Les heures
Hier, je lisais cet article portant sur les heures invisibles, ce temps que nous les femmes nous consacrons, sans le compter, aux taches familiales.
Ce genre de choses qui ne figurera dans les faits jamais sur un cv. Mais pour lequel on se découvre pourtant responsable en chef un beau matin sans qu’on n’ait jamais postulé.
Alors la paie, on n’y pense même pas !
Vous savez!
Tout ce temps qu’on consacre par exemple à planifier et préparer quotidiennement les repas, à faire les courses, le ménage, à prévoir et prendre les rendez-vous chez le dentiste, le médecin, les professeurs de nos enfants,… Une liste de taches qui, à l’image de la célèbre pierre de Sisyphe, ne semble jamais vouloir s’arrêter. Et à laquelle s’additionne toute cette charge mentale qui ne nous quitte jamais. Et qui, un peu comme la crue des eaux au printemps, noie tout sur son passage. Au point d’en venir à prendre toute la place de nos journées.
Chez-moi en ce moment, à cette longue liste s’ajoute désormais la charge occasionnée par la gestion de la situation de ma mère, qui atteinte du Parkinson depuis quelques années, se retrouve avec une telle perte de ses capacités motrices qu’elle est maintenant en résidence, sur le point d’être transférée en CHSLD(*). Avec pour résultat que les dernières semaines, j’ai dû les passer à discuter par téléphone ou en personne tant à la travailleuse sociale, à la police, qu’au protecteur du citoyen… Parce qu’à la résidence où se trouve ma mère, un mystérieux hématome de la grosseur d’une main est apparu sur son bras. Et que, en désespoir de cause, nous avons été forcés de nous résoudre à installer une caméra dans la chambre de ma mère… Personne évidemment n’acceptant de reconnaître sa responsabilité…
Et, je ne parle même pas ici des traitements de chimiothérapie que reçoit ma belle-mère qui, au même moment, se débat avec les relents d’un cancer du sein récalcitrant…
Tout cela pour dire qu’en ce moment, ce serait vraiment un euphémisme d’affirmer que j’ai la charge mentale dans le plafond. Cela, en même temps que j’ai par malheur le sentiment d’avoir de moins en moins de réserves pour y faire face. Et, si j’ose regarder ne serait-ce que trois secondes et quart tout ce qui m’attend dans les prochaines semaines – mon déménagement en juin, mon voyage à Barcelone en juillet, le déménagement de ma mère avec court préavis de 24 heures pouvant survenir à tout moment (et pour lequel je devrai immédiatement faire de la place dans mon horaire pour le gérer) – ça y est ! Je n’ai qu’une envie!
Celle de monter sur le toit pour me jeter dans le vide.
Ou encore, changer d’identité et fuir. Aussi loin que mes jambes pourront me porter.
Mais, comme j’ai passé la nuit de vendredi à samedi à l’urgence pour ma mère qui y avait été envoyée en ambulance, je craindrais malheureusement de ne pouvoir fuir bien loin, mon niveau d’énergie en ce moment frôlant le zéro sur l’échelle de Richter!
Mais, cette réalité de la charge mentale qui nous tombe dessus un beau matin, je m’en rends compte, c’est un peu insidieux. Car la vérité c’est que j’ai été forcée de couper sur la seule partie sur laquelle j’ai un minimum de contrôle. Et qui paradoxalement aurait le potentiel de me nourrir un peu. Soit, la lecture alors que ces quelques pages que je m’acharne à lire chaque soir m’apparaissent à certains moments comme un combat. Mais aussi, l’écriture alors que l’inspiration qui s’est visiblement rendue compte qu’elle avait de moins en moins de place chez-nous, est visiblement allée se faire voir ailleurs…
J’ai beau savoir que l’énergie, c’est un peu comme un compte bancaire, on ne peut y faire que des retraits, la vérité c’est que devant le flot de demandes qui me tombent dessus, il ne reste rien pour moi.
Bref! Je me sens comme une noyée qui ne trouve plus rien à quoi se raccrocher. Pas la moindre bouée à l’horizon.
Et ironiquement, à l’heure ou mon quotidien ressemble de plus en plus à une voiture fonçant à 200 KM/Hre dans un mur, ça ne me rassure vraiment pas de savoir que je suis loin d’être la seule dans cette situation.
***
En lisant cet article dimanche, je l’avoue, je me suis sentie particulièrement interpellée. Mais je vous le demande! Elle est où la solution ?
Parce que je ne sais pas pour vous mais en ce qui me concerne, j’ai le sentiment que c’est le naufrage qui guette. Et je ne vois pas qui pourrait sortir gagnant dans cette histoire.
(*) Centre d’hébergement et de soins de longue durée.