Écrire,  littérature,  roman

Écrire comme on respire

Photo: Paris Match (Simenon écrivant l’un de ses romans)

Mais comment font-ils, ces écrivains qui parviennent à écrire comme ils respirent ? Au quotidien, un nombre incalculable de pages….

Vous savez ? Un peu comme la très connue Amélie Nothomb qui publie bon an mal an son livre. Bien qu’au passage, elle ait déjà avoué en entrevue en écrire quatre par année pour n’en publier qu’un seul…
 
Et puis Simenon, cet autre auteur, Belge lui aussi mais décédé dans son cas, qui a néanmoins eu le temps au cours de sa vie d’écrire…192 romans et 158 nouvelles.

De la pure folie, aurais-je envie de dire !
 

C’est pourquoi, lorsque je suis tombée sur cet article de la chronique littéraire de Slate, je n’ai pu faire autrement que de m’y intéresser, alors qu’on y parle d’une entrevue donnée il y a longtemps par Simenon au Magazine Paris Match dans laquelle il parlait justement de sa « méthode » pour écrire de façon aussi prolifique. En fait, l’entrevue en question était issue d’une série d’entretiens diffusés à la radio tous les vendredis et dans lesquels l’auteur livrait les secrets de sa création. Douze entretiens de 400 questions, tous enregistrés en une seule journée ! 

« Tout commence, dit le romancier, lorsque je me sens mal à l’aise dans ma peau. » Un jour, il devient grognon, « pas content » de lui-même — « comme une chatte qui miaule en frottant les murs ; alors je ne m’y trompe pas, je suis en besoin d’écrire. » (Paris Match)

Tel qu’il le raconte dans cette entrevue, les «symptômes» étant assez clairs, tant pour lui que pour son entourage, Simenon entame alors chaque fois une série de dix étapes, passage obligé de chacun de ses écrits.

Puis, venait le moment de choisir un état civil à ces inconnus, Simenon détenant une collection assez impressionnante d’annuaires de tous les pays dans lesquels il se mettait alors à rechercher environ trois cents noms qu’il recopiait. Pendant plus ou moins une heure, il pouvait alors marcher dans son bureau, lisant les noms obtenus à voix haute, « les vérifiant avec l’image du personnage. Soudain l’un d’eux apparaît définitif ». 
 
Ensuite, l’auteur inscrivait sur une enveloppe jaune de format commercial le nom, l’âge, les coordonnées, le nom de sa femme, l’âge de celle-ci, le nom de leurs enfants et ainsi de suite. Puis, il se mettait à la tache de dessiner le plan de leur maison. « parce que je dois savoir quand mon héros rentre, s’il pousse la porte à gauche ou à droite et sur quelle vue donnent les fenêtres. »

«A ce stade de l’opération, le romancier se pose une question qui aurait enchanté Balzac : «Étant donné cet homme, l’endroit où il se trouve, sa profession, sa famille, que peut-il arriver qui l’obligera à aller au bout de lui-même ? » Il s’agit de jouer le Destin, de donner à une vie le coup de pouce qui crée le drame. Deux ou trois heures suffisent à échafauder la situation.» (Paris Match)

Et c’est ainsi que dans cette série d’entretiens tout à fait fascinants, on retrouvait toutes ces étapes qui devaient mener invariablement à ce roman achevé et qui avait été écrit en tout au plus une dizaine de jours. 

Quant à moi, bien que ce genre de méthode m’apparaisse un peu ésotérique dans cette façon de répéter de façon invariable un processus comme s’il s’agissait d’une recette, tout cela vient néanmoins un peu confirmer cette idée qui a commencé à germer en moi depuis quelques temps. Soit qu’il deviendra inévitable pour mener mon projet d’écriture à terme que je me retire. Que je m’éloigne de tout, la maison, la famille, la vaisselle à laver et les lits défaits pour me réserver une retraite d’écriture. 

Ce lieu ou il n’y aura que moi, mon écran et les chapitres qui défilent… Sans interruption.

Juste pour voir ce que ça donnera. Et avec ce besoin d’au moins voir quelque chose d’écrit. De complet et d’achevé. Peu importe qu’au bout du compte, je trouve le résultat pourri ou nul.

2 commentaires

  • Étoile

    Ton questionnement est bien normal Marie.La routine est parfois trop envahissante pour se trouver du temps pour écrire. J'ai animé des fins de semaine de trois jours et avant j'avais dû préparer mes écritures. Je travaillais quand mon fils dormait le soir,jusque tard dans la nuit.Où très tôt le matin avant qu'il se réveille.Au début on m'avait mis un temps limite de 5 mois.Je me sentais bousculée et irritable.J'ai décidé de me rspecter dans ma « vitesse » d'écriture. J'ai pris une année complète et plusieurs fin de semaines isolées dans un centre de villégiature tenu par des religieuses près d'un beau lac.Je n'avais qu'à écrire rien d'autre.Je savais mon fils bien entouré.Je n'avais rien d'autres à faire que d'écrire.Je trouve que j'ai été bien chanceuse de pouvoir m'éloigner de la maison.J'avais trop de choses à voir à la maison pour me sentir pleinement libre d'écrire à mon goût.J'ai une amie qui écris partout,au restaurant,en voyageant en autobus,en attendant à un rendez-vous…Je la trouve bien chanceuse.Tu va aussi trouver ta façon à toi pour te placer dans une bonne ambiance d'écriture.C'est ce que je te souhaite chère Marie. Bonne fin de journée et merci.

    • MARIE

      Bonjour Étoile ! C'est drôle que tu parles de fin de semaines d'écriture… J'ai moi même pensé à planifier des genres de « retraites » d'écriture. C'est vrai que ce doit être génial de n'avoir rien d'autre à penser que d'écrire. Merci de tes encouragements ! J'en ai bien besoin ces temps ci !

      Une bonne journée à toi !

      Marie

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