réflexion

La vie dans la solitude des villes

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Voilà maintenant plus d’un an que j’ai quitté la banlieue pour revenir vivre en ville. Et je suis forcée d’admettre que je ne m’habitue toujours pas à cette singularité qui fait en sorte que ce soit justement là ou il y a le plus de personnes au mètre carré – les villes – que nous soyons paradoxalement le plus seul(e)…

Je me rendais au travail en métro ce matin et j’étais fascinée de voir tous ces gens autour de moi, massés à un point tel que je n’ai pu m’empêcher d’avoir cette réflexion qu’en cas d’arrêt brusque du train, personne sans doute ne serait tombé par terre…

Et puis, je discutais récemment avec un ami français par courriel. Celui-ci s’étonnait que nous québécois ayons tant de difficultés à recevoir les compliments. Face à son commentaire, j’essayais moi-même de comprendre cette différence de culture qui fait en sorte  que les européens (du moins j’en ai la perception) s’expriment plus aisément que nous québécois. Je sais que les québécoises en général nous sommes perçues comme étant de nature indépendante par rapport aux femmes ailleurs dans le monde. Aussi, je me suis demandée l’espace d’un instant si cela n’avait pas pour conséquence que les gars osent ainsi moins les compliments ou la galanterie…

Parce qu’ils ne savent plus comment s’y prendre peut-être ?

En ce qui me concerne, j’ai carrément cette impression d’être devenue invisible ces dernières années! J’ai découvert, un peu consternée au cours de la dernière année, que c’était mille fois plus facile de se faire des amis à l’autre bout du monde que de nouer des liens d’amitié avec nos voisins. Ces personnes qui gravitent autour de nous. Ou encore les parents des amis de nos enfants. À ce titre, me revient ce souvenir du père d’un ami de mon fils que je saluais lorsque je le croisais chaque soir au service de garde. Celui-ci s’est mis à éviter mon regard. Puis à m’éviter carrément. Comme s’il avait eu peur que je ne l’agresse ! Alors que de là ou je viens, cette banlieue ou j’ai habité pendant presque dix ans, nos voisins étaient aussi nos amis. Un environnement dans lequel l’esprit de communauté faisait partie du contrat… Et ou il était normal de saluer ces gens que par la force du quotidien, nous sommes emmenés à croiser chaque jour au même endroit. Et cela peu importe que le soit dans un wagon de ce train qu’on prend chaque jour à la même heure et dans lequel les mêmes personnes s’assoient sur les mêmes banquettes. Ou dans l’entrée d’un service de garde que fréquentent nos enfants….

Parfois, je me demande si ce n’est pas le fait d’une société dans laquelle tout le monde a le nez plongé sur son téléphone cellulaire ou sur sa messagerie… Et ou les autres – ces quelques rares personnes qui n’ont pas d’écran à portée de yeux – ont le regard rivé vers le sol afin d’éviter à tout pris d’avoir à se dire bonjour…

Dans le métro, cela me frappe chaque jour de constater à quel point les gens ne se regardent pas. Comme si nous ne savions plus apprécier la présence des autres… Ou encore, comme si la seule façon que nous ayons trouvé de préserver notre bulle était justement de faire comme si les autres n’existaient pas.

Assurés ainsi de nous retrouver plus seul(e) dans l’immensité des villes que dans n’importe quel trou perdu… Et s’en étonner.

Photo: Photo-Libre

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