Dame Sei Shōnagon et la liste élevée au rang de grand art
Des listes, si vous êtes comme moi, vous en avez écrit de toutes les sortes au cours des années n’est-ce pas ?
Des listes d’épicerie. De course. De cadeaux. Des «To-Do». Des listes de souhaits. De questions à poser. D’amis de qui ne pas oublier l’anniversaire. D’invités à votre mariage. De chansons à écouter. De films à voir. De pays visités ou à découvrir…
Parce que la vérité c’est que lorsqu’il est question de listes, on en trouve vraiment pour tous les goûts et de tous les genres.
À la limite, je me suis toujours dit que dans le fait de faire des listes, il y avait là quelque chose de zen. Jusqu’à un certain point, une façon de se vider la tête.
C’est pourquoi j’ai été assez fascinée le weekend dernier de découvrir qu’en fait, vous comme moi, nous n’avions vraiment rien inventé avec toutes nos belles listes nous permettant de gérer nos vies de fous avec la grâce d’une pieuvre à douze mains.
Samedi dernier, j’assistais au premier d’une série de cinq ateliers d’écriture auxquels je me suis inscrite. Inutile de vous dire, je pense, que c’est là un vrai cadeau que je me suis fait !
Quoi qu’il en soit, c’est au cours de ce premier atelier que j’en entendu parler pour la première fois de la «Queen» des listes: Dame Sei Shōnagon.
Mais que je vous la présente.
Dame Sei Shōnagon, dame de cour japonaise pendant les années 990 et au début du XIième siècle, elle fut la première à élever la liste au rang de genre poétique, rien de moins que du grand art. Dans ses «Notes de chevet», elle en écrivit rien de moins que 78.
À travers ses fameuses listes, Dame Sei Shōnagon aborde tour à tour les choses qu’elle aime ou déteste, ce qui l’émeut ou la désole, ce qui fait battre son coeur tout aussi bien que les choses qu’il ne vaut pas la peine de faire.
Par exemple:
«Choses qui font battre le cœur :
Des moineaux qui nourrissent leurs petits
Passer devant un endroit où l’on fait jouer de petits enfants
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée d’encens
S’apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni
Une nuit où l’on attend quelqu’un
Tout à coup, on est surpris par le bruit de l’averse que le vent jette contre la maison»
Ou encore?
«Choses que l’on ne peut comparer :
L’été et l’hiver
La nuit et le jour
La pluie qui tombe et le soleil qui brille
La jeunesse et la vieillesse
Le rire et la colère
Le noir et le blanc
L’amour et la haine
La renouée et l’arbre à liège
La pluie et le brouillard
On n’aime plus une personne, c’est toujours la même, et il vous semble cependant que c’est une autre»
Bref! La liste, elle l’a apprêtée à toutes les sauces de l’époque.
Aussi, je me suis dit que ce serait intéressant d’ajouter à mon blogue ce procédé. Histoire de stimuler ma créativité. De me vider la tête.
Et qui sait? Peut-être aussi, vous inspirer vous aussi un peu.
Alors je vous invite à les surveiller ces billets que je classerai dans une nouvelle catégorie intitulée «Mon inventaire».
J’espère que vous vous laisserez prendre au jeu. Et qu’à travers vos commentaires, vous viendrez y ajouter votre grain de sel.
Rien ne me ferait plus plaisir ! Et je vous le confirme, je n’ai pas besoin de liste pour savoir ça !