Histoire de…s’en souvenir
Novembre, on a beau dire, ça rime toujours un peu avec grisaille, déprime et…envie de s’exiler !
N’est-ce pas le mois des morts après tout ?
Mais voilà, c’est aussi, à chaque année au même moment, cette période ou on peut rencontrer un peu partout sur notre route, ces anciens combattants qui ont fait une guerre ou une autre et qui pour souligner le Jour du Souvenir le 11 novembre, offrent aux passant des coquelicots à accrocher à nos manteaux…
Histoire de dire « Je m’en souviens ».
C’est pourquoi je me suis offert l’un de ces petits coquelicots moi aussi. Pour la première fois.
Car voilà, en fouinant dans mon histoire familiale ces dernières années, je n’ai pu que réaliser à quel point la guerre – peu importe laquelle ! – avait été présente à chacune des générations de ma famille. Le frère de ma grand-mère, Ernest, qui a combattu dans la Royal Air Navy, aux côtés de l’Angleterre, lors de la deuxième guerre mondiale de 1939 à 1945. Mon frère qui est lui-même allé en Afghanistan à deux reprises. Et mon arrière-arrière-grand-père, Édouard, qui aurait prétendument combattu lors de la Première guerre mondiale….
Même si aujourd’hui, je me dis parfois que peut-être cette version n’a-t-elle servi à rien d’autre qu’à cacher qu’Édouard était mort à l’Asile en octobre 1918…. tout juste deux semaine avant l’Armistice. Sa seule « folie » ayant consisté alors à être atteint d’Épilepsie…
Cette réflexion m’est venue en repensant à cette première fois ou en parlant à ma mère de mon désir d’écrire sur mon père, elle m’a confié qu’elle aurait préféré que je ne raconte jamais quel homme il avait été… Privilégiant plutôt une version dans laquelle il serait mort à la guerre.
En héros.
Un mensonge bien sur ! Même si la guerre, nul doute qu’il l’a fait. Contre lui-même celle-là. Et à cette guerre là, il ne pouvait qu’y laisser sa peau probablement !
Et un champ de ruines sur lequel on a longtemps cru que rien ne pousserait jamais plus…
Finalement, mon vrai héros, je me dis parfois que c’est mon frère. Même s’il est bien loin de s’en douter ! Car j’ai bien souvent pensé que cette guerre là, menée en Afghanistan, ce n’était pas la nôtre et que par conséquent, nous n’avions pas affaire là-bas. Mais aujourd’hui, je comprends son désir de faire une différence. De contribuer à un monde meilleur. Et de tenter de protéger ces enfants afghans qui eux, n’ont jamais choisi de vivre dans un pays en guerre…
Alors voilà, parce que dimanche, ce sera le Jour du Souvenir, mon petit coquelicot, je le porte aujourd’hui fièrement.
Pour lui. Pour eux tous !
Car la guerre, il m’arrive de me dire qu’à des degrés divers, on en porte toute au moins une quelque part en nous…
Héros ou pas.
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Parce que je respecte énormément le travail des autres et que je me fais toujours un devoir d’indiquer les crédits des photos que j’utilise, je m’en voudrais de ne pas mentionner que la magnifique photo des petites afghanes qui illustre ce billet a été prise par l’Adjudant Maître retraité Jamie McCaffrey alors qu’il était lui-même à Kaboul, de juillet 2003 à février 2004.
Une photo que j’adore et dont j’ai même fait un agrandissement pour m’en faire un cadre à la maison.
Je ne sais bien sur pas ce qu’elles sont devenues aujourd’hui ces petites filles… Mais je souhaite qu’elles aient survécu.
8 commentaires
Carina
Ce texte est magnifique Marie… porteur d’émotions contradictoires, de souvenirs et d’espoir.
Nous avons tous notre guerre à livrer à des degrés divers comme tu le dis! Ce n’est pas tant la nature ou l’ampleur de cette bataille qui importe, mais le but, la volonté, la force et la détermination qui habite chaque être humain lors de l’affrontement. Le résultat est positif dans la mesure où nous avons évolué et grandi à travers celle-ci.
Merci pour cette réflexion chère Marie,
Bonne soirée,
Carina
Marie
Merci Carina ! C’est tellement vrai que tous, nous avons nos propres batailles à livrer ! Et même si on en retire parfois quelques bleus, l’important est qu’on trouve aussi un moyen d’y découvrir nos propres forces !
Bonne journée à toi !!
Marie
Étoile
Bonjour Marie. Ton billet me parle beaucoup. Un oncle est décédé à la guerre et toute jeune j’ai toujours entendu parler de celui-ci.Ma grand -mère allait porter une couronne de fleurs lors des cérémonies et elle pleurait encore beaucoup malgré le temps qui avait passé.Elle avait une photo de lui dans son porte-monaie,il était tout jeune. J’ai aussi un ami qui est en Afghanistan et est père de 4 enfants. C’est la tristesse quand il doit partir . Je lève mon chapeau à sa femme car elle vit l’inquiètude et l’ennui.Par chance ,il prendra sa retraite sous peu.Je porte le coquelicot avec fierté. Je travaille aussi sur mes guerres intérieures. Difficile de trouver la paix 24 heures sur 24 pour moi. Je suis très sensible aux gens qui m’entourent ,je dois parfois prendre un peu de recul pour me retrouver. Merci pour ce billet Marie.Bon repos en cette fin de semaine qui approche.
Marie
Bonjour Étoile ! Je pense sincèrement que dans toutes les familles malheureusement, on retrouve de telles histoires. À l’époque, les hommes n’avaient pas trop le choix de se rendre au front. C’est pourquoi c’est si important de transmettre la signification de cette journée aux plus jeunes qui bien souvent, ne savent pas trop ce que signifie ce petit coquelicot du 11 novembre. Quant à ton ami qui est en Afghanistan, je comprends tout à fait ! Lorsque mon frère y était, chaque fois que nous entendions qu’il y avait eu des morts, nous étions fous d’inquiétude. Car ce que les gens ne savent pas c’est que lorsqu’on annonce aux infos qu’il y a eu des morts (et / ou des blessés), on ne dit pas les noms des victimes avant que leurs familles aient été avisées…. Imagine quant tu as quelqu’un de proche qui s’y trouve…. Et qu’eux non plus ne peuvent nous écrire avant que les familles des défunts n’aient été rejointes… Parfois, mon frère nous envoyait juste un petit « je suis correct » pour nous rassurer. Alors je comprends tout à fait ton sentiment envers cet ami, père de 4 enfants.
Bon weekend à toi aussi ! Prends soin de toi !
Marie
Grand-Langue
Je comprends ceux et celles qui pleurent un proche mort à la guerre et je compatis.
Je côtoie à chaque jour ces jeunes gens prêts à partir en miission. Ils n’ont pas beaucop vécu, pas beaucoup lu, pas connu grand chose. Ils partent d’abord et avant tout pour l’aventure, pour donner un sens à leur vie.
Les illusions partent vite, on n’apprend rien.
Grand-Langue
Marie
Bonjour a toi ! Effectivement, ces guerres sont bien souvent menées grâce surtout a toutes ces illusions de la jeunesse qui imagine ainsi changer le monde, y risquant au passage sa vie. Mais en même temps, n’est-il pas juste humain de chercher du sens a nos vies ? De tenter, même en se trompant, de faire une différence ? Même si parfois, c’est sur ces routes que nous aurions pu éviter….
Bonne journée a toi et merci de ta visite 😉
Marie
Frère de Marie
Merci.
Marie
De rien frérot !
Marie 😉