Le journal intime d’un arbre, de Didier Van Cauwelaert
« Les hommes ne savent pas nous entendre, parce qu’ils ne savent plus regarder les images que nous leur envoyons. Pourtant, nous émettons sur la même fréquence, puisque je vois ce qu’il dit. D’un autre côté, nous les reconnectons avec leur voix intérieure, c’est toujours ça. Entre un champignon ou une fourmi avec qui je communique sans problème et un humain qui se raconte des histoires, mon choix est clair. J’ai toujours privilégié la fiction à l’information pure. Question d’urgence : végétaux et animaux ne perdent jamais ce qui est gravé dans leurs gènes, tandis que les humains ont tendance à devenir des machines qui pensent mais n’imaginent plus. Les quelques individus qui ont su me faire rêver durant ma vie, je leur dois ma longévité. Parce que l’intelligence, la poésie, l’humour sont des nutriments aussi nécessaires pour moi que les protéines du sol. Vos mauvaises ondes m’affaiblissent, vos bonnes vibrations me renforcent. Un arbre ne cherche pas que la lumière. Du moins, il la cherche partout. » (« Le journal intime d’un arbre », Didier Van Cauwelaert, page, 54)
J’ai toujours eu une fascination sans nom pour les arbres. Un amour que sans doute, je ne m’expliquerai jamais. Mais qui me semble à tout le moins dans l’ordre des choses. Parce que toute mon enfance, je l’ai passée dans une région bordée d’arbres, au point de me sentir parfois étouffer sous leur masse. Mais aussi peut-être, parce que cet amour, m’a été transmis par mon grand-père maternel, cet homme qui a passé sa vie a en planter… Pour cinq sous du végétal auquel il permettait ainsi de trouver ses racines. Allant ainsi à l’encontre de son père a lui qui était arrivé dans la région bien des années auparavant.
Ayant reçue une terre à condition…de la défricher.
Comme quoi peut-être, n’est-il que naturel que l’humain consacre sa vie à défaire – ou à corriger – ce que ses parents ont fait avant lui.
Et puis les arbres, je le réalise de plus en plus, font partie intégrantes de ma vie! N’aie-je pas passée les dernières années à fouiller le miens? Mon arbre généalogique? N’aie-je pas été toujours fascinée par cette forêt enchantée de mon enfance qui selon la légende, à travers ses troncs tordus et tortueux, serait la gardienne des âmes torturées des indiens ayant vécu dans la région il y a de cela fort longtemps?
Comment alors aurais-je pu passer à côté d’un livre dont le titre, « Journal intime d’un arbre », de l’auteur Didier Van Cauwelaert, avait tout pour me parler?
Alors voilà qu’après l’avoir laissé dormir pendant des mois sur ma table de chevet, j’ai entrepris d’en terminer la lecture dans ce qui s’est avéré pour moi un moment de pur plaisir. Suscitant au passage réflexions et rêveries sur le temps qui passe, la vie et la mort qui au final, n’est peut-être pas la fin que nous imaginons…
Imaginez le portrait. Un poirier âgé de trois-cent ans, à deux cheveux d’être honoré en tant qu’arbre remarquable de France, mais qui un soir d’orage, tombe au combat. Devant un tel arbre, ne vous diriez-vous pas vous aussi qu’il a du en voir de toutes les couleurs celui-là ? Et des vertes et des pas mures sans doute !
Ici, c’est Tristan, l’arbre lui-même qui nous parle. Qui raconte toutes ces personnes a avoir gravité devant lui depuis trois-cent-ans. Aujourd’hui propriété d’un médecin, l’arbre nous fait notamment découvrir qu’il porte en lui la balle ayant tué le fils de son propriétaire… De là la relation spéciale s’étant nouée entre ces deux là…
Et puis maintenant, alors que l’arbre est tombé, voilà que la petite voisine, Manon, adolescente victime d’inceste par son père et qui depuis, ne parle plus à personne d’autre qu’à cet arbre immobile, entreprend de sculpter une statuette à partir de son tronc. Ce qui permettra à l’arbre non pas de mourir mais de vivre sous une autre forme.
Un livre magnifique et poétique. Vraiment !
Je vous laisse sur cette vidéo dans laquelle l’auteur parle justement du processus ayant mené à l’écriture de ce magnifique bouquin !
2 commentaires
Étoile
J’ai beaucoup apprécié écouter cette vidéo. Le haut de cette page reflète bien ton amour des arbres.Chaque petite branche porte son histoire.J’ai été élevé tout près des terres de mes grands-parents des deux côtés. Sur l’une d’elles un petit lac et une cabane à sucre familiale.Papa nous apportait de la gomme d’épinette `(je crois) pour mâcher y paraît que c’était bon pour la santé.J’ai la grande chance que mon fils ait acheté la maison familiale.Je vois la forêt en arrière de chez-lui et mes souvenirs remontent.Que de secrets j’ai raconté à ces arbres.Mon père a toujours dit que les arbres nous parlaient surtout quand j’étais petite et que j’avais peur quand le vent faisait craquer les branches.Papa gardait tous les noyaux de fruits et on allait les planter avec lui sur la terre.Quand mon amoureux est décédé,un de nos amis est venu planter un chêne.Je vais souvent raconter mes secrets à cet arbre comme lorsque j’étais enfant. Merci de m’avoir fait découvrir cet écrivain et son amour des arbres.Tu m’as fais revivre par ce billet des beaux moments de bonheur en forêt et surtout apprécier de les avoir encore. Bonne soirée Marie!
Marie
Bonjour Étoile ! Je suis heureuse que ce billet t’ait plu ! C’est vrai que la nature nous parle mais que bien souvent, nous ne l’écoutons pas…. Moi aussi je conserve de magnifiques souvenirs de cette terre que possédait mon grand-père. J’y ai habité quelques mois avant de commencer l’école et je m’en souviens. Donc pour moi, la maison de mon enfance, c’était celle-là. Celle de mon grand-père. Tu vois, je ne parle jamais de la maison de mes « grands-parents » puisque d’aussi loin que je me souvienne, Jeanne, ma grand-mère n’y a jamais habité. Mais elle venait faire le souper pour toute la famille le dimanche soir et nous mangions alors sur de grandes banquettes que mon grand-père avait fabriqué, tant nous étions nombreux à table. Pour moi tout cela, ce sont mes racines à moi. Le beau auquel je me raccroche et qui je pense, m’a donné le sens de la famille qui est le miens. Alors clairement, les arbres me semblent être un magnifique symbole de vie. Mais aussi de liens humains. Alors je te comprends lorsque tu dis être heureuse que ton fils ait acheté la maison de tes parents. C’est le « lien » qui continue à se transmettre.
Une bonne journée à toi !
Marie