
Lee Miller au FIFA

Hier soir, dans le cadre du FIFA (Festival International du Film sur l’Art), j’ai assisté à la projection d’un film portant sur l’une des plus incroyables photographes du XXe siècle, «Lee Miller ou la traversée du miroir».
Fan finie de cette femme, je vous avais déjà parlé d’elle d’ailleurs à quelques reprises ! Notamment ici. Puis ici. Inutile donc de vous dire que c’est avec une certaine excitation que je me suis présentée à la projection de ce film qui n’avait encore jamais été présenté ici, au Québec.
Aussi, son parcours est hors du commun, c’est le moins que l’on puisse dire ! Américaine née en 1907, elle sera violée l’âge de sept ans par le fils d’amis de la famille chez qui elle est envoyée alors que sa mère est malade. Au delà du traumatisme, elle en ramena également une gonorhée… que ses parents soignèrent en lui injectant du dichloride de mercure… Ni plus ni moins que de l’acide, la pénicilline n’existant pas encore à l’époque…
Et puis, quelques années plus tard, Lee tombe amoureuse d’un jeune garçon du coin qui, alors qu’il se promenait en barque, fait une chute qui le tue sur le coup ! Selon la biographie écrite par son fils, Lee allait conserver des marques de ces deux drames jusqu’à sa mort. Cela en plus du fait que dès ses huit ans, sous prétexte de faire des études photographiques, son père se mit à faire des photos d’elle nue… jusqu’au moment ou elle parti pour Paris, à 16 ans. Et alors, c’est à ce moment que sa vie prend une tournure des plus surprenantes alors qu’elle devient mannequin pour Vogue, photographiée par Man Ray notamment et côtoyant la faune artistique de l’époque, Picasso parmi eux. Mais son but est ailleurs sans doute puisqu’en quelques mois, elle devient à son tour photographe.
Elle sera à ce titre la seule femme accréditée pendant la deuxième guerre mondiale, période pendant laquelle elle fera des photos troublantes de vérités dans les camps de concentration, avec une volonté de montrer au monde les ravages de la guerre.
Mais ce qui fait de Lee Miller tout un personnage à mon avis c’est que cette vie là, son fils la découvrira seulement au lendemain du décès de sa mère, au moment ou il découvre des malles remplies de photos, de négatifs, de tirages originaux et de manuscrits…. Une masse tellement importante en fait qu’il lui fallu quelque deux ans de patience pour mettre de l’ordre dans tout cela, pour cataloguer les quarante mille négatifs et cinq cent tirages … En plus des négatifs des archives de Vogue que la revue ne pouvait plus conserver, pour des raisons de place. Tout cela alla servir au final à la création d’un fonds Lee Miller, encore aujourd’hui géré par le fils de Lee. Ce qui lui fera dire «La Lee que j’ai découverte était très différente de cette avec laquelle j’ai été si longtemps en conflit, et je regrette profondément aujourd’hui de ne pas l’avoir mieux connue.» (- Antony Penrose, son fils)
Bien sur, le film que j’ai vu hier au FIFA n’apportait probablement pas grand chose à ce qu’on savait déjà de Lee Miller mais j’ai adoré voir les photos et extraits de films montrant cette femme incroyable à son époque.
Quant à elle, à la fin de sa vie, elle écrivit dans son journal:
«Je dis toujours aux gens: je n’ai jamais perdu une seule minute de toute ma vie, j’ai vécu des moments formidables. Mais je sais maintenant que si je pouvais tout recommencer, je serais encore plus libre dans ma tête, dans mon corps et dans mes sentiments.» (Lee Miller)
Le film devrait être diffusé de nouveau dans ce cadre du festival, d’ici la fin de l’événement, le 24 mars. Si vous avez cette chance d’y assister, c’est sans doute l’un de mes coups de cœur (un choix bien personnel, bien sur !) du présent FIFA !