deuil,  réflexion

La vie, tout simplement ?

Crédit: Photo-Libre

Avez-vous, vous aussi un jour, eu ce sentiment d’être passé dans un monde parallèle ? Ce genre de moment un peu surréaliste ou le temps, soudainement, semble s’accélérer?

Un peu comme si, sans le savoir, nous avions changé d’espace-temps et que le nôtre, notre temps propre, prenait soudainement une autre consistance, un peu à l’image des fameuses montres molles de Dali…

Depuis une semaine je l’avoue, je ressens un peu comme le vertige devant certains événements qui semblent avoir voulu me donner un autre regard, invisible jusque là, de l’essentiel…

La vie, la mort.

Et entre les deux, ces quelques illusions sur l’importance réelle de tout ce que l’on imagine l’être vraiment.

Un peu, je dirais, comme les deux côtés d’une même médaille. Le pile et le face d’une réalité qu’on ne peut jamais, en temps normal, percevoir d’un coup dans son entièreté. Mais qui dans un instant un peu irréel, nous apparaît d’une clarté qui donne le vertige…

Je vous racontais, il y a quelques jours, le grand choc que j’avais ressenti en apprenant le décès il y a une semaine de la petite fille de ma cousine. Une fillette de tout juste deux ans et demi dont le handicap avait modifié de fond en comble la vie de ses parents depuis l’annonce du diagnostique…

Depuis une semaine, une avalanche à peine croyable de témoignages de sympathie sur Facebook envers cette famille maintenant orpheline de son enfant.

Je dis à peine croyable car ce sont quelques 300 personnes qui se sont rendues en deux jours, tant au salon funéraire qu’aux funérailles jeudi.  Trois cent personnes touchées par ma cousine et son mari. Par leur courage. Par l’amour et l’acharnement dont ils ont fait preuve pendant deux ans et demi devant une réalité qu’aucun parent au monde ne souhaite avoir à affronter…

La maladie, puis la mort de son enfant.

Je suis encore émue en écrivant tout cela devant ce mouvement de personnes, dans un nombre digne de funérailles d’état,  qui se sont massées jeudi dans une église d’une tout petite ville de région éloignée pour témoigner de leur soutien envers des parents en peine que l’histoire a su toucher, d’une façon ou d’une autre depuis plus de deux ans.

Voilà donc pour le côté face… si on peut l’appeler ainsi.

Et puis, vendredi, j’ai été sous le choc, une fois encore, de réaliser combien la vie parfois, semble être régie par des lois qui nous échappent. Vendredi, le lendemain des funérailles de Béatrice, ayant été le jour choisi par son petit frère… pour naître !

Car oui, ma cousine, en plus de vivre le deuil de sa petite fille, était très très enceinte ! Un petit garçon qui aurait tout aussi bien pu naître à n’importe quel moment depuis deux semaines… Mais qui d’une façon un peu mystérieuse, semble avoir choisi de laisser son moment à sa petite sœur… En plus d’un peu de répit à ses parents.

Comme s’il avait su.

Comme si le frère et la sœur s’étaient donné la main, l’espace d’un instant, pour se passer le flambeau…

Comme si Béatrice avait confié leurs parents à son petit frère, l’espace d’un clignement des yeux.

Et voilà pour le côté pile.

Entre ces deux événements, j’ai moi-même passé la dernière semaine à vider l’appartement de ma mère qui s’est résolue, lundi dernier, à laisser une partie de sa vie derrière elle pour entrer dans une résidence.

Parce qu’à soixante-cinq ans tout juste (elle les aura demain!) et atteinte de Parkinson, elle n’était plus en sécurité dans un appartement ou elle vivait seule. Et dans lequel il lui arrivait de chuter dans ces moments ou elle perdait l’équilibre…

En vidant cet appartement qui n’était pas le miens, rempli de choses et de souvenirs qui avaient eu leur importance pour elle mais qui ne semblaient en avoir pour personne d’autre, je me suis sentie bien seule.

Seule – certainement! – mon frère et ma sœur qui ne se sont pas sentis concernés, s’étant purement et simplement volatilisés! Et un peu perdue –  clairement! – devant cette impression de vide et d’inutilité de tout ce qui semble pourtant être si essentiel au quotidien.

Tous ces objets qu’on accumule et dont personne ne veut au bout du compte…

En jetant un regard sur la dernière semaine, j’aurais envie de dire que j’en veux terriblement à mon frère ainsi qu’à ma sœur…

Même si bien sur,  je le sais bien ! Cela aussi, c’est inutile…

N’en demeure pas moins cette évidence que depuis une semaine, je l’avoue, j’ai le vertige…

Un peu sans doute, comme lors de l’ajustement de l’objectif d’une caméra, alors que, l’espace d’une infinie seconde, l’oeil s’habitue à une nouvelle vision de son environnement…

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