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Doutes, magie et hasard

Crédit: IStock

Ces temps-ci, clairement les infos n’ont rien de réjouissantes et lire le journal s’avère probablement la pire chose à laquelle nous puissions nous adonner lorsque nous nous retrouvons le moral ne serait-ce que légèrement en dessous de zéro.

Dehors, il fait froid. Les commerçant nous bombardent de publicités dans le but avoué de nous voir nous lancer dans de folles dépenses supposées nous garantir un Noël de rêve, tentant de nous faire croire que la chose a tout ce qu’il faut pour nous remettre d’aplomb.

Un peu comme si c’était là «la» recette magique à tous les maux !

N’empêche ! J’ai fait le pari cette année que je ne me laisserais pas emporter par ce tourbillon de folies qui laisse toujours mon budget sur le carreau. Car une fois l’année définitivement terminée, la nouvelle année reprend ses droits et nous, nous retrouvons invariablement devant un mur…

Un peu déçus que les fêtes n’aient finalement rien eu à voir avec ce qu’on tente de nous vendre dans les magazines…

*****

Ce matin, alors que je me suis retrouvée dans un métro bondé (comme c’est d’ailleurs le cas tous les matins!), j’ai eu l’espace d’un instant un aperçu de ce qui me semble généralement tellement manquer décembre venu: la générosité.

8:00, ligne verte du métro de Montréal. Un guignol, semble-t-il (ou peut-être était-ce un lutin?), déterminé à attirer l’attention d’un maximum de personnes sur la sienne, a décidé de marcher sur les voies du métro, perturbant du coup le service en entier.

Comme c’est le cas chaque fois qu’une telle situation se produit dans le métro, certains passagers ont décidé de sortir tout de suite alors que d’autres, attendaient, collés les uns sur les autres comme si leur vie en dépendait. Je l’avoue, j’ai été de ceux-là! Tiraillée entre mon désir de sortir de ce qui semblait de plus en plus destiné à devenir un four tellement la chaleur commençait à se faire intense. Et cette crainte de voir le métro repartir sitôt que j’aurais mis un pied dans les escaliers…

Chanceuse comme je suis, je me suis dit que c’était probablement ce qui avait le plus de chance de se produire !

Cinq minutes. Dix minutes. Puis quinze ! Un moment pendant lequel par instants, je laissais mon esprit vagabonder comme pour tenter d’oublier toute cette masse de personnes autour de moi qui empiétait sérieusement sur ma bulle! Réfléchissant, comme c’est devenu une habitude, à ce livre sur lequel je travaille actuellement sur mon père. Un projet pour lequel, hélas, je suis continuellement envahie de doutes et de remises en questions (ais-je la talent pour écrire un livre ? Est-ce que ça va intéresser quelqu’un ? Et si c’était tout simplement pourri ? Et pire encore, si je perdais tout simplement mon temps avec ce qui ne mènera peut-être jamais nulle part?)

Et puis ?

C’est à ce moment, l’esprit tiraillé entre mes questionnements «existentiels» et l’attention portée sur les éventuelles annonces sur l’état du métro, que j’ai décidé de faire ce qui m’a alors semblé être un «acte de foi».

Parenthèse ici ! J’ai, depuis des lustres, cette habitude que j’avoue rarement. Parfois, dans les moments de doutes, incapable de trancher, je me retrouve comme à jouer aux dés avec le hasard. Plus jeune, ça pouvait ressembler à «S’il m’appelle avant ce soir, c’est que je suis en affaire !» Aujourd’hui, alors que j’ai pourtant passé l’âge de me raconter des histoires, ça prend parfois la forme de «Si un taxi se présente au moment ou je sors, c’est que la réponse à ma question est oui» (peu importe la question, c’est cela qui est génial 😉

Je sais, c’est idiot. Mais c’est la seule chose que j’ai trouvé qui me permette de mettre un pied devant l’autre dans les moments de doute. Et surtout, de passer outre le moment de paralysie que l’incapacité de trancher occasionne trop souvent.

Bref ! Bloquée dans le métro, en train de suffoquer dans mon manteau d’hiver, prise en étaux entre des dizaines d’autres passagers, en train de réfléchir, et à mon livre, et au moyen de me sortir de là, j’ai succombé à cette habitude dont tout scientifique critiquerait très certainement le caractère aléatoire…

Et je me suis dit: «Je prends le risque de sortir du métro. Et si dans ce coin très mal desservi par les taxis, j’arrive contre toutes attentes a en trouver un en moins de cinq minutes, c’est que mon père est avec moi et que je dois l’écrire ce foutu livre !»

Vous voyez le principe ? L’art de répondre à deux questionnements existentiels au moyen d’un événement complètement sans rapport ! (et sans grande importance réelle finalement, j’en ai bien peur !)

Je le répète: je sais que c’est un peu idiot de croire à ces idioties! N’empêche ! C’est un peu comme se faire faire les cartes j’imagine ! Parfois, on a des réponses et on se dit que c’est une méthode géniale pour savoir quoi faire. Lorsque ce n’est pas le cas, on se dit que ce sont des bêtises sans conséquence.

*****

C’est ainsi que je me suis retrouvée dehors, parmi des dizaines d’autres passagers déconfits qui attendaient eux aussi, les uns un autobus qui les mèneraient quelque part, les autres tentant de héler un taxi. 

Bref !  Bien loin de la situation idéale pour que ma méthode fasse ses preuves!

C’est à ce moment que je me suis retrouvée à discuter avec une jeune fille, étudiante à McGill qui justement ce matin, était attendue pour son examen final de fin de session… Et qui commençait sérieusement à stresser à l’idée de ne pas arriver à temps ! Je lui ai donc proposé de partager l’éventuel taxi sur lequel nous pourrions jeter notre dévolu !

C’est à ce moment également, après avoir tenté de héler un ou deux taxis, en vain, que nous avons vu, un peu plus loin, une voiture s’arrêter. Un taxi sur lequel nous nous sommes littéralement jetées avant de réaliser qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Un homme d’une cinquantaine d’années je dirais, peut-être avocat selon son allure. Et qui nous a généreusement offert de partager son taxi.

Contre toutes attentes et généreusement!

Un peu comme dans un film, le chauffeur de taxi, probablement haïtiens, y est allé d’un «Que Dieu vous bénisse monsieur pour votre générosité !»

Comme quoi, je me dis qu’il arrive que des choses totalement improbables se produisent néanmoins. Contre toutes attentes. Et au delà de la plus folle des imaginations !

Avant de descendre, j’ai remis ma part de la course à la jeune fille après que l’homme l’ait d’abord refusée. Lui souhaitant à elle bonne chance pour son examen, et le remerciant lui chaudement !

Je suis arrivée au bureau, le sourire aux lèvres, en me disant que finalement, c’était peut-être bien plus cela la magie de Noël que les magasins bondés nous promettant le Klondike de la consommation.

Ces petits actes de générosité complètement imprévus, non calculés, gratuits. Partagés avec des gens que nous ne reverront fort probablement jamais.

Ces petits événements qui eux toutefois, ne feront jamais la une des nouvelles !

En ce qui me concerne, ça a fait ma journée au point d’avoir envie de le partager ici ! Et je me suis dit que j’avais probablement maintenant un objectif incontournable: écrire mon livre ! Malgré les doutes. Sans penser aux «Pourquoi?» et «Pour qui?»

Peut-être juste parce qu’il doit être écrit.

2 commentaires

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