Le jeu de l’amitié et du hasard ou l’art d’évoluer sur une corde raide
Pourquoi est-ce si difficile d’entrer en contact avec les gens, une fois la vingtaine, voire la trentaine, derrière nous ?
Je me le demande !
Un peu comme si notre statut d’étudiant, à cette époque pas si lointaine de notre jeune vingtaine, nous avait conféré un droit de socialisation qui se refuse désormais à nous…
…dès lors que nous devenons des adultes prétendument responsables. Et forcément sérieux.
Cette question, je l’avoue, je ne cesse de me la poser !
Parce que ce qui semblait devoir se régler autour de la machine à café lorsque j’étais à l’université, début vingtaine, semble avec les années devoir inévitablement rimer avec certains rituels un peu ésotériques et inutilement compliqués dont parfois, j’ai le sentiment d’être un peu la seule à ne pas maîtriser les codes.
Si vous avez comme moi fréquenté l’université (ou le collège, ou peu importe!), vous savez ce que je veux dire j’imagine. Toutes ces personnes qu’il nous a été donné de côtoyer pendant un temps. Par hasard en allant se chercher un café par exemple. Ou encore, parce qu’on a, le temps de quelques mois, fréquenté le même cours. Et que peut-être, nous nous sommes retrouvés, par hasard et sans raison autre que circonstancielle, assis l’un près de l’autre. Des personnes avec qui nous sommes devenus amis le temps d’une session. Ou pour la vie dans certains cas.
Mais sans se poser plus de question que la situation ne l’exigeait.
Tout juste parce que l’occasion était là. Que la personne avait l’air sympathique. Que l’un a souri à l’autre sans s’embêter de ce que cette personne allait penser.
Vous voyez ce que je veux dire n’est-ce pas ? Ce sentiment d’être dans le moment présent. Tout simplement.
Un contexte en totale opposition, je le constate, avec ce qui semble malheureusement devoir être la norme bien des années plus tard, une fois assis dans la vie, et la quarantaine bien installée. Avec parfois en prime, et d’une façon un peu pesante en ce qui me concerne, ce sentiment d’être ce qu’on pourrait qualifier de mésadaptée sociale dès lors que je suis prise de cette impulsion un peu insolite d’ouvrir la conversation avec quelqu’un qui par malheur, ne fait pas déjà partie de mon cercle d’amis.
Bref ! Tout cela, cette réflexion sur le comment du pourquoi nous socialisons moins avec les années, ça me trotte dans la tête depuis quelques jours. Parce que, justement, bien naïvement il y a quelques temps, j’ai imaginé pouvoir ouvrir la conversation avec quelqu’un que je vois pourtant fréquemment au quotidien sans néanmoins lui avoir jamais parlé. Rien d’autres que de brefs regards, des sourires, des bonjours furtifs ici et là.
Parce que j’en avais envie. Que cette personne avait l’air sympathique. Et que sans but précis, j’ai eu envie de me faire ma propre opinion sur cette gentillesse présumée.
Mais comme vous l’imaginez sans doute déjà, l’expérience a été bien loin d’être concluante !
Parce que, d’une part, je me suis sentie ridicule. Mais aussi, parce que visiblement, j’ai eu l’impression de n’avoir pas « respecté » certains codes, « implicites » semble-t-il, en étant… juste spontanée.
Parce que, finalement, et comme il me semble depuis, les rencontres, peu importe que celles-ci soient d’amitié ou d’autres genres, semblent aujourd’hui devoir suivre certains codes qui rendent au final le tout infiniment plus compliqué.
Tellement en fait que la chose semble destinée incontestablement à perdre tout son charme.
Alors j’en reviens à ma question de départ.
Pourquoi est-ce si difficile d’entrer en relation avec les gens, une fois la vingtaine, voire la trentaine, derrière nous ?
Je me le demande ! Encore.
Est-on tout juste destiné à voir notre cercle d’amis rétrécir avec les années ?
Je ne me résigne pas. Je veux croire que non.
Et cela, même si dans le processus, je cours ce risque de me sentir ridicule parfois.