La vie au temps du coronavirus…Moments en surbrillance
Jour 32 de confinement
Je ne sais plus trop quoi penser, partagée entre ces réflexions opposées que mon cerveau n’arrive plus à gérer et à départager. Et, je passe ainsi du « le monde devient fou » Genre « Wake Up gang! Vraiment, si les hommes des cavernes s’étaient eux-aussi cachés dans leurs grottes plutôt que de lutter contre l’envahisseur et de s’adapter aux millions de virus qui ont attaqué la planète depuis la nuit des temps, c’est l’évidence, il y a bien longtemps que l’humain aurait été rayé de la carte. Et qu’il n’y aurait vraisemblablement plus personne pour en parler » Et le « Ça y est! La fin du monde dont parlait tellement mon grand-père est bel et bien arrivée! »
À la résidence ou habite ma mère, les cas de Coronavirus ne cessent de grimper. Hier, j’ai appris qu’un cas s’était même déclaré sur son étage, à proximité de sa chambre. Même si j’essaie de me confiner mentalement dans cette partie de mon cerveau ou se loge mon aptitude au déni, la vérité c’est que je suis inquiète.
Parce qu’elle tremble de nombreuses heures chaque jour – ma mère est atteinte de Parkinson – elle m’appelle quand elle le peut, et non pas quand elle le veut. De sorte qu’hier matin, j’ai trouvé sur ma boîte de messages téléphoniques un appel fait durant la nuit… Pour me dire qu’elle avait cessé de trembler. Qu’elle allait bien.
Pour la première fois de ma vie, je me suis dit que ce message, j’étais mieux de ne pas l’effacer. Le garder précieusement au cas ou… Parce que, commence à s’imposer à mon esprit, un peu comme un scénario Z, cette idée que la possibilité existe que cette foutue crise l’emporte.
J’ai cessé de me rendre à l’épicerie, exaspérée par ce sentiment d’avoir été parachutée, un peu comme dans un cauchemar, dans un épisode de La Servante écarlate. Des files d’attente sans fin devant les quelques commerces ayant été jugés essentiels, des « commis au Purrel » qui vous considèrent par défaut comme une menace sanitaire potentielle et qui ce faisant, ont pour seule tache ces jours-ci de vous asperger de gel désinfectant. Et, une fois que vous êtes parvenu au Nirvana de votre journée – entrer dans l’un de ces commerces dits-essentiels – vous retrouver devant des tablettes vides. Le comble, étant la farine qu’on arrive plus à trouver nulle part. L’humanité s’étant semble-t-il jetée dans une frénésie de fabrication du pain. Ceci alors qu’il y a peu – ou alors, il y a mille ans, c’est selon! – j’étais tombée sur un article qui racontait que la farine et autres produits de base, plus personne n’en achetait. Ceci pour la banale raison que la culture culinaire, cette habitude de préparer ses repas, apparaissait comme étant en train de tomber en désuétude dans un monde ou tout semblait devoir aller toujours de plus en plus vite…
Et voilà qu’aujourd’hui, du temps nous ne semblons plus n’avoir que ça.
Des journées grises et beiges que l’on occupe à confectionner des gâteaux, muffins et quantités de recettes de pains, comme si notre vie en dépendait littéralement.
Ou, peut-être tout banalement, parce que c’est la seule chose qui nous permette de nous concentrer sur le moment présent. Et d’oublier tout ce reste que notre cerveau n’arrive plus à gérer…