Et après…
Si le fait d’apprendre l’orientation de ma grand-mère a pu laisser sous l’impression que dans notre famille, l’acceptation de cette situation s’était passé de façon calme et paisible, ou d’office, sachez qu’il n’en est, mais alors là, vraiment rien !
Néanmoins, si dans la famille le fait que ma grand-mère se soit affichée ait pu susciter bien certainement des sentiments contradictoires pour la génération de ma mère dont Jeanne était la mère, je n’ai jamais su si en tant que femme qui préférait les femmes, elle avait vécu du rejet ou de la discrimination à cet égard dans sa vie en général. Ce qui est plus que probable…
Peut-être est-ce que sous des dehors normal, cela m’apparaissait un peu abstrait ?
Car bien que mes grands-parents aient vécu séparément depuis des temps «immémoriaux », tous les dimanches, ma grand-mère se rendait à la maison grand-paternelle pour y faire le souper pour toute la famille ! Un peu comme si de rien n’était…
Et puis, jamais mes grands-parents n’ont divorcé ! Et lorsque Jeanne est morte en mai 2003, mon grand-père est demeuré à son chevet jusqu’à la toute fin ! Et aujourd’hui encore, aussi incroyable et inexplicable que ça puisse paraître, il conserve encore d’elle une photo sur sa table de chevet, la photo de celle qui fut sans doute la seule femme de sa vie. Et comme lui-même n’a plus comme passe-temps que de regarder le temps qui passe, cloué qu’il est sur son lit, il l’implore de venir le chercher. Et cela, à mes yeux, ça a beaucoup plus de valeur que tous les jugements hâtifs du monde ! Car lui, je pense qu’il l’ai aimée, vraiment, malgré tout !