vous en reparle très bientôt), j’ai découvert par la même occasion celle qui m’apparaît un peu comme un météorite, Mary Maclane. Une auteure canadienne très peu connue vers l’oeuvre de qui j’ai eu envie de faire…
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Les femmes, la cinquantaine et la liberté d’exister
Avoir 50 ans, je me souviens que lorsque j’étais dans la jeune vingtaine, je voyais ça comme la vieillesse. Aujourd’hui, alors que j’aurai moi-aussi 50 ans dans quelques jours, je réalise que ça a bien changé! Et je suis tellement d’accord avec cette journaliste qui raconte dans cet article sur lequel je suis tombée ce matin que la cinquantaine aujourd’hui, c’est rien de moins qu’une nouvelle liberté pour les femmes. En ce qui me concerne, je le réalise, ma vingtaine je ne voudrais pas la retrouver, même pour tout l’or du monde! Aussi, est-ce en raison d’une plus grande ouverture ce ce moment sur cette question du vieillissement? Ou d’un…
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Pages féminines d’un autre temps…De la vraie nature des femmes
Je suis en ce moment dans la lecture d’un bouquin vraiment fascinant, «Une éducation» de l’auteure américaine Tara Westover. En bref, celui-ci raconte le parcours auto-biographique absolument fou d’une jeune femme née en 1986, en Idaho, d’une famille mormonne. Sans éducation, sans certitude de sa date de naissance parce qu’elle n’a jamais été enregistrée à l’état civil à sa naissance, elle s’est pourtant, et d’une façon incroyable, rendue jusqu’à la célèbre université de Cambridge en Angleterre… J’aurai l’occasion de vous en reparler plus longuement dans les prochains jours. Toutefois, un passage de ce bouquin m’a aiguillée vers le philosophe anglais John Stuart Mill que je n’avais jamais lu jusque là. Et…
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Les mots des autres…Mona Chollet
«J’ai vécu moi aussi immergée dans un monde ou il n’y avait rien de plus réel, rien de plus digne d’intérêt que les livres et l’écriture. Peut-être nos parents nous communiquent-ils parfois des passions si violentes qu’elles ne laissent de la place pour rien d’autre – surtout quand eux-mêmes n’ont pas pu s’y adonner comme ils l’auraient voulu. Peut-être y a-t-il des besoins de réparation qui ne souffrent pas de demi-mesure; qui exigent que l’on trace une clairière dans la forêt des générations et que l’on s’y établisse, en oubliant le reste.» (Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, p.115)
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Les mots des autres…Annie Ernaux
«En ce moment même, dans les rues, les open spaces, le métro, les amphis, des millions de romans s’écrivent dans les têtes, chapitre après chapitre, effacés, repris et qui meurent tous, d’être réalisés ou de ne pas l’être.» (- Annie Ernaux, Mémoire de fille)
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Les mots des autres….Ces histoires que nous forgeons
«Je crois que nous avons désespérément besoin d’histoires, et surtout de celles que nous nous forgeons quand la réalité vacille. Parce que la réalité ne tient debout que si nous lui inventions une beauté.» (-Jean-François Beauchemin)
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Romain Gary, ou lorsqu’on a plus la vie devant soi
«Je me demande si toute ma vie n’a pas été, aussi bien comme romancier que comme changeur de métiers si je puis dire, un effort de ne pas être moi-même. Et le roman le permet. Je souffre de claustrophobie dans ma peau. Je m’enferme chez moi à Majorque pendant l’été et je travaille. Je travaille en général sept à huit heures par jour parce que lorsque je ne travaille pas, je me trouve nez à nez avec moi-même. Je me connais assez, ce n’est pas une compagnie tellement agréable. Travailler c’est devenir des personnages, écrire des romans, devenir quelqu’un d’autre, s’échapper, vivre des vies et des aventures de personnages imaginaires…
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Les mots des autres…De l’art de remplir le vide avec de la peinture ou avec des mots
«Je crois que c’est ça, un artiste. Je crois que c’est quelqu’un qui a son corps ici et son âme la-bas, et qui cherche à remplir l’espace entre les deux en y jetant de la peinture, de l’encre ou même du silence. Dans ce sens, artistes nous le sommes tous, exerçant le même art de vivre avec plus ou moins de talent, je précise: avec plus ou moins d’amour.» (- Christian Bobin, «L’épuisement»)