Le livre de Jon, d’Eleni Sikelianos
« Quand le directeur de l’hôtel, Amir, a ouvert la porte de la chambre 172 le 7 janvier, il a trouvé mon père sur le sol, – « endormi ». Dans une enveloppe en papier kraft se trouve l’argent qu’avait alors mon père sur lui, avec dessus le montant inscrit au crayon : 11,42 $. Ce sont là les choses que possédait mon père au dernier jour de sa vie. Pas de portefeuille. Pas de photo. Pas d’adresse de domicile.» En écrivant sur son père, Jon, héroïnomane impénitent, prématurément mort d’overdose une nuit dans un motel d’Albuquerque, Eleni Sikelianos s’attache à reconstituer le portrait, nécessairement lacunaire, de celui qui, « trou noir » dans la galaxie familiale, inscrivit l’absence et le manque au coeur de son existence. Mais aussi l’émerveillement, la différence, le désir d’art. Et l’ailleurs. Qui tous enseignent qu’il faut maintes versions de l’histoire d’une vie avant de prétendre la connaître, que l’intermittence est une manière d’être au monde et qu’il faut essayer de très nombreux mots avant d’être en mesure de les proférer et d’assumer celui d’amour (Decitre.fr). – J’en ai parlé, tout juste ici.