La tarte au vinaigre de ma grand-mère et autres absurdités créatives
Je me souviens que lorsque j’étais petite, pour Noël une année au coeur de la deuxième moitié des années soixante-dix, j’avais reçu un petit four Betty Crocker dont j’avais rêvé comme une folle depuis des mois !
Le bonheur, je ne vous dis pas !
Je me souviens que dans les mois qui avaient suivi, alors que je me faisais garder chez mon grand-père par l’une des sœurs jumelles de ma mère, j’avais voulu suivre son exemple. Elle qui cuisinait des tartes avait en effet accepté de bon cœur de me donner des retailles de pâtes à tarte pour que je puisse m’amuser à cuisiner, version mini.
Toutefois, je me souviendrai toujours avoir été passablement frustrée devant son refus assez catégorique de partager par la suite la garniture des dites-tartes afin que je puisse moi aussi confectionner les meilleures tartes au monde !
Qu’à cela ne tienne! Moi qui n’ai jamais accepté de me résigner devant un refus, j’avais entrepris de faire contre mauvaise fortune, bon coeur ! Et d’être créative en cuisinant des tartes… à l’eau !
Seriez-vous étonnés si je vous disais qu’elle s’en souvient encore ?
Peut-être avais-je été inspirée par ma grand-mère algonquine qui, comme on me l’a souvent dit, cuisinait elle-même des tartes au vinaigre. Preuve de créativité ultime s’il en est une dans le Québec de la grande crise des années trente!
Bien sur, j’ai toujours été un peu sceptique devant cette recette qui me semblait bien plus relever de la légende urbaine qu’autre chose ! La dite grand-mère étant morte depuis bien longtemps !
Bref, voilà que cette semaine je suis tombée sur quelques articles qui racontaient qu’aux États-Unis, il y a actuellement une tendance chez les chefs de grands restaurants pour proposer de nouveaux d’anciennes recettes du terroir, créées par nos grands-mères – et leurs mères avant elles. Des recettes inventées de toutes pièces à une époque ou pour la plupart des familles, il n’y avait pas grand chose à partager sur la tablée familiale…
Parmi ces recettes de nouveau proposées par les chefs américains ?
Je vous le donne en mille!
La même fameuse tarte au vinaigre que cuisinait ma grand-mère! Une tarte qui dans le terroir américain, était aussi appelée tarte du désespoir (ou «desperation pies»).
Et parce que je parlais depuis longtemps à mon entourage de cette fameuse tarte qui apparaissait à la plupart d’entre eux comme n’étant rien d’autre qu’une folie de mon imagination, j’ai décidé ce matin de faire la lumière sur la chose. Et d’ainsi tester les deux versions de recettes trouvées sur internet. L’une avec des oeufs. Et l’autre avec rien d’autre que du sucre brun, de l’eau et du vinaigre.
Un moment un peu surréaliste qui m’a donné le sentiment de revenir à cette époque de mon enfance ou, tout aussi désespérée, je cuisinais moi-même des tartes à l’eau !
Vous êtes sceptiques ?
Je vous mets au défi de ne pas succomber à l’étonnement de cette recette des plus surprenantes !
Ingrédients
- 1 tasse de sucre brun (ou cassonade)
- 2 oeufs
- 2 cuillères à table de vinaigre blanc + 1 cuillère à table de vinaigre de pommes
- 1 abaisse de tarte
Battre vigoureusement les œufs comme pour faire une omelette. Ajouter le mélange de vinaigre puis le sucre brun. Fouetter jusqu’à ce que le sucre soit complètement dissout.
Verser enfin le mélange dans l’abaisse de tarte et cuire pendant environ une trentaine de minutes au four à 300°F (150°C).
Voilà!
Vous avez devant vous la fameuse tarte du désespoir de nos grands-mères !
J’avoue avoir moi-même été vraiment mystifiée par cette saveur qui hésite entre le goût de la tarte au sucre et celle aux raisins.
Quant à la version contenant seulement de l’eau, du vinaigre et du sucre brun, à l’heure actuelle elle est toujours à l’état liquide dans mon frigo, semblant peu déterminée à me convaincre !
Et vous ? Vous avez déjà goûté à ces tartes du désespoir de nos terroirs ?
Vous avez aimé?