Le mystérieux chemin qui mène aux livres, jalonné de mots et bercé par le hasard
Choisir un livre, j’ai toujours cru que ça avait probablement beaucoup plus à voir avec le hasard qu’avec quoi que ce soit qui puisse se prétendre le moindrement scientifique…
Mais un hasard néanmoins organisé. Un hasard incontestablement détenteur de ses propres lois.
Chaque fois que je regarde la pile de livres qui s’amoncelle sur ma table de chevet, sur le bout de ma causeuse, sur mon bureau, partout en fait ou l’espace s’y prête le moindrement (selon mon évaluation!), je ne peux m’empêcher de percevoir un certain ordre dans tout ce chaos plus ou moins organisé. Et dont le portrait s’est construit à coups de « il faut que tu lises ça », de critiques écrites par des passionnés plus convaincants que d’autres et trouvées dans le journal du matin. Ou, à d’autres moments encore, de couvertures suscitant banalement le coup de cœur.
Ou parfois tout simplement, par la curiosité pure et simple…
Aussi, si j’avais à faire la liste de tous les livres que j’ai pu lire dans ma vie, clairement, il y a fort à parier que j’en oublierais les trois quarts. De ceux qui n’ont pas laissé de traces indélébiles dans mon esprit. Ou encore, ceux que j’ai lu, un peu comme sur le pilote automatique. Parce que comme ces amants de passages qui ne sont destinés à passer dans votre vie que pour faire la transition avec les amours passées, ils ont eu le malheur d’arriver à vous après un autre.
Plus fabuleux, unique et étincelant celui-là.
Et par définition, inoubliable !
Malgré tout, et au-delà surtout ce qui semble relever du plus parfait des hasards, je ne peux m’empêcher, chaque fois que je regarde la liste de ces livres que j’ai choisis, achetés et accumulés dans l’espoir de passer au travers au moins d’ici ma prochaine vie (si je suis chanceuse!) de me dire qu’il se dégage de cette liste une certaine constante. Un peu comme si à travers chacun d’eux, j’espérais creuser et creuser encore dans le but plus ou moins conscient ou avoué de trouver réponses aux mêmes éternelles questions… Mais surtout, cette insondable question du sens. Celui à donner à ce qui m’entoure. Ou encore, à trouver pour espérer justifier les expériences qui occupent cet espace entre la vie et la mort.
La « science » de choisir ses livres ne relève incontestablement d’aucune précision.
Mais je ne peux m’empêcher de voir dans tous ces livres que j’accumule, que j’amoncelle et que je dévore avec la frénésie d’une obsessive compulsive un peu comme une route. Celle qui, en regardant dans mon rétroviseur, me permettra, en regardant le chemin parcouru, de savoir qui j’ai été…
À travers eux, qui j’ai été et les questions qui auront été les miennes à un moment ou un autre de ma vie, m’étant comme un peu révélé.