La vie au temps du Coronavirus

La vie au temps du coronavirus…Du temps de l’inhumanité

Jour 21

Vendredi dernier, fin d’après-midi.

Je reçois un courriel de la résidence ou se trouve ma mère m’avisant qu’un premier cas de Covid-19 s’était infiltré. Comme un voleur. Et malgré la fermeture complète des visites depuis le 14 mars dernier…

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Je le disais hier. Je me sens en colère ces temps-ci.

En colère contre tout ce que cette fameuse crise est en train de faire de nous. Un peu par la force je dirais.

Une crise qui rend par exemple « acceptable » de dénoncer ses voisins qui ne respectent pas les consignes sanitaires.

Une crise qui nous assène avec acharnement la nécessité de faire de « la distanciation sociale ». Un choix de mots qui m’apparaît en ce qui me concerne d’une violence sans nom et qui me hérisse au plus haut point! La vérité étant que c’est justement dans les périodes plus difficiles qu’on a le plus besoin de se rapprocher de son clan, de ses amis, des personnes que l’on aime. La distanciation physique me semblerait déjà bien suffisamment contraignante. Est-il nécessaire aussi de se cloîtrer socialement ?

Une crise aussi qui fait peser le poids de la responsabilité sur les parents. Un exemple? Vous avez de jeunes enfants. Vous travaillez dans le milieu de la santé, comme c’est le cas de ma cousine. Vous n’avez donc pas le choix de vous rendre au travail parce que vous êtes dans une région dite éloignée. Une région ou les besoins sont grands donc vous ne pouvez pas prendre congé. Et évidemment, vous ne pouvez ni faire garder vos enfants par vos parents âgés car vous seriez bien sur responsable de leur contamination potentielle et leur décès éventuel (si vous ne l’avez pas entendu aux infos, les voisins vous le rappelleront!). Ni même emmener vos petits en garderies puisque celles-ci sont toutes fermées jusqu’à nouvel ordre… Ça signifie quoi concrètement, sinon cette évidence que vous êtes piégés dans un dilemme que vous ne pouvez pas gagner?

Enfin, je suis en colère contre ce que cette crise est en train de faire de nous. Non plus des humains. Mais rien d’autres que des risques sanitaires potentiels dont il faut se protéger. Un peu dans l’inconscience des conséquences je dirais. Et au prix surtout de tas de dommages collatéraux que certains semblent aujourd’hui considérer comme nécessaires pour la cause. Des gens qui vont mourir seuls; des enfants victimes de violence et qui ne trouveront personne pour leur dire que « ça va bien aller ». Et « l’après » aussi. Qui risque de résonner longtemps pour ceux qui resteront.

***

Vendredi dernier, fin d’après-midi.

Je reçois un courriel de la résidence ou se trouve ma mère m’avisant qu’un premier cas de Covid-19 s’était infiltré. Comme un voleur. Et cela malgré la fermeture complète des visites depuis le 14 mars dernier.

Je dis et j’écris ici que je suis en colère après toute cette situation. Mais la vérité au fond, c’est que je suis bien plus effrayée qu’en colère!

Je pense que je n’ai pas besoin de dire en effet à quel point ces jours-ci, je suis littéralement effrayée à l’idée que ma mère qui, atteinte de Parkinson et qui par conséquent tremble comme 20 heures sur 24, cela en plus de peiner à communiquer en raison d’une corde vocale en moins, soit touchée elle aussi par cette saloperie.

Déjà littéralement mise sous vide depuis trois semaines, enfermée dans sa toute petite chambre sans la moindre visite, elle pourrait bien finir ainsi sa vie. Et succomber sans que mon frère, ma sœur et moi puissions être auprès d’elle.

Je crains, plus encore que la peste, que ce satané virus – et la gestion sanitaire qui vient avec – ait déjà décidé pour moi que ma mère et moi nous nous étions déjà suffisamment vues.

Et que – que voulez vous, signe des temps, c’est la nécessité qui l’impose! – je doive vivre ça en « distanciation sociale »….

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