Les petites heures
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Les petites heures du matin. Quelque part, perdue aux frontières du jour et de la nuit…
Je repense à ces derniers jours. À cette fureur d’écrire qui s’est comme emparée de moi et qui fait en sorte que j’ai un peu l’impression de « tirer » un peu partout et dans tous les sens…. Sans toujours ce «filtre» que comme une armure, j’ai mis des années à construire…
Et que je ne quitte pourtant que très rarement.
Et puis, ce billet sur le dernier livre de Nancy Huston pour lequel j’ai finalement retiré une partie entière de ce que j’avais écrit. Et ce qui en reste que je modifierai probablement aussi dans les prochains jours…. Car écrire sur Internet, il faut être capable de l’assumer n’est-ce pas? Et il est des choses pour lesquelles je me demande si je serai un jour en mesure de vivre avec. Avec le «regard». Celui posé sur moi alors, mélange de stupeur, de pitié, d’incrédulité ou de je ne sais quoi encore…
Car je me dis parfois que nous les humains, au-delà de notre surface lisse, un peu comme ces images de magazines toutes en couleurs, nous ne sommes peut-être rien d’autre finalement que l’œuvre d’un peintre un peu fou qui se serait acharné à baigner sa toile d’ombres dans tous les tons. Et d’un peu de lumière.
Par fragments.
Abusant parfois des « zones d’ombres », qui elles, se fondent dans les noirs les plus profonds… Ce côté plus sombre auquel nous ne permettrons qu’à bien peu de personne d’accéder…
De crainte de les voir s’y noyer…
Et puis, Dieu que je déteste qu’on s’imagine que je suis forte !
S’ils savaient, tous, à quel point tous les jours je doute ! S’ils savaient combien d’efforts je mets tous les jours de ma vie pour cacher des regards ce côté plus sombre! Mais c’est ma faute n’est-ce pas? Car même la petite Marie de quatre avait compris, il y a bien longtemps déjà, qu’avec un sourire, personne ne vous posait jamais de questions…
D’ailleurs, un jour alors que j’étais adolescente, à la fin de mon secondaire en fait, un professeur avait écrit dans mon album de finissante ces mots tirés d’une vieille chanson «Toujours sourire, le coeur douloureux. Et sembler rire du sort malheureux. C’est ta loi, toujours sourire. Ton sourire discret cache bien ton secret». Je me suis toujours demandé ou j’avais «failli» dans mon acharnement incessant à cacher mes amies les ombres et ce que lui, ce professeur, avait bien pu en percevoir…
À mon insu.
Car il est vrai que pendant longtemps, je me suis tue. Et puis un jour j’ai voulu tout dire, imaginant ainsi comme une revanche sur le sort que je m’en porterais mieux.
Mais aujourd’hui, pour cela aussi, je doute.
Peut-être serait-il mieux que je remette toutes ces choses au cœur des abimes qu’elles n’auraient jamais du quitter? Que je referme le grand livre et que je continue de sourire?
Encore un peu ? Ou au moins jusqu’à ce que je sache faire autrement…
Car nos vérités intimes, une fois connues, ne sommes-nous pas un peu comme ceux qu’on a étiquetés comme fous? Peu importe qu’ils sourient, qu’ils crient, qu’ils chantent… on dira toujours que c’est parce qu’ils sont fous n’est-ce pas? Ainsi sommes nous peut-être prisonniers pour toujours de notre enfance? Peu importe ce qu’on pourra faire, accomplir ou être,…
On dira peut-être toujours que cela était inévitable, avec cette enfance que nous avons eue…
2 commentaires
Anonymous
Bonjour Marie,
Ce billet me touche beaucoup par son humilité et son questionnement. Est-ce que tu crois vraiment qu'il n'y a que ton professeur qui avait deviné sous tes sourires que tu cachais des douleurs d'enfance ? Je ne pense pas. Dans certains de tes textes on devine ta fragilité – bien que tu nous présentes – la plupart du temps – la femme forte.
Tu as sûrement lu le livre « Je ne t'ai jamais promis un jardin de roses. » Je crois que c'est ça la vie ; du beau, mais également des épines.
Je suis de celle qui croit fermement que l'enfance – on dit les 6 premières années sont déterminantes pour ce que l'on devient plus tard – je crois que toute l'enfance et adolescence a une influence dans notre vie d'adulte.
C'est certain que de se mettre à nu – en écriture – peut-être difficile, mais c'est également une très bonne thérapie pour le coeur et l'esprit. Et même si ça fait peur, il ne faut pas oublier que grandir c'est surmonter ses peurs.
Je te souhaite de trouver les réponses aux questions que tu te poses concernant ton livre.
Bonne et sereine journée,
Marjo
MARIE
Bonjour Marjo ! Merci pour les bons mots ! Malheureusement, je n'ai pas lu le livre dont tu parles mais en fouinant sur Internet pour voir de quoi il s'agissait, je me suis dit que ce serait bien de le mettre sur ma « liste » !
Et puis écrire, je suis d'accord que c'est très « impliquant », plus qu'on l'imagine probablement. C'est d'ailleurs l'écrivain Stéphane Bourguignon qui a un jour écrit ceci «C'est risqué un livre. Ça dit beaucoup sur son auteur. Ça dit aussi des choses que l'auteur lui-même ignore »… Je pense qu'il avait pas mal raison là dessus !
Il faudrait faire comme l'écrivain Mark Twain dont on a récemment publié la biographie. Décédé en 1910, il a commencé à écrire sa biographie vers 1906, avec pour excigence que celle ci ne soit publiée que 100 ans après sa mort…. Bien sur, j'imagine que cela donne une liberté incroyable ne trouves tu pas ? Aucun risque à ce moment de blesser qui que ce soit ! Et puis, une fois mort, nos vieux os se « fouttront » pas mal du qu'en dire-t-on 🙂
J'espère que mon livre sera publié de mon vivant mais bien sur, ça vient avec un certain processus, j'en suis consciente !
Une bonne journée à toi !
Marie