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Les grandes oubliées, Titiou Lecoq

On le dit depuis longtemps, la lecture – et la littérature de façon générale – est rien de moins qu’un refuge. Un refuge dont j’ai abondamment fait usage en 2021.

Car si j’étais assez fière en 2020 d’avoir engouffré vingt-six livres au cours de l’année, je m’étais donné ce défi d’en lire encore plus en 2021. Et pari réussi puisque ma consommation de bouquins à atteint trente-trois livres lus en 2021. Des essais («Disparaître de soi» de David Le Breton), des enquêtes («Le mensonge du siècle, l’affaire Aurore Gagnon» de Daniel Proulx), des écrits féministes («Pompières et pyromanes» de Martine Delvaux, «La femme mystifiée» de Betty Friedman, «Une guerre mondiale contre les femmes» de Silvia Federici»); des collectifs d’auteurs sur des sujets variés («11 brefs essais sur la beauté» de Marilyse Hamelin, «Maganées» sur la fatigue des femmes vue par de nombreuses autrices, «Ce qu’un jeune mari devrait savoir» sur le modèle des anciens conseils dont on abreuvait nos grands-mères)…. Bref! Mes lectures de 2021 ont tiré dans tous les sens.

Mais l’un des livres qui m’a le plus interpellé cette année, c’est sans doute celui publié récemment par la journaliste blogueuse française Titiou Locoq, «Les grandes oubliées, Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes» Un livre qu’à mon avis, on devrait intégrer au programme scolaire de tous les adolescents du monde.

Dans ce livre, l’auteure part d’office du constat que nous les filles, les femmes, on a été élevées avec cette idée que le monde avait été fait par les hommes. La découverte de l’Amérique? Christophe Colomb. Les grands rois? Des hommes? Les grands conquérants et inventeurs ? Des hommes toujours. Après eux, le déluge n’est-ce pas ! Parce que les femmes, selon ce qu’on nous enseigne, elles étaient tout juste des personnages secondaires. Sinon carrément des figurantes qu’on s’est empressé d’effacé de l’Histoire.

Toutefois, l’autrice nous montre dans son livre à quel point ce postulat du rôle rien de moins qu’insignifiant des femmes dans l’Histoire du monde est probablement l’un des plus grands mensonges qu’on ne nous ait jamais  raconté. Parce que, en vérité, les femmes, à chaque époque depuis la nuit  des temps ont elles aussi agi, dirigé, créé, gouverné. Mais d’une façon choquante, on les a effacées des manuels d’Histoire. Ce qui fait qu’en tant que femmes ont se retrouve, encore aujourd’hui, avec si peu de mod`èles pour nous inspirer. À preuve peut être, ces listes annuelles des auteurs les plus lus dans le monde qui sont presque quasi exclusivement au masculin encore aujourd’hui.

«Ceux qui pensent que changer les programmes scolaires est encore une lubie de féministes hystériques, ceux-là ne se sont jamais demandé ce que signifie de grandir avec une histoire dont nos semblables sont exclues. Qu’est-ce que, petite fille, on perçoit quand on ne nous raconte que l’histoire des hommes ? »

Mais la vérité, quand on gratte un peu le vernis de l’Histoire, c’est qu’on découvre qu’au fil du temps, il y a eu des femmes chevaleresses, des jongleresses, des bâtisseuses de Cathédrales, des autrices dont des hommes se sont appropriés l’œuvre, de grandes reines aussi. Bref! Que le masculin ne l’a vraiment pas toujours par nature emporté sur le féminin. Et c’est ainsi que l’effacement des femmes. Et que de boniments ne nous a t’on pas raconté pour nous convaincre que notre peu de place dans l’Histoire était le fait d’une «évidence». Celle qu’on avait, nous les femmes, seulement été trop occupées à enfanter et élever les grands hommes, mais aussi bien sûr, dans nos cuisines à préparer le ragoût familial et à faire le ménage.

«Pourquoi a-t-on l’impression qu’introduire les femmes en histoire serait une décision politique alors que c’est les avoir exclues qui était réellement politique ? Un travail d’homme qui reconduit la domination masculine passe rarement pour militant et ne s’affirme quasi jamais comme tel. Le discours dominant et officiel parait neutre. Il ne l’est pas. Mais il parvient, par sa position majoritaire, à faire reconnaître ses choix pour de l’objectivité.
Pourtant, on peut se demander comment le fait d’exclure la moitié de la population française des livres d’histoire peut être une preuve d’objectivité. N’est-ce pas l’inverse ?
»

La vérité c’est que l’autrice a fait un travail de fou avec ce livre, en grattant les sources et en faisant appel surtout à de nombreux spécialistes et historiens de toutes les époques. Car même si elle y porte un regard de française, je pense pour ma part que c’est une réalité qui touche littéralement la moitié de l’humanité, pas que la moitié de la société française!

J’ai pour ma part adoré le ton qui loin de l’essai trop sérieux malgré la lourdeur du sujet, m’a donné le sentiment de lire une amie. Un livre rempli d’humour comme dans tous les livres de Titiou Lecoq ainsi que dans ses chroniques publiées sur Slate que je ne manque jamais de lire semaine après semaine tant ils mettent chaque fois le doigts sur quelques vérités féminines et qui trop souvent, peuvent sembler inavouables.

Un livre, vraiment, que toutes les femmes et adolescentes devraient lire au moins une fois dans leur vie. Parce que la vérité c’est qu’aujourd’hui encore, on tente de nous effacer. En Afghanistan par exemple ou je lisais la semaine dernière que les Talibans leurs interdisaient de voyager sans la présence d’un homme. Mais aussi dans nos arbres généalogiques qu’on continue encore aujourd’hui de nous vendre au masculin… Mais ça, je garde ça pour un autre billet. Car ce symbole ultime d’effacement des femmes qu’est le principe des arbres généalogiques, ça m’a donné envie d’explorer de ce côté. Et ce que j’y ai découvert m’a donné à voir un monde que je n’aurais jamais imaginé.

Vous avez lu ce livre de Titiou Lecoq? Je suis curieuse de savoir ce que vous en avez pensé. Pour ma part, gros coup de cœur livresque de 2021!

Rien de moins!

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