Héritage et transmission, prise 1
Photo: IStock |
Le Journal Suisse Le Temps, vous connaissez ?
Depuis quelques jours, l’édition en ligne propose au quotidien des entretiens avec des personnalités qui racontent ce qu’elles reconnaissent devoir à leur mère, puis à leur père. Ces petites choses en fait dont elles reconnaissent l’héritage, la filiation…
Ce matin, bien que la chose paraisse assurément beaucoup plus simple sur papier que dans la réalité, j’ai eu envie de me prêter à l’exercice.. Pour réaliser finalement que la chose était bien loin d’être banale… Car s’il est plutôt facile de détailler toutes ces choses que nous pouvons reprocher à nos parents, faire une liste de ces héritages familiaux dont nous acceptons la transmission…demande assurément une bonne dose de réflexion ! Mais un exercice par la même occasion qui m’a semblé s’apparenter étrangement au fait de construire des ponts…
Entre les générations ceux-là…
Ce que je dois à ma mère (secrétaire médicale, retraitée prématurément en raison de son Parkinson)
-
L’amour des livres;
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Le goût des mots;
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Le besoin d’écrire pour laisser une trace;
-
Le courage;
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La détermination;
-
La capacité de devenir une louve lorsqu’il est question de défendre les miens;
- Le goût du voyage.
Ce que j’imagine devoir à mon père (décédé alors que j’avais 9 ans, il fut travailleur minier par intermittence)
-
Le refus du conformisme;
-
Mon esprit un brin rebelle;
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Un certain sens artistique;
- La conscience que nous ne sommes pas éternels et qu’alors qu’on s’imagine avoir une vie sans importance, nous sommes les derniers à pouvoir en juger.
Ce que je ne dois ni à ma mère ni à mon père ou ce que je revendique totalement
- Le sentiment profond d’être le personnage principal de ma propre vie, mon acharnement à vouloir ré-écrire l’histoire familiale, mon refus catégorique d’en être victime.
Pour la série du journal Le Temps en entier, c’est par ici
Et vous, qu’écririez-vous si vous osiez ?
4 commentaires
Anonymous
Bonjour Marie,
Quelle belle réflexion tu nous offres avec ton texte !
Tout comme toi, je dois beaucoup à mes parents. Ma mère fut autodidacte, car étant l'aînée d'une famille nombreuse, elle a dû quitter l'école lorsque ma grand-mère est décédée pour prendre soin des enfants.
J'ai rarement rencontré une personne qui lisait autant ; elle était avide de tout connaître sur tout.
Je lui dois :
. Mon amour des livres,
. Ma détermination à réussir ce que j'entreprends,
. Ma fierté d'appartenir à ma famille,
. Mon désir de me relever lorsque je tombe,
. Mon amour de la vie malgré les épreuves qu'elle nous envoie.
Ce que je dois à mon père :
. L'amour également des livres (j'ai été choyée d'avoir deux parents aimant autant tout ce qui touche à la littérature.)
. Mon acceptation de ce que je suis : forte et faible ; déterminée, fonceuse, et parfois un peu paresseuse.
. De m'arrêter pour admirer toutes les beautés que nous offre la Nature : prendre bien le temps d'écouter les oiseaux nous offrir leur sérénade, d'encore me « pâmer » devant un lever ou coucher de soleil.
Ce que ne ne dois pas – surtout à ma mère :
. Ne pas être nomade comme elle le fut. (Après le décès de mon père) elle déménageait à tous les ans – parfois au bout de 6 mois.
. L'entêtement face aux autres qui ne sont pas du même avis que moi.
Je suis fière de ceux qui m'ont précédée – tout particulièrement de mes parents et de mes grands-parents.
Je suis plus que fière de porter en moi des gênes qu'ont transmis mes ancêtres Québecois et Espagnols à leurs descendants.
Bonne journée,
Marjo
MARIE
Bonjour Marjo !
