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Les Constellées, Daniel Grenier

Ces dernières semaines, je me suis plongée dans l’un de ces bouquins mémorables, du genre qui nous reste d’ailleurs longtemps en tête. «Les Constellées» de Daniel Grenier.

Ce livre, c’est en fait un projet bien spécial. Celui de l’écrivain québécois Daniel Grenier qui s’est donné le défi, pendant un an, de ne lire que des livres écrits par des femmes. Et cela, dans un monde littéraire encore de nos jours dominé par la vision majoritaire de « l’homme blanc privilégié » (comme il le dit lui-même). Ce qui m’est apparu comme particulièrement louable. Et, même en admettant que je suis moi-même plus particulièrement interpellée de façon générale par les livres écrits par des femmes, j’étais loin de me douter que ce livre de Daniel Grenier allait me procurer autant de belles découvertes de voix féminines d’hier et d’aujourd’hui dont je n’avais jamais entendu parler. Et pour cause! La plupart d’entre elles, de façon un peu triste, ayant eu en commun de voir leurs œuvres tomber complètement dans l’oubli. Avant d’être redécouvertes, parfois par hasard. Mais la plupart du temps sous l’effet de l’acharnement de certains petits éditeurs déterminés à les ramener à la lumière.

D’abord la construction du livre que j’ai trouvé super intéressante. Douze chapitre, un pour chaque mois de cette année un peu spéciale. Chacun des mois/chapitre ayant été consacré à un genre particulier de sorte qu’on découvre des autrices des univers les plus divers. Par exemple, les fictives et les auto-fictives (Mary MacLane, Annie Ernaux, Nelly Arcand, Marie-Sissi Labrèche, Sylvia Plath, …), les autrices de la filière française (Colette, Renée Vivien, Nathalie Clifford Barney, Lucie Delarue-Mardrus); celles qui ont écrit sur la déconstruction des canons littéraires (Patricia Smart, Julie Boulanger, Amélie Paquet, etc); les essayistes, les romancières (Valérie Solanas, Monique Wittig, Béatrix Beck, Joyce Carol Oates, Martine Delvaux, etc); les voix autochtones, (Lee Maracle, Naomi Fontaine, etc); les sorcières, les hystériques (Maryse Condé, Mona Chollet, Anne Hébert, Marie Darsigny, Nellie Bly, etc)… Et j’en passe!

En clair, une multitude de voix féminines qu’il serait impossible de toutes nommer ici et parmi lesquelles j’ai eu quelques véritables coups de cœur. Au point de me procurer leurs bouquins afin de pouvoir moi-même y porter mon regard. Par exemple, Mary MacLane (Que le diable m’emporte) pour qui j’ai vraiment craqué (j’en ai d’ailleurs parlé dans ce billet). Mais aussi Nellie Bly dont je reparlerai très bientôt (10 jours dans un asile).

Bref! Vraiment un gros coup de cœur de mon printemps que ce panorama littéraire au féminin auquel se consacre l’auteur. Un bouquin en fait que je trouve assez difficile d’attribuer à un genre particulier tant il relève autant du journal de lecture que du projet d’exploration. Une réflexion certaine qui s’intéresse ici autant à la réalité sur laquelle s’est construite la littérature des femmes à travers l’histoire qu’aux thématiques particulières auxquelles s’intéressent les autrices par rapport à leurs homologues masculins.

« J’ai eu l’occasion à de multiples reprises de prendre conscience du regard extrêmement patriarcal de l’institution littéraire, qui privilégiait des œuvres masculines « complexes », « ambiguës », au détriment d’une littérature féminine de la domesticité, jugée mièvre et moralisatrice. » (p.118)

Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en avez pensé. Sinon, j’espère que je vous aurai donné l’envie de de le faire. Vraiment, il y a tellement de superbes voix littéraires dont on ignore l’existence! Définitivement pas assez d’une vie pour les découvrir toutes!

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