Chûte libre au coeur des abîmes
«Chaque homme est un abîme, on a le vertige quand on se penche dessus» (-Joseph Joubert)
Qui suis-je ?
Quelle place prend mon besoin d’écrire ? Et est-ce que j’existe au delà des mots ? De ces signes jetés sur du papier comme une tentative désespérée d’exister ?
Comme le ferait le Petit Poucet, lui aussi pour retrouver son chemin…
La création, je pense, est cet espèce de phénomène par lequel nous devenons absent. À ce qui nous entoure mais à soi même aussi…
Un peu!
Comme dans un miroir dans lequel nous cesserions soudainement de nous refléter.
Aussi, qui suis-je au delà de tous ces mots ? De tous ces signes jetés sur du papier comme une trace de moi même que je m’acharnerais à poursuivre inlassablement ? Dans une tentative presque désespérée de prendre place dans l’espace.
Faute de n’être pas parvenue à prendre place dans ma propre vie.
Et de l’habiter.
Prise entre ce réel que je ne peux ignorer et mon monde parallèle, niché aux plus profonds de mes failles et qui m’aspire inexorablement…
Monde imaginaire qui me condamne à ce perpétuel sentiment d’être sur une corde raide.
Écartelée.
Aux limites du réel. Et de moi même.
Incapable d’être totalement ni dans l’un. Ni dans l’autre.
Déchirée et constamment en déséquilibre…
6 commentaires
Avalon
Ton merveilleux texte me rappelle un peu le livre que je suis en train de lire « kafka et les jeunes filles ». Son besoin d’écrire était tellement prégnant qu’il régentait même ses relations amoureuses : il prenait toujours de la distance, écrivait mille lettres aux élues en se/les tourmentant de mille et un questionnements. Le besoin d’écrire a un côté diabolique, addictif, c’est certain 🙂
J’aime beaucoup ce texte, il fait écho en moi 🙂
http://www.vagabondelitteraire.blogspot.com
Marie
Merci Avalon 😉 En fait, j’ai écrit ce texte après avoir écouté un documentaire sur la création au féminin et la maternité. Ce que ce lien à la maternité amène de différent dans la façon de créer des femmes, versus celle des hommes. C’était vraiment fascinant ! Clairement, la création (quelque en soit le moyen: écriture, peinture, etc) a un petit quelque chose d’addictif et de frustrant en même temps, surtout lorsque ça ne vient pas comme on le voudrait 😉 Mais enfin, ça fait partie du plaisir !!
Une bonne journée à toi !
Marie
Étoile
Pour le peu que j’ai écrit,je me souviens que c’était très prenant.L’écriture m’habitait tellement que j’en oubliais de me coucher le soir.J’avais beaucoup de difficulté à vivre dans ma vraie vie.Je n’étais pas une très bonne oreille pour les autres.Par contre je n’ai jamais regretté l’écritureça m’a apporté beaucoup de positif.J’écris encore mais seulement pour moi.J’ai eu la piqure des mots.J’écris mes rêves,mes états d’âme,sur des blogues hihi etc…Je vois mon fils parfois qui est dans sa bulle et je le comprends.Il a un côté artiste et écrit ses chansons. Des fois il en écrit plusieurs de suite et peut aussi être des mois sans rien sortir.Des fois il en met de côté pour les retravailler plus tard.Quand je vois une artiste comme Linda Lemay qui a une si belle plume et qui écrit ses chansons avec une vitesse surprenante,il faut dire que c’est plutôt rare.J’adore Daniel Bélanger,il se fait très discret pendant des mois des années,il écrit.Et quand il sort un album c’est merveilleux de qualité.Mais chaque écrivain quel que soit le domaine d’écriture ,fait son propre cheminement.L’important,selon moi est le résultat final pour soi et non pour les autres. Je te souhaite un beau et bon voyage malgré les hauts et les bàs que tu vas avoir sur ta route.Bonne soirée chère Marie.
Marie
Bonjour Étoile ! C’est tellement vrai que lorsque on commence à écrire, ça devient une nécessité. Peu importe que ce soit pour soi ou pour un livre ! C’est presque « hygiénique » à certain moments ! Mais comme tu le dis, l’important c’est de le faire d’abord pour soi. Peu importe le temps que ça prendra !
Bonne journée à toi !!
Marie
Gwen
Bonjour Marie
oui la création peut aussi jaillir plus intensément quand on se penche sur la faille, en équilibre entre le réel (dont elle nous éloigne) et notre monde intérieur (imaginaire?) c’est aussi ce mouvement de balancier qui nous permet peut être d’avancer, même si la frustration et le sentiment de culpabilité quand le réel devient trop lointain, sont au rendez-vous.
Bises Marie et bonne création 😉
Marie
Bonjour Guen ! Je pense que tu as peut-être raison en disant que la frustration vient sans doute de cet éternel va et vient entre le réel et l’imaginaire intérieur. Mais il y a peut-être aussi un peu du fait que cette attirance pour l’imaginaire est un peu culpabilisante dans la mesure ou cet imaginaire peut sembler un peu futile face au réel, à certains moments. Et puis, pour entrer dans l’imaginaire de plein pied, c’est tout à fait vrai qu’il faut accepter de nourrir ses démons intérieurs (ou failles), des bêtes bien gourmandes ! Ça contribue grandement à l’écriture. Même si dans le réel, nous préférerions sans doute leur faire la peau à ces démons et ne plus jamais en parler ! C’est un paradoxe il me semble mais ça contribue très certainement au fait de se sentir constamment comme sur une corde raide, en déséquilibre.
Bonne journée à toi !!
Marie xx