Chroniques du hasard, Éléna Ferrante
Vous connaissez l’auteure Italienne Elena Ferrante? Sinon, vous manquez quelque chose! Car si de son « Amie prodigieuse« , série au succès sans fin, je n’ai vu que la version télé (que j’ai adoré!), voici que je suis tombée sur rien de moins qu’un petit bijou, tout frais sorti en librairie. « Chroniques du hasard » que j’ai découvert moi aussi par hasard, en ne cherchant rien de précis, comme ça m’arrive bien souvent!
Donc c’est quoi exactement ces « Chroniques du hasard » ? Comme le titre l’indique, on parle de chroniques, toutes courtes, souvent ne dépassant pas deux pages, réunies dans un petit recueil. Chacune traitant des sujets les plus divers.
À l’automne 2017, l’auteure reçoit ainsi une demande un peu particulière de la part du quotidien Britannique The Guardian: soit d’offrir, de façon hebdomadaire, une chronique aux lecteurs. Ces chroniques sont d’ailleurs toujours en ligne, dans leur version originale, sur le site du journal.
L’auteure, d’abord inquiète parce que n’ayant jamais vécu ce genre d’expérience soit écrire de courts textes, fini néanmoins par accepter mais sous quelques conditions. D’abord que la rédaction lui fournisse une liste de questions auxquelles elle pourrait répondre au fil du temps. Mais aussi, que l’expérience ne dure pas plus d’un an. Deux conditions que l’équipe du Guardian s’est bien sur empressée d’accepter.
L’expérience a donc donné cette série de chroniques aujourd’hui rassemblées en un recueil duquel on pourrait tout aussi bien choisir de lire les textes dans l’ordre comme dans le désordre, puisque ça couvre les sujets les plus divers. On trouve ainsi des chroniques traitant de la nationalité linguistique, de la maternité, en passant par les mensonges, les enfances heureuses, l’écriture, les congés, le fait de tenir un journal intime, de se dire oui pour toujours, de mourir jeune. Mais aussi, des éclats de rire, du récit masculin du sexe, du mal-être, du plaisir d’apprendre, etc.
Pour ma part, quelques textes et passages ont résonné de façon un peu plus particulière. Notamment le texte intitulé « Les odieuses » dans lequel l’auteure parle du fait qu’elle a pris le parti de ne jamais dire du mal d’une autre femme, et cela, même si celle-ci l’pourrait l’avoir offensée de quelques façons. Cela parce qu’expérimentant elle-même tout ce qu’implique la condition féminine, elle sait qu’aucune femme ne parvient au bout de sa journée sans un effort intense et exaspérant…
«Nous sommes toutes profondément marquées par une manière d’être au monde qui, même lorsque nous la revendiquons comme nôtre, est empoisonnée à la racine par des millénaires de domination masculine»… «Tout, absolument tout, a été codifié en fonction des nécessités masculines, jusqu’à nos sous-vêtements, nos pratiques sexuelles ou la maternité.» (page 40)
D’ailleurs, et c’est là ma réflexion personnelle, j’ai trouvé dans le discours de Ferrante sur le féminin une certaine parenté idéologique avec Tara Westover et son si merveilleux livre «Une éducation» (dont je vous ai d’ailleurs parlé récemment). Car lorsque Ferrante écrit «Aujourd’hui encore, après un siècle de féminisme, nous ne parvenons pas à être nous-mêmes jusqu’au bout, nous ne nous appartenons pas pleinement», j’ai comme eu l’impression d’entendre une certaine forme de résonance avec la voie Westover qui écrivait un peu la même chose. Soit qu’après des milliers d’années de programmation sur la façon dont les femmes devraient se comporter, nous ignorons au fond toujours ce que c’est fondamentalement d’être une femme…
Bref, définitivement dans son ensemble un bouquin qui à mes yeux, vaut largement le détour. Et que j’offrirai certainement autour de moi prochainement.
Vous l’avez lu? Qu’en avez-vous pensé?
***
Vous aimez mes billets ? N’hésitez pas à les partager sur vos réseaux sociaux. Ma maison est grande, il y a de la place pour la visite !