Être un bon parent, n’est-ce pas la dernière légende urbaine en vogue ?
Être un bon parent, n’est-ce pas la dernière légende urbaine en vogue ?
Carrément un mythe?
Je me le demande !
La Presse publiait hier un article dans lequel on racontait que selon un portrait inédit des conditions de vie des enfants québécois dévoilé par l’Observatoire des tout-petits, rien de moins que la moitié des enfants de moins de 6 ans auraient déjà été victimes de violence à la maison…
Des chiffres qui, avouons-le, ont littéralement de quoi nous faire frémir n’est-ce pas? Et dans lesquels on parle de la violence tant physique que des agressions psychologiques répétées.
Un article qui, je l’avoue aussi d’emblée, un peu comme le sablier infernal de mon ordi qui parfois, semble avoir pour seul but dans la vie de tester ma patience, n’a cessé de tourner en boucle dans mon esprit depuis.
Aussi, ce matin, alors que je discutais avec ma collègue Mya, je suis enfin parvenue à mettre le doigt sur ce qui, au-delà de cette horrible réalité dont on parle trop peu (la violence familiale), me troublait tellement dans tout cela.
Car alors que nous nous racontions justement l’une l’autre le chaos de nos vies familiales respectives, notamment combien il peut parfois être difficile d’être confrontées aux difficultés de nos enfants, trop souvent avec un sentiment d’impuissance sans nom, j’ai réalisé une chose. Soit que quoi que l’on puisse faire, nous sommes peut-être destinés au bout du compte, tous autant que nous sommes, à n’être que de mauvais parents! Et que de telles études, au-delà des meilleures intentions du monde, ne sont peut-être au final rien d’autres qu’un ramassis de clichés culpabilisants portant sur ce en quoi devrait consister cet Art ultime d’être un bon parent.
Comme dans les livres. Comme dans les magazines. Bref! Sur ces papiers glacés dont rien ne dépasse jamais des pages «photoshopées» au montage.
Et puis, un autre élément a eu pour effet d’augmenter considérablement mon malaise. Soit le fait que les chercheurs de l’étude en question aient d’office admis avoir comptabilisé dans un même sac, tant la violence dite-mineure (telle la petite claque sur la main ou le bras que l’on serre un peu, moins d’une fois par année) que les actes de violence répétés tels que les insultes, les menaces et l’humiliation sur une fréquence plus répétée.
Personnellement, j’avoue avoir eu un immense malaise en lisant tout cela. Malaise que je suis parvenue à mettre en mots au moment où, discutant avec Mya, alors que nous nous efforcions de prendre avec humour tous ces moments où, chacune de notre côté, nous nous sentons carrément dépassées par nos obligations de mère, d’épouse, de femme, d’employée, au point parfois – et oui! – d’élever la voix , j’ai repensé à tous ces moments où, moi aussi, j’avais pu perdre patience.
Parce que dépassée, parfois fatiguée – ou juste carrément frustrée – et oui, ça arrive! – devant ce fait que, malgré toutes mes bonnes intentions sur les merveilleuses mère, femme, épouse, employée que j’aimerais croire être, je ne suis, un peu tragiquement, qu’humaine! Et cela peu importe que dans ce feu roulant dans lequel, un peu comme dans une quête désespérée du Saint-Graal, nous nous évertuons tous et toutes à espérer, un peu naïvement et contre toutes logiques je pense, à croire en être la «Queen», je m’acharne moi-aussi à vouloir croire que je peux néanmoins livrer sur tous les fronts.
Et je suis forcée de me rendre à l’évidence que la plupart du temps, j’y parviens pas mal moins bien que j’aimerais pouvoir m’en vanter.
Je racontais ainsi à Mya qu’après que mon fils ait semblé récupérer à l’école, les difficultés semblaient depuis quelques temps, un peu comme dans le jour de la marmotte, de retour. Et qu’après une troisième année plus difficile au cours de laquelle nous avons dû nous résoudre, l’homme de la maison et moi, à faire évaluer notre fils par une neuropsychologue, cette dernière finissant par conclure que fiston avait un léger trouble de l’attention, nous avions du nous rendre à l’évidence qu’il faudrait ainsi recommencer la ronde des rendez-vous chez la psychologue. Fiston manifestant de nouveau de grandes difficultés a gérer sa colère et ses émotions en général. Au point de démontrer de plus en plus de difficultés à se faire des amis à l’école.
Et que par conséquent, c’était «rebelotte» pour cette foutue routine du quotidien redevenue soudainement infernale. Ou, comme au Monopoly! Retournez au point de départ. Ne passez pas GO…
Le lever du lit qui n’en finit plus le matin. Le petit-déjeuner dont il nous faut trois heures pour passer à travers. Le lit que je fini par faire, après avoir tenté au moins trois cent fois de convaincre fiston de s’en charger. Cette demande, mille fois répétée, pour que fiston aille s’habiller. Et, mon départ, trois fois sur quatre, littéralement à bout alors que j’ai l’impression d’être devenue…. ma mère. Celle qui il y a quarante ans, répétait trois cent fois la même chose à mon frère, ma sœur ou moi. Parfois les trois en même temps… Un peu comme un vieux gramophone usé.
Et je n’en suis qu’à 7 heures du matin dans mon histoire… Mais, soyez rassurés ! Je vous épargnerai le reste de cette journée «type»…
Inutile de dire donc que cette conversation avec Mya a rapidement dévié vers cette étude publiée hier. Une étude qui, s’il fallait la prendre dans son entièreté, ferait de nous tous et toutes de mauvais parents ! Pour avoir élevé la voix quelques fois. Pour avoir perdu patience à quelques reprises.
Alors ! Je me le demande….
Est-ce que le fait d’être dépassée parfois au point de perdre patience, d’élever la voix, ou encore, d’avoir envie de tout lâcher pour m’enfuir au bout du monde, ça fait de moi une mauvaise mère ?
Je veux croire que non.
Tout au plus, une femme comme une autre.
Juste humaine, pleine de failles. Mais qui fait de son mieux.
Clairement, bien loin du mythe qu’on s’acharne à vouloir nous vendre !
Mais Dieu du ciel, pas une marâtre non plus!