Constellation, Adrien Bosc
Samedi dernier, profitant de la manne d’événements littéraires offerts par le Métropolis Bleu, j’ai participé à un petit déjeuner au cours duquel l’écrivain français Adrien Bosc, auteur d’un premier roman, Constellation, très remarqué depuis sa sortie l’automne dernier, était présent pour parler de la question de savoir si vraiment, l’Histoire, celle avec un grand H, avait de l’imagination…
Une belle découverte que cet auteur que je ne connaissais pas. Et dont le roman a occupé mon weekend qui, clairement, l’était déjà pas mal !
Le 27 octobre 1949, l’avion F-BAZN d’Air France Constellation décolle de Paris avec à son bord, parmi d’autres passagers, Marcel Cerdan, boxeur-vedette de l’époque et amant d’Édith Piaf ainsi que la célèbre Ginette Neveu, violoniste prodige de tout juste trente ans, de retour d’une tournée en Europe. Aucun des 48 passagers, dont 11 membres d’équipage, ne se rendra à destination de New-York, le destin ayant visiblement d’autres projets alors que l’avion s’écrase au-dessus des Açores.
Au-delà des célébrités ayant eu la malchance de se trouver sur ce vol, l’auteur part dans son livre du postulat que ce sont ici 48 romans individuels, ces histoires d’anonymes oubliés jusque-là. Parmi eux, une bobineuse qui se rend aux États-Unis retrouver une tante, dans le genre fée-marraine, qui vient de la faire seule héritière de sa fortune, le créateur des produits dérivés de Disney, cinq bergers basques partis chercher fortune au Far-West, un mari parti se réconcilier avec cette femme d’avec qui il avait divorcé un mois plus tôt à Reno, un journaliste québécois et sa mère, héritière d’une usine de bas nylon, une française rétablie d’un grave accident qui avait failli la laisser pour morte, un peintre, le rédacteur en chef du journal Les dernières Nouvelles d’Alsace, le manager de Marcel Cerdan et quelques autres dont on découvre les destins, brièvement entrecroisés, comme autant d’étoiles formant cette constellation qui entre en collision avec la destinée.
Ce qui m’a personnellement fascinée dans ce livre c’est qu’au-delà du fait de se voir raconter en détail, presque minute par minute, les circonstances de ce crash devenu légendaire, l’auteur pose la question de ce qu’il appelle les «hasards objectifs» qui guident nos vies. Ces décisions qui ont des conséquences qu’on ne peut soupçonner au premier abord. Prendre à droite ou à gauche. Prendre cet avion ou attendre le prochain. Mais aussi de se demander pour qui sonne le glas. D’ailleurs à ce titre, autant dans son livre que lors du petit déjeuner, l’auteur s’est amusé à citer Édith Piaf qui justifiait ainsi sa peur des avions:
«Ce n’est peut-être pas mon heure, mais si c’était l’heure du pilote?» (Édith Piaf)
Vraiment, belle découverte en ce qui me concerne !