
Les mots en désordre, sans point ni virgule

Étrangement
c’est bien souvent dans le métro que commencent à s’écrire la plupart de mes billets
Parce qu’alors que je suis entourée d’une foule massive et compacte
dans un moment qui plus souvent qu’autrement me donne cette impression de me trouver dans une boîte de sardines plutôt que dans un moyen de transport
laisser mes pensées vagabonder semble alors être la seule chose que je sois parvenue à trouver pour recomposer ma bulle
Loin du bruit ambiant
Et du désordre extérieur
Combien de fois en effet n’ai-je eu alors cette image d’une boule neigeuse qui après avoir été bougée laisse son détenteur voir se déposer lentement les milles petits flocons synthétiques qui s’y trouvent
À l’image de mes pensées vagabondes et désordonnées qui semblent s’enfuir par la fenêtre du wagon
Un peu comme ces feuilles de journaux abandonnés aux courant d’air et qui volettent dans le tunnel au passage du train
Des pensées bien décidées à mener leur vie à elles
loin du brouhaha quotidien
Et qui un ou plusieurs jours plus tard ne m’apparaîtront comme soudainement plus aussi désordonnées
Parce que le temps faisant son œuvre mes pensées se sont comme elles aussi trouvées une place dans l’univers
Pour soudainement former dans mon esprit «un tout» qui d’un coup me semble avoir trouvé un sens qui jusque-là m’avait échappé
Mais trop tard malheureusement pour la plupart d’entre elles
Ces pensées déserteuses qui avant que le train ne se soit arrêté me laisseront cette impression d’avoir pris la poudre d’escampettes
Et moi à me demander une fois sur le quai quel pouvait bien avoir été le point de départ de ces pensées désordonnées qui se sont précipitées dans ma tête
Le temps d’un aller
Ou d’un retour
Allez savoir
Mais clairement
Sans point ni virgule
