Les petites choses
Voilà revenu novembre et sa grisaille. Ce moment de l’année ou je n’ai souvent qu’une envie, celle de me cacher sous une couverture. Boire des litres de café chaud. Et, me taper enfin toute cette pile de livres qui grandit plus rapidement que ma capacité de les lire tous…
Je pense qu’au fond, nous avons probablement tous et toutes ce genres d’envies un jour ou l’autre.
Vous savez!
Ces petits plaisirs, bien souvent assez insignifiants en eux-mêmes et qui nous assaillent dès lors qu’on s’arrête un instant pour se replier sur soi.
Pour certains, comme pour l’Homme de la maison, ce sera d’aller courir un 5 km, histoire de semer le méchant quelque part sur son parcours. Pour d’autres, ce sera de s’acharner à faire des Sudokus et autres mots croisés. Histoire, à travers les mots, de semer les maux du quotidien. Au moins trois secondes et quart.
Pour moi, ça se résume au banal. Me lever à 4h30 le matin, contre toutes logiques. Juste parce que c’est le seul moment ou j’ai le sentiment que le monde m’appartient (celui-ci appartient à ceux qui se lèvent tôt comme l’a souvent dit l’autre). Mais aussi? Le premier café que je vois couler et la mousse laiteuse dont je le couvre. La lecture de mon journal…
Mais surtout ?
Le silence! Celui que j’ai parfois le sentiment, comme une grâce sans nom, d’être la seule au monde à pouvoir entendre.
Parce que vous l’aurez peut-être remarqué vous aussi. Le silence – s’entend de l’absence totale de bruit – c’est devenu rien de moins qu’une rareté. Rare comme de la merde de Pape comme l’aurait dit ma mère! Et pour une fois tout aussi rare, je n’aurais pu qu’être d’accord avec elle…
Parce que partout, jour et nuit, dans le réel comme dans le virtuel, je me dis parfois que tout n’est trop souvent aujourd’hui que bruit. Celui des trolls qui sur internet n’ont d’autre but dans la vie que d’aller foutre le bordel dans la moindre tentative de conversation. Ceux encore qui sur les médias sociaux partagent à qui mieux mieux tout ce n’importe quoi sur lequel ils tombent (fausses-nouvelles, légendes urbaines, vidéos truquées) dans un grand foutoir duquel il devient difficile d’extraire le bon grain de l’ivraie. Celui enfin de tous ces «biens pensants capables de penser par eux-mêmes» (sous entendant que vous, évidemment, vous n’êtes qu’un mouton ignorant) et qui tentent de vous convaincre que la terre est platte. Qu’un grand complot vise à nous faire croire que le réchauffement climatique c’est du sérieux. Alors qu’eux bien sur, ils la connaissent la vérité n’est-ce pas ? Au diable la science !
Pour moi depuis quelques temps, c’est sur Twitter que se passe ce phénomène. Vous y êtes ? Vous comprendrez rapidement de quoi je veux parler. Pour les autres, que je vous explique.
Si aux débuts, j’ai vu dans Twitter un fabuleux outil pour pouvoir suivre tant des publications que des personnes qu’autrement, je n’aurais jamais connues, c’est devenu au fil du temps un lieu que j’aurais envie de qualifier de toxique. Un endroit ou la haine, l’intimidation et les propos à l’emporte-pièce ont fini par siphonner quasi tout l’air disponible. Au point ou, chaque fois que je me connecte depuis quelques temps, j’ai le sentiment de m’adonner à une plongée dans la boue.
La lecture de deux ou trois publications et chaque fois, un peu la même réaction. «Ouf! Je ne suis pas prête pour affronter ça aujourd’hui!»
Je pense qu’au fond, nous avons probablement tous et toutes ce genres d’envies un jour ou l’autre…
Celui, l’espace d’un clignement des yeux, de fuir le réel en se bouchant les oreilles.
Profiter de la grisaille de novembre pour s’extraire du monde. S’enrubanner dans une doudou trop grande pour soi. Boire des litres de café. Et, se plonger dans cette montagne de livres qu’on a trop négligée depuis trop temps.
Et, à Go, on débranche !