Sur ma table de chevet

J’aurais voulu être un artiste ou lorsque tout s’achète

Certains diraient que c’est par ignorance ou par inconscience. Personnellement, je préfère dire que c’est plutôt par conviction personnelle. La vérité c’est que je me suis toujours refusé à tricher.

Autant pendant mes années d’université alors que je ne comprenais vraiment pas ceux qui auraient littéralement vendu leur mère pour un « A ». Que ce blogue que j’alimente depuis maintenant dix ans et pour lequel j’ai toujours refusé d’utiliser des méthodes que je qualifierais de douteuses pour le faire connaître.

C’est pourquoi je suis un peu perplexe depuis la lecture de cet article sur lequel je suis tombée hier. Un article qui parle justement de la tendance de ces dits-« influenceurs » qui, sur les médias sociaux, paient pour s’acheter des « Likes » et des abonnés. Histoire d’avoir l’air d’en mener large !

Non pas que je sois tombée en bas de ma chaise en lisant cela bien sur! Car tout le monde sait très bien que ça existe cette pratique de l’achat de « Likes » dans le but de gonfler artificiellement ses chiffres. On est bien loin de la révélation du siècle avec ça n’est-ce pas ?

Au fil du temps, j’en ai vu des blogueurs attirés par cet espoir de devenir riche et célèbre avec leur blogue. Un peu inconscients, me suis-je souvent dit, du travail de fou que ça demande au quotidien pour alimenter une page. Pour trouver des idées, pour prendre le temps de les mettre en forme – idéalement en y apportant ce petit quelque chose d’unique qu’on ne retrouve pas déjà mille fois ailleurs!

Et cela, sans la certitude qu’on sera lu.

Parce que, qu’on se le dise! Faire connaître un blogue, peu importe la qualité du contenu, le temps qu’on y consacre, ou encore, la foi qu’on a dans son travail, c’est véritablement un coup de dés. Certains billets qu’on pensait un peu insignifiants se mettront soudainement à circuler sur le web, sans qu’on sache trop pourquoi. Comme celui-ci, portant sur le phénomène de la chaussette solitaire que j’avais écrit à mes débuts et qui, d’une façon un peu surréaliste était devenu soudainement beaucoup lu. Et d’autres, sur lesquels on fondait pourtant beaucoup d’espoirs, et qui pourtant, ne seront lu que par deux ou trois lecteurs. Et encore! Encore faut-il qu’ils se soient perdus…

Mais qu’importe! Au fil du temps, je me suis dit que l’important, c’était le plaisir que je trouvais à écrire ici. Et que les « J’aimes » et les commentaires, ce n’était qu’un bonus, la cerise sur le sundae en somme.

On a beau dire que du beau contenu, ça finit forcément par attirer des lecteurs. Mais moi je vous le dis! Cette affirmation, c’est vraiment de la bouillie pour les chats! Parce qu’attirer de nouveaux abonnés, c’est rien de moins que le parcours du combattant. Et que se fier au nombre de « Likes » qu’une publication génère pour avoir une idée de la valeur de ses écrits, c’est la déprime assurée !

Reste que, je le réalise, l’écriture d’un blogue, ça a beaucoup changé depuis que j’ai créé celui-ci il y a dix ans, une époque ou on ne parlait pas encore d’influencer qui que ce soit. Aujourd’hui, à ce qu’il me semble, écrire un sur le web en gardant ses idéaux, c’est accepter de n’être jamais lu, de parler (ou d’écrire) comme un ermite dans le désert. D’être seul dans son champ de fraises alors que la planète entière semble s’être mise à la production de fruits transgéniques… Et le comble, découvrir qu’après avoir mis autant de temps à se distinguer des autres, on se soit fait voler son travail qu’on retrouve pratiquement mot pour mot ailleurs!

C’est pourquoi, par moments, je me demande si je ne suis pas devenue un dinosaure.

Vraiment ? Tout cela pour ça ?

Est-ce vraiment cela la réalité d’aujourd’hui ?

Je ne sais trop. Mais parfois, je vous le dis, j’ai bien envie de lâcher la serviette. Ou mon clavier !

Jusqu’au prochain billet.

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