deuil,  Ma fille

Hasard ?

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Ça m’étonne toujours de constater à quel point les hasards de la vie (mais le hasard existe-t-il ?) sont parfois troublants ! Il suffit de penser à quelque chose, qu’un souvenir ou une question flotte dans notre tête et voilà que, comme par hasard, une réponse ou une coïncidence nous arrive d’on ne sait ou !

Ainsi, terminais-je ma dernière chronique la semaine dernière en vous parlant de ma petite Juliette, morte née il y aura de cela bientôt deux ans. Et puis voilà qu’hier, un magazine que j’avais laissé traîner – comme bien d’autres d’ailleurs auxquels je suis abonnée et que je n’ai jamais le temps de lire – est venu me rappeler combien la décision d’interrompre ma grossesse avait été difficile alors.

Nous avions appris en effet, à cinq mois de grossesse, que Juliette serait trisomique. Un concours de circonstance ayant fait en sorte à ce moment que le diagnostique de l’amniocentèse avait tardé à nous parvenir, nous laissant ainsi dans un faux sentiment de sécurité. Ne dit-on pas toujours « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » ?

Et puis un mercredi soir que nous revenions de souper à l’extérieur, un appel téléphonique de l’hôpital est venu – de façon troublante – me rappeler à quel point parfois les choses n’ont de sens que celui qu’on leur donne et que l’importance des événements est souvent tout relatif ! Et qu’en cinq minutes, alors qu’on se croit assis sur des certitudes, la vie peut tout aussi bien basculer…

En effet, au moment ou le plus grand « stress » de ma vie consistait peut-être à rapidement mettre au lit mon fils et de moi-même l’y suivre afin d’être reposés pour la journée du lendemain (tous les parents ne connaissent-ils pas la course à obstacle que constitue l’éternelle conciliation travail-famille ?), j’apprenais que ma fille serait trisomique !

Comment décrire le sentiment qui nous habite alors, sinon que c’est un peu comme de tomber du 40e étage, de s’enfoncer dans un labyrinthe sans fin, de saisir en 5 secondes que toutes ces aspirations que nous avions pu avoir pour notre enfant, sans avoir besoin de les nommer, étaient en un instant réduites à néant !

Pfitt !

Ça ne s’explique pas je pense… Mais le sentiment qui demeure en moi lorsque de repense à ces événements de ma vie, c’est la sensation des trois jours en noirs et blanc qui ont suivi le diagnostique, la nuit sans sommeil ou j’ai senti ma fille bouger dans mon ventre – un peu comme si elle savait ! – , mon passage à l’hôpital ou je me suis présentée pour « accoucher », puis du bébé mort-né qu’on a mis dans mes bras. Et enfin, des décisions à prendre quant à ce qui devait être fait du « corps »… Le tout en trois jours…

…Alors que dans ma tête…je n’avais toujours pas reposé le combiné du téléphone ! Et que la déflagration de la nouvelle n’en finissait pas de se répercuter à l’infini !

Et puis voilà qu’hier, alors que je suis plus ou moins au repos après avoir subis une intervention médicale visant justement à mettre un point final à toutes possibilités d’avoir d’autres enfants, je tombe « par hasard » sur cet article qui parle de parents qui, eux, ont décidé de garder leur enfant à l’annonce d’un tel diagnostique !

Le moment le plus troublant je dirais m’est apparu lorsque j’ai constaté que la petite fille dont il était question dans l’article était née au août 2008, au moment même ou nous, nous avions décidé de ne pas garder la nôtre… Un peu comme si la vie voulait s’assurer que j’étais certaine d’avoir fait le bon choix!

Le genre de moment ou l’on aurait envie de demander s’il y a quelqu’un dans la pièce qui, comme dans un dialogue, répond à nos pensées, alors qu’on se croyait seul !

Hasard demandions-nous ?

Un commentaire

  • funnysnow

    Le plus dur quand on perd un enfant avant termes ce n'est pas de faire le deuil de la personne qui n'existera pas; c'est de faire le deuil de tous les événements qui n'auront pas lieu. Pas de première dent, pas de premier pas, pas de dodo collés l'après-midi, pas de bisoux baveux et puis les What if? What if? What if? C'est vivre avec une petite impasse au fond du coeur. Un cul de sac vers lequel on retourne toujours pour se questionner. L'avenue des questions sans réponses.

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