Contente que mon texte t'ait inspirée 🙂 Comme ta mère(je pense que c'était la courant à l'époque !), ma mère a été retirée de l'école en 7e année pour s'occuper de ses frères et soeurs. Par contre, bien qu'elle soit retournée aux études beaucoup plus tard (elle a complété un BAC en gérontologie dans la trentaine, alors que moi-même, j'étais déjà partie de la maison !), elle a toujours été entourée de livres. Je me souviendrai toujours de cette immense bibliothèque qui faisait tout un mur et que nous devions monter et démonter à chaque déménagement ! Et je t'assure ! Ils furent nombreux 🙂 Mais dans cette bibliothèque, j'ai trouvé des «Sylvie», des «Angéliques», des Encyclopédies sur les animaux, sur l'histoire, sur les pays, sur l'espace et les planètes, etc… qu'elle recevait «en morceaux» par la poste (Grolier par exemple!)…
Et puis, elle a toujours voulu écrire mais je pense qu'elle a trop manqué de confiance en elle pour se rendre au bout de la chose….
Je trouve cela étrange ce matin de revoir ces années d'une façon un peu plus nostalgique… C'est toujours plus facile n'est-ce pas de se rappeler ce que nous avons moins aimé de notre enfance et dont nous voulons nous distancier… que ce qui comme un bouton sur le nez, fait partie de nous sans que se soit jamais arrêtée pour le regarder !
Je te comprends tout à fait d'être fière de tes origines ! C'est notre bien le plus précieux et malheureusement, aujourd'hui, ce n'est plus trop trop valorisé de le dire !
Et bien ici, on le fait n'est-ce pas ! 🙂
Marie
Étoile
Héritage et transmission ,quelle belle réflexion.
Ce que je dois à ma mère:
-L'amour des livres
-La générosité envers les autres.
-Bien faire les choses en allant jusqu'au bout
-Son sens de l'humour
-Son amour de la musique
– et de plus en plus la capacité de nommer ses sentiments
Ce que je dois à mon père:
-Se relever les manches malgré les épreuves
-Le non jugement des autres
-Détermination
-Écouter les autres avec tout son coeur
-ne jamais laisser personne mal pris
Ma mère étant à plein temps à la maison,elle a été pas mal louve avec ses enfants.Aujourd'hui,encore elle me téléphonne souvent pour me laisser des messages sur un article qu'elle a lu,un livre,même que des fois elle me laisse quelques phrases sur ma boîte vocale qui l'ont particulièrement rejointe.Je trouve ça bien amusant. J'ai déjà gardé des messages d'elle assez longtemps car cela me touchait profondément.Elle écrit aussi beaucoup, je lui emprunte souvent des livres qu'elle achète à la tonne et très souvent elle laisse des mots,des phrases je les gardent précieusement en souvenirs.
Pour mon père j'ai l'image de l'homme fort,mais toujours très près de ses enfants et de son épouse.Quand il travaillait à l'extérieur à la semaine c'était la fête quand il arrivait. J'ai toujours senti beaucoup d,amour de mes parents. Papa ne juge jamais les gens.Je me souviens d'une fois où une de ses soeurs avait dit ne pas accepter que son fils sorte avec une « négresse ». Mon père a été très fâché ce qui était très rare,et il lui avait dit: »cette femme de couleur différente de nous autres a la même couleur de sang,si tu te coupe,regarde bien et ya aucune différence ».
Avec le recul, j'accepte les hauts et les bas de mon enfance.Ma mère a été très dépressive.Elle m'a souvent manquée car j'ai été pour elle la « maman » très souvent. Étant la plus vieille de trois enfants,j'ai eu des responsabilités très jeunes. Mes parents m'ont donné ce qu'ils ont pu avec ce qu'ils étaient dans ce temps là. Aujourd'hui,âgés tous les deux, je vis encore de très bons moments de joie et d'amour avec eux. On se dit souvent à quel point on s'aime. Je fais des provisions de bons souvenirs avec eux tandis qu'ils sont encore présent. Merci Marie pour cette belle réflexion.
MARIE
Bonjour Étoile ! C'est fou n'est-ce pas combien la toute petite question de savoir ce que l'on reconnaît tenir de nos parents peut susciter la réflexion n'est-ce pas? J'ai moi même été surprise de voir combien d'y penser m'amenait à penser à eux d'une façon différente, plus adulte peut-être !
Je te souhaite une très belle fin de journée !
Marie