Histoire populaire de l’amour au Québec, Jean-Sébastien Marsan, T.2
Aujourd’hui, jour 4 de mon calendrier de l’Avent littéraire, nous voici avec le tome 2 d’une trilogie dont le premier volet avait été rien de moins que l’un de mes coups de coeur l’an dernier.
J’avais d’ailleurs parlé ici de cette belle découverte qu’avait été cette «Histoire populaire de l’amour au Québec de la Nouvelle-France à la Révolution tranquille» de l’auteur Jean-Sébastien Marsan. Et qui déjà, était annoncé comme une trilogie.
Inutile de dire que ce deuxième volet qui couvre la période de la Conquête de 1760 jusqu’aux tout début des années 1860, je l’attendais avec grande impatience. Au point de me le procurer illico dès sa sortie il y a quelques semaines.
Ce qu’on y raconte ? Cette période, suite à la Conquête britannique de 1760 qui a laissé quelques 60,000 Canadiens un peu dans l’incertitude quant au sort qui les attendaient aux mains des anglais.
Et de fait, si le nouveau pouvoir leur accorda le droit de conserver le code civil issus de la Nouvelle-France ainsi que la liberté de religion, le cadre légal du mariage lui fut pour sa part la cible de beaucoup de pressions diverses. Ceci en même temps que la population elle-même se multiplie. Par exemple, Montréal qui était l’équivalent d’une toute petite ville en 1789 avec ses 5 500 habitants passera au titre de métropole de plus de 90 000 habitants en 1861, soit une période de moins d’un siècle. À la même époque, la ville de Québec recensait pour sa part quelques 51 000 âmes.
Au cours de ces cent-ans d’histoire du Québec, on le voit bien à travers cette lecture hyper intéressante, la vie en général se transforme profondément. On voit ainsi s’installer le commerce du bois par la colonisation de nouveaux territoires en même temps que l’effet de la révolution industrielle. Et plus encore, le pouvoir de l’Église catholique qui devient «l’institution dominante d’un peuple dominé» et dont la mission affichée a toujours été de policier les moeurs, de bannir le concubinage, la bigamie, l’adultère, la prostitution et tutti quanti. Et ultimement, de marier illico presto le moindre célibataire en âge de procréer.
Et c’est là je dirais que ce livre devient particulièrement intéressant. Dans ce regard que l’auteur porte sur les mariages catho-protestants, parfois objets de scandale. Ou encore, sur ces loisirs et divertissements pensés pour justement favoriser les rencontres.
On y apprend notamment qu’aux îles-de-la-Madeleine, tout jeune homme qui avait en tête de se rendre chez une demoiselle devait d’abord prendre soin de vérifier la présence d’un pot d’eau placé sur la table de cuisine… Signe conventionnel inparrable destiné à indiquer au visiteur qu’il était «agréé» Sans pot d’eau, inutile de s’assoir, encore moins de penser revenir. Son chien était mort selon l’expression québécoise bien connue. La coutume aurait semble-t’il été d’usage jusqu’au début du XXe siècle.
Au final, on découvre qu’au cours de cette période, c’est littéralement la définition de l’amour et du mariage qui évolue. On se marie désormais par amour, la St-Valentin, coutume anglaise, est adoptée par les canadiens français, on se met même à s’écrire des lettres d’amour. Ceci en même temps que l’Église catholique veille au grain en créant des sociétés de tempérance et en publiant des manuels destinés à la jeunesse canadienne et dont le but très clair était de préserver les vertus en péril.
Bref! Une lecture enrichissante en même temps que très divertissante.
Vous l’avez lu? Dites-moi ce que vous en avez pensé en commentaire.
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