La peur en Occident, Jean Delumeau
Quelle drôle d’année que ce 2020 qui s’achève n’est-ce pas ? Déjà, nous pouvons parier sans prendre de trop grand risque que nous nous rappellerons longtemps de cette année pandémique au cours de laquelle nous aurons expérimenté bien des «désagréments» et autres événements qu’on aurait jamais imaginé expérimenter de notre vivant. Files d’attentes à n’en plus finir, pénurie de papier de toilette inexpliquée. Et, retour aux sources avec tous ceux qui se sont soudainement sentis comme appelés à fabriquer leur pain quotidien, un peu comme sous l’effet d’une illumination… Avec pour conséquence cette évidence qu’on aurait jamais imaginé voir de notre vie: des tablettes d’épicerie complètement dévalisées de leurs contenus de farine et de levure.
Aussi, en ces temps troubles que nous n’aurions jamais pu être préparés à vivre, j’ai pour ma part trouvé énormément de réconfort à la lecture du livre «La peur de l’Occident» de Jean Delumeau, paru à la fin des années soixante-dix. Un livre dont j’ai eu envie de vous parler en ce jour 10 de mon calendrier de l’Avent littéraire. Un livre dans lequel l’historien se proposait de faire l’étude du passé de la civilisation sous l’angle de la peur. Et dont une grande partie porte justement sur les virus et autres pandémies qui à travers les âges ont justement provoqué bien des cauchemars parmi les populations qui les ont vécus.
À la lecture de ce livre que l’on découvre d’une pertinence folle dans notre propre expérimentation d’une pandémie, on se rend compte à quel point on a vraiment rien inventé avec nos comportements qui peuvent sembler un peu délinquants. Rumeurs, déni, refus de porter le masque, recherche de fautifs, de coupables et de personnes à accuser, ou encore d’autorité à critiquer, de difficultés de ravitaillement? Peu importe l’époque, peu importe qu’on parle du choléra, de la peste, du Covid ou de n’importe quelle autre de celles qu’on pourrait qualifier de «plaies d’Égype», on se retrouve avec les mêmes réactions qui témoignent de notre humanité.
Alors si vous n’en avez pas encore assez d’entendre parler de virus, je pense que vous trouverez largement votre compte avec ce livre vraiment fascinant. Et que par bonheur, on peut trouver facilement en version numérique.
«La peur en Occident», une cité assiégée, Fayard, 1978
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