Conjugaisons

Photo: IStock

Petit matin. Seule dans ce moment indéfini qui n’appartient déjà plus à la nuit.

Ni encore au petit matin…

Dans quelques instants, j’entendrai «palpiter» les pas de mon fils à l’étage. Mais pas encore.

Pas tout de suite…

Pour l’instant, demeurer un moment encore seule avec mon esprit encore plein de cet aube naissant qui me laisse percevoir la réalité sous une lumière différente…

Et tenter de conjuguer ma vie. Un peu comme si j’en connaissais tous les temps…

De me composer un passé qui ne soit pas déjà déterminé. Ou dé-composé. Et un futur qui me soit simple...

Hypnotisée par les aiguilles de l’horloge qui semblent tricoter les secondes, puis les minutes… dans ce mouvement perpétuel qui trouvera le moyen de persister, longtemps encore après moi, je me perds dans le flot incessant de mes pensées qui dérivent…

Et puis, comment écrire sa vie au « Je » quant le « Nous » familial est un champs de mines mille fois bombardé ?

Comment dire « Tu » alors que le « Je » ressemble à ces étrangers à côté de qui nous passons des centaines de fois tous les jours, sans jamais les voir ?

Comment exister alors que nous sommes parfois pour nous-même comme ces amants de passage dont au petit matin, nous auront oublié le nom ?

Inconscient de nous-même.

Invisible aux autres.

Seul.

Mais voilà que le jour se lève. Et avec lui, cet espoir d’un plus-que-parfait.

Sinon de façon impérative. Du moins de façon conditionnelle…

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