Et ensuite ?
Un brin d’herbe (c) 2009 Michael Bourquin, PABVision.com |
Ma mère est repartie chez-elle hier. Clairement, je suis follement inquiète pour elle mais que faire d’autre alors que le choix qui s’offre à nous se limite pour elle à camper dans mon salon… Ou bien de retourner dans son petit appartement ou là au moins, elle a les équipements pour être en mesure de se lever seule de son lit… Et de se laver, lorsque les tremblements ne sont pas trop intenses ou qu’ils lui laissent, à tout le moins, un peu de répit….
Parce que parfois, des choix, il n’y en a pas treize à la douzaine n’est-ce pas ?
Et puis à travers tout cela, ce n’est pas que moi qui me suis sentie complètement dépassée. Mon fils et mon mari eux aussi ayant subis les contrecoups des événements…
Vendredi matin, je me suis levée après avoir passé la soirée de la veille à aller récupérer la nouvelle prescription de médicaments de ma mère à la pharmacie (ou plutôt, dans deux pharmacies car la première ne les avait pas tous en mains car trop nouveaux sur le marché…) J’avais planifié partir un tout petit peu plus tard de la maison de manière à pouvoir profiter de quelques minutes supplémentaires, volées à la nuit, d’aller au bureau en même temps que mon mari, déposant au passage notre fils au camp de jour, puis d’aller travailler au moins une demie-journée (je m’étais bien sur absentée la veille!). Puis de revenir en début d’après-midi pour aider ma mère.
Mais aussi, pour inonder une fois encore les boîtes vocales des multiples intervenants de messages…
Mais une fois encore, ce n’est pas tout à fait ainsi que les choses se sont déroulées…mon fils ayant décidé, une fois rendu sur place, qu’il NE VOULAIT PAS aller au camp de jour ! Qu’il voulait demeurer avec grand-mère !
J’ai eu beau lui expliquer dans tous les sens et sur tous les tons que grand-mère ne pouvait pas le garder, qu’elle ne pouvait pas marcher, qu’elle n’était pas assez forte pour courir après lui…. IL HURLAIT!!! Devant les trop jeunes intervenants éducateurs qui par manque d’expérience, ne sont jamais intervenu pour attirer mon fils dans le groupe. Devant les autres parents pour qui nous devions avoir l’air, littéralement, d’une famille de cinglés !
Cela, il y a longtemps que l’on s’en était nous mêmes rendus compte bien sur… Sauf que nous aimons bien qu’en public du moins, cela ne paraisse pas trop… Que là au moins, nous ayons l’air un peu normaux…
Au final, que pouvais-je faire d’autre…que de repartir à la maison, tenant mon fils par un bras ? Et moi, pleurant.
Complètement dépassée…
Et sur le chemin du retour, lorsque ma mère a téléphoné sur le cellulaire pour savoir comment ouvrir la télé parce qu’elle s’était mélangée dans les manettes, je me suis dit que Dieu du ciel, je ne voyais vraiment pas comment je pourrais continuer encore bien longtemps ce rythme infernal… sans y perdre la tête !
Complètement !
Et que parfois, peut-être, la seule véritable option qui s’offre à nous était peut-être de se résigner a accepter ce fait que malgré toutes ces envies que nous pouvons avoir, toutes ces tangentes que nous pouvons avoir envie de donner à nos vies….
La Vie, elle, celle avec une lettre majuscule, a peut-être d’autres projets pour nous qu’il serait suicidaire de ne pas prendre en compte…
4 commentaires
Anonymous
Bonjour Marie,
Je trouvais que ta journée de vendredi n'avait pas été des plus faciles, mais que dire de celle de samedi… ?
Dans la prière de la sérénité (que j'ai dite nombre de fois aux résidentes lorsque je travaillais) il est dit: « Mon Dieu, donnez-moi la force d'accepter les choses que je ne peux changer… » Mais, comme c'est difficile de mettre en pratique cette phrase lorsque ça concerne nos parents.
En te lisant comme je me sens privilégiée d'avoir eu une mère qui a été en bonne santé physique et mentale jusqu'au dernier jour de sa vie. Alors, je te réitère mon empathie et continue à t'envoyer des ondes positives – qui, bien que virtuelles – n'en sont pas moins sincères et efficaces, je l'espère…
Bonne fin de dimanche,
Marjo
MARIE
Bonjour Marjo! Je ne peux que te dire merci pour tes bonnes pensées ! En effet, il n'y a rien d'autre à faire que de se dire « un jour à la fois » n'est-ce pas ?
Sinon, pas trop chaud pour le bazar ? (celui de ton village bien sur, par le miens :-)))
Une bonne journée à toi !
Marie
Étoile
Bonjour Marie, les jours se suivent et se ressemblent parfois n'est-ce-pas? On se sent dans un tourbillon sans fin. Je suis tout à fait d'accord avec Marjo. Moi aussi je dis souvent la prière de la sérénité pour lâcher-prise,mais avec nos proches ce n'est jamais acquis. À ce que je lis dans ton billet ta mère semble pas mal limitée face à cette maladie? Pense t'elle un jour aller dans une résidence où elle pourrait avoir de très bons soins adaptés à ses besoins? Je sais c'est quelque chose juste d'en parler,mon père est en perte d'autonomie. Je lui ai juste suggéré de lui acheter un petit banc pour qu'il soit plus à l'aise pour prendre son bain,oh lala…J'aurais mieux fait de me taire. Je ne suis pas un ti -vieux m'at-il répondu. C'est très délicat car on veut bien sur aider et rendre service selon nos capacités.Ils ont encore toute leur tête et ne veullent pas être traîté comme des enfants et c'est bien comprenable.Moi,ce avec quoi j'ai le plus de difficulté,c'est le non respect et même je dirais de l'arogance faite aux aînés. Je ne suis pas capable. Une chance que j'ai un frère qui a de très grandes qualités et qui lui aussi travaille à aider nos parents pour qu'ils finissent leurs jours dans la paix et la sérénité.Il y a des jours où on se sent plus disponible physiquement et mentalement,mais il faut aussi accepter nos limites et c'est difficile mais faisable. Je te souhaite une bonne semaine et surtout du calme après la tempête. Meci Marie pour tes billets.
MARIE
Bonjour Étoile ! Oui effectivement, ma mère est très limitée. Lorsqu'elle ne tremble pas, ça va mais lorsqu'elle tremble, c'est difficile. Et le plus difficile je pense c'est qu'il n'y a pas deux journées pareilles pour elle donc difficile de prévoir… Mais pour un centre, elle commence bien sur à y penser. Nous sommes là dedans en ce moment: trouver un endroit qui pourra correspondre à son budget tout en ayant des services convenables. Mais aussi, évaluer si des préposés chez elle, quelques heures par jour, ne pourraient pas faire une différence et la maintenir à domicile un peu plus longtemps.
Un jour à la fois, y a rien d'autre je pense mais clairement, il y a des moments ou on se sent vraiment dépassés mais surtout, impuissants…
Pour ton père, je comprends tout à fait son sentiment. C'est un deuil n'est-ce pas que d'accepter que nous ne pouvons plus faire seul ce que nous avons passé notre vie à faire nous même ?
Merci à toi de tes bons mots !
Marie