réflexion

Le repos de la guerrière

La semaine dernière, derrière un événement un peu anodin, dans le genre plaisir coupable dont on ne se vante pas, j’ai eu ce qu’on pourrait qualifier de révélation.

Et c’est ainsi qu’un peu sur un coup de tête, je suis allée me faire tirer les tarots. Vraiment le genre de chose qu’on est un peu gênée d’avouer, je le dis d’emblée. Mais en réalisant que ça devait bien faire une bonne vingtaine d’années que je n’y étais pas allée, je me suis dit et pourquoi pas? Qu’au pire, ce serait juste sympa. Qu’à la limite, je pourrais mettre ça sur le dos des envies un peu weird liées à l’Halloween. Que très certainement et dans le pire des cas, ce serait comme de lire le journal alors que n’importe qui avec un minimum de jugeotte sait très bien que tout n’est pas à prendre au pied de la lettre…

Bref! J’y suis allée pour m’amuser.

Et, je ne sais pas si c’est parce que la fille était sympa, que la conversation a toute suite été facile, que je me suis sentie d’un coup comme avec une vieille connaisance. Ou plus simplement, parce que derrière mon masque, mes yeux lui ont semblés un peu comme un livre ouvert… Bref! La vérité c’est qu’au delà de ses «prédictions» de ce qui selon ses cartes allait se produire dans ma vie au cours de la prochaine année, elle a dit une chose qui, même si elle peut sembler évidente, m’avait pourtant échappé. Soit que les dernières années ont été difficiles et exigentes émotivement et cela, à bien des niveaux.

Par exemple, en accompagnant ma mère dans ce cheminement cahoteux que lui impose le Parkinson. Et quiconque est passé par là avec un de ses parents saura de quoi je parle n’est-ce pas? Trouver une résidence, vider son appartement et «liquider» en quelques jours tout ce qui comptait pour elle. Et dans mon cas en plus, gérer le processus d’enquête avec le protecteur du citoyen parce qu’à la résidence où elle était, ma mère a été, un moment donné, victime de mauvais traitements de la part d’une préposée… Au point où j’ai du faire venir la police un dimanche soir. Puis la déménager d’urgence dans une autre résidence quelques temps après…

Et je le dis aujourd’hui! Dieu merci! C’était avant la pandémie! Ce qui a fait que malgré tout, pendant les mois ou je ne pouvais pas aller la voir au début de la pandémie, je savais qu’elle était au moins en sécurité dans sa nouvelle résidence.

Et à cet événement, s’en ajoutent plusieurs autres dont j’ai juste omis de tenir compte de l’effet cumulatif. Le travail, la pandémie, mon ado qui manifeste certaines difficultés à l’école en raison d’un TDA diagnostiqué en 3e année. Et d’ailleurs, en relisant il y a quelques mois le rapport fait par la neuropsychologue à l’époque, je me suis demandé comment on avait fait pour ne pas se décourager devant les sombres perspectives que la spécialiste prédisait alors! Ceci alors qu’aujourd’hui, mon fils maintenant en secondaire 3 est…en enrichi ! Comme quoi, parfois même des «spécialistes» peuvent ne pas avoir forcément plus de perspectives qu’une diseuse de bonne aventure n’est-ce pas?

Et depuis une semaine, je ne pense qu’à ça. Cette évidence que le moment est plus que venu de me manifester à moi même plus de bienveillance que je ne l’ai fait de toute ma vie.

Parce qu’il s’agit bien de cela n’est-ce pas? Des mois maintenant que, symboliquement du moins, je me tape dessus. Parce que je n’arrive pas à écrire. Parce que les mots ne sortent plus. Parce que je me sens isolée, piégée par les presque deux ans de télé travail qui se trouvent derrière moi comme derrière bien d’autres, vous même peut-être aussi. Parce que j’ai l’impression que mes deux projets de livres, ça va rester en moi comme une bombe que je ne serai pas parvenue à dégoupiller. Et que je n’arriverai plus jamais à écrire. De sorte qu’en plus du sentiment de lourdeur pandémique, s’ajoute ce sentiment d’inachevé qui n’en fini plus de m’écraser.

Parce que, parce que, parce que! Des parce que, il y en aurait treize à la douzaine si j’osais les exprimer tous.

Et depuis une semaine, j’ai réalisé que j’avais toujours été tellement dure avec moi-même. À me reprocher continuellement de ne pas y arriver. Mais cela sans jamais tenir compte de tout ce que j’ai eu à traverser ces dernières années. Des événements qui, peut-on s’entendre là dessus, auraient amplement justifié que je m’assoie, que je me dise à moi-même «Bravo championne! Donnes-toi le temps! Reprends ton souffle! Tu n’es pas inadéquate. Juste les émotions et l’énergie en friche après avoir fait la guerre.»

Prends une pause

Dépose les armes

Respire!

Bref! Tout cela pour dire que j’ai réalisé que pour moi comme pour beaucoup de gens autour de moi, le temps était plus que venu pour la bienveillance.

En ce vendredi matin, je me suis offert le luxe d’un congé du boulot. Et assise devant mon ordi avec aux oreilles de la musique, je lève ma tasse de café à cela. Ce mot aux airs résolument vintage dont j’ai envie de faire mon mantra personnel.

Bienveillance!

2 commentaires

  • Isabelle Frappier

    J’ai réalisé la même chose l’an dernier, grâce à ma psy. On s’en met tellement sur les épaules et on ne se laisse tellement pas de chances! En fait, on s’auto-maltraite beaucoup… Alors, oui, la bienveillance, c’est nécessaire! Et ça fait tellement de bien; en tout cas, moi, ça m’a permis de surmonter bien des petites choses pas toujours faciles tout en restant un peu plus zen.

    Merci pour ce texte très intéressant!

    • Marie

      Ça fait plaisir 🙂 Oui on a besoin de s’assoir de temps en temps et de reconnaître qu’on en a lourd sur les épaules et que c’est juste normal et humain de ne pas être forcément toujours au top. On est dans une société qui nous amène à croire que c’est une faiblesse de reconnaître qu’on y arrive pas toujours alors qu’au contraire, c’est une pression énorme qu’on parvient juste à déposer, ne serait ce que quelques minutes. Une question de survie.
      Merci de ce petit coucou alors que je n’ai pas écrit depuis si longtemps xx

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