Comme un battement de coeur
Il y a quelques semaines, je suis tombée sur facebook sur une blague qui m’a fait sourire. En anglais, ça disait à peu près ceci: Je voudrais annuler mon abonnement pour 2021. Voyez-vous, j’ai expérimenté mes premiers dix jours gratuits et vraiment, je vous dirais que ça m’intéresse moyen.
Mon Dieu! Si seulement ça fonctionnait comme ça n’est-ce pas?
La vérité c’est qu’il y a quelques semaines déjà que 2021 est commencée. Et déjà, un peu comme la neige qui recouvre aujourd’hui tout de blanc ma ville, on a tous déjà un peu enterrée cette idée que «nouvelle année» puisse réellement signifier le début d’un temps nouveau. Un peu comme sous l’effet de quelque phénomène magique par exemple. Ou encore, comme je l’ai fait il y a quelques jours, en recouvrant entièrement de blanc une toile que je venais de peindre et que je jugeais plutôt ratée à mon goût…
Ni vue, ni connue celle-là!
Vraiment! Si seulement ça fonctionnait comme ça, disions-nous!
Parce que la beauté de la chose avec la peinture, contrairement aux nouvelles années, c’est que sur la toile, il est toujours possible de recommencer à zéro.
Et merci, bonsoir! Ça n’existe plus.
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Ce long préambule pour en venir au fait qu’outre cette évidence que je me sois remise à la peinture récemment, une activité que j’avais rangée au placard depuis au moins vingts-cinq ans il faut le dire, j’essaie en ce début d’année de réanimer ma créativité. Parce que dans ma vie, la créativité c’est pas mal toujours ce qui m’a permis de passer à travers pas mal tous les tours et détours de mon existences.
Et, en reprenant mes pinceaux pour expérimenter le pouring, une technique découverte par hasard sur Pinterest, j’ai eu comme une révélation. Celle que la peinture – outre le fait qu’il soit ultra-satisfaisant de tenir en main un chalumeau – c’était probablement la meilleure façon de réapprendre à apprécier les surprises et autres effets inattendus de cette mixture qui coule, se mélange et dégouline. Plus ou moins au hasard. Technique qui étonnamment, trouve une signification toute particulière je trouve quand on la juxtapose à une pandémie par exemple. Parce que des surprises, la dernière année nous en aura certainement réservé tout un lot, c’est le moins qu’on puisse dire.
Bref! Parce que cette idée de «page blanche» résonne particulièrement pour moi par les temps qui courent, alors que nous sommes pas mal tous isolés, un peu comme une araignée prise dans un filet inextricable, ça m’a amenée à me questionner sur deux ou trois choses.
Par exemple ?
Des questions sur la façon dont j’ai toujours rempli ma vie jusqu’ici, un peu étonnamment sans me poser la moindre question. En courant la plupart du temps, jour après jour. Pour aller au boulot. Pour en revenir. Pour gérer la maison, ma vie, celle des autres. Pour dormir même. Parce que vous savez, demain ça vient vite n’est-ce pas ? Et puis à travers cet «essentiel du quotidien», toutes ces petites choses qui l’étaient pas mal moins elles, essentielles. Mais dans lesquelles je mettais néanmoins la même énergie que s’il se fut agit d’une question de vie ou de mort. Sans distinction.
Et, parce qu’on ne dispose que de 24 heures par jour, et bien les projets personnels ce sera pour quand j’aurai le temps. Avant ma mort, si j’ai un peu de chance.
Bref! Après des mois de pandémie, je commence probablement tout juste à réaliser ce qui est peut-être le plus important. Soit que c’est fort probablement ce «trop», bruyant et prenant toute la place pendant trop longtemps qui rend si étourdissant le vide abyssal imposé actuellement par la Covid. Un minuscule virus capable de virer la planète sans dessus dessous et, de nous mettre tous à genoux en un clignement des yeux…
Presque un an que ça dure. Et encore aujourd’hui, ce sentiment de tournis, comme si je me tenais, dans un silence assourdissant, au bord d’un précipice sans fond.
Alors je me concentre sur la seule chose qui soit à ma portée. Et pour laquelle le temps ne soit pas le moindre des avantages…
La peinture et les effets dont elle est capable.
Car qui sait ce qu’il ressortira bientôt de cette mixture pour le moment sans forme et sans couleur…
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Je relis ce billet et je réalise que même ce billet aura suivi ses propres règles. Racontant autre chose que ce que j’avais planifié de raconter.
Comme quoi…