Ce qui reste après nous
Dans l’avalanche de films auxquels nous avons accès et dont on oublie le contenu presque sitôt vus, il y en a parfois certains qui nous restent en tête, longtemps après le déroulement du générique. Et c’est un peu ce qui m’est arrivé avec ce visionnement du film français «Gauguin, voyage à Tahiti» que j’ai vu récemment.
Si je n’ai jamais été particulièrement attirée par l’oeuvre de ce peintre dont les peintures ne sont jamais parvenues à me toucher, n’en demeure pas moins que le personnage, lui, m’apparaît aujourd’hui comme le symbole ultime du parcours un peu tragique.
L’homme est mort en mai 1903, seul et dans le plus grand dénuement, sans avoir jamais pu vivre de son art. On a beau questionner le fait que Gauguin ait choisi d’abandonner femme et enfants pour s’exiler à Tahiti ou, le moins que l’on puisse dire, il manifesta un goût avéré pour les toutes jeunes filles de 13-14 ans, la vérité c’est que ses peintures sont aujourd’hui parmi les plus chères au monde. À preuve, son tableau «Quand te maries-tu» qui aurait été vendue en 2015 à un acheteur anonyme pour la modique somme de 450 millions de dollars (Bon ! Ailleurs je lis que ce serait 300 millions mais bref! C’est énorme !)! Une notoriété dont il n’aurait même jamais pu imaginer l’importance qu’elle prendrait dans le monde de l’art, de son vivant. Surtout que cette même peinture aurait été vendue pour presque rien au moment de la mort de l’artiste en mai 1903, à peine 7 francs…
Et qu’on se le dise! Ce qui pour un homme de l’époque pu sembler être le signe d’un esprit libre – tout quitter pour vivre de son art – on ne l’aurait jamais pardonné à une femme! À titre d’exemple, mon arrière-grand-mère dont j’ai souvent parlé ici et qui, en 1928 a tout quitté – mari et enfants – pour venir vivre dans le Red Light montréalais. Elle est décédée dans la solitude la plus totale à la fin de 1953. Il faudra trois mois pour que son frère vienne de Québec, disposer du corps de Lucienne qui avait été laissé à la morgue. Et qui fut mis dans une fosse commune…. Parce qu’une femme qui abandonne tout, pour des raisons dont on ne saura vraisemblablement jamais les tenants et aboutissants, c’était à l’époque et c’est sans doute toujours, l’équivalent du diable.
Presque soixante-dix ans après sa mort, on ne prononce toujours son nom que du bout des lèvres…
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En visionnant ce film sur Gauguin, je me suis faite cette réflexion qu’alors que nous passions dans certains cas une grande partie de nos vies à réfléchir à la trace qu’on laissera derrière nous, la vérité c’est qu’on ne peut pas savoir.
Et je me demande! Gauguin s’est-il dit, au moment de son dernier souffle, qu’il avait raté sa vie ? Qu’il avait finalement consacré son existence, abandonné les siens, et souffert seul – presque indigent à certains moments de sa vie – pour pas grand chose finalement ?
Si c’est le cas, j’y vois la preuve un peu tragique qu’on est probablement les plus mal placés au monde pour juger de notre propre vie. Et de l’importance de nos actes.
On ne sait pas toujours pourquoi on fait les choses. La seule certitude étant sans doute celle de les faire.
Un commentaire
Yasmine Djelfaoui
Hey Lady Mary 😉
Merci pour cette publication et voici la mienne à la suite de ton article (tu m’as inspirée) car ce sujet de l’abomination qu’est la pédophilie me touche personnellement : https://yasminedjelfaouiperso.blogspot.com/p/lhomme-et-la-femme-celebres-sont-pour.html
Bonne journée/soirée/nuit 🙂