L’imperceptible mouvement des plaques tectoniques
Je suis retombée récemment sur un ancien texte qui, un peu étrangement, m’a semblé avoir trouvé une nouvelle résonance. Me laissant du coup avec cette impression, un peu comme dans le film américain Le jour de la marmotte, d’en être toujours devant les mêmes éternels questionnements existentiels.
Un peu comme une roue qui tourne, déterminée à ne jamais s’arrêter.
Dans ce billet écrit il y a déjà quelques années, je racontais ainsi ma théorie du chandail trop petit. Une illustration qui m’était alors apparue comme la meilleure description que j’avais pu trouver afin de rendre plus visuelle la façon dont je me sentais alors, avec l’arrivée de la quarantaine.
En fait, dans cette «théorie» j’expliquais ainsi que c’était un peu ce que je comparais alors au phénomène du chandail trop petit.
Vous voyez ce que je veux dire ?
On a beau avoir porté ce fameux chandail pendant nombre d’années, avec plus ou moins de fierté. Ou juste parce qu’on s’y sentais tout banalement confortable. Jusqu’à ce jour ou, sans qu’on puisse en identifier la cause exacte, on se lève un beau matin avec le sentiment que quelque chose cloche, n’est plus comme la veille. Clairement, ça coince! Nous n’en saisissons bien sur pas nécessairement le sens immédiatement! Mais on fini néanmoins par se rendre à l’évidence: notre chandail, presque à notre insu, est devenu trop petit !
Parce qu’on a grandi. Qu’on a connu une ou plusieurs grossesses. Ou simplement parce que les années – et les trop bons repas – ont laissé sur nous leur empreinte.
On a beau tenter de se convaincre qu’on continuera de le porter un peu. Au moins le temps nécessaire pour finir la saison. Mais vient forcément un jour ou on ne peut plus faire semblant.
Faute d’avoir l’air d’un saucisson mal emballé !
Ce chandail a beau avoir été le plus confortable du monde, faire malgré ses années – et ce trou qu’on est toujours parvenu à cacher jusque là – l’envie de tous. Aujourd’hui, vous avez l’impression d’y étouffer !
Je me sens ainsi ces temps ci. Un peu comme face à cette fameuse septième vague du livre de Daniel Glattaeur que je citais dans mon dernier billet…. Ou encore, comme ce mouvement souterrain et inaperçu des plaques tectoniques qui un beau jour, fini contre toutes attentes par provoquer le plus grand des tremblements de terre.
Rien de nouveau à l’horizon. Et pourtant, j’ai l’impression que bientôt, je serai forcée de prendre de grandes décisions. Parce que je ne pourrai pas faire autrement.
Je me retrouve dans la même situation qu’il y a trois ans lorsque j’ai vendu ma maison de banlieue pour une nouvelle vie dans un duplex en ville.
Sauf qu’en trois ans – clairement – il en a coulé de l’eau sous les ponts!
Et, l’usure que je percevais déjà dans certaines sphères de ma vie, loin de s’amoindrir comme je l’avais alors espéré, s’est plutôt figée. Un peu comme les rides sur la peau qui un beau jour, cessent de s’adapter à nos expressions, figées elles-aussi sur un visage qu’on ne reconnaît plus.
C’est pourquoi j’ai le sentiment d’avoir moins envie d’écrire ces temps ci. Parce que pour l’heure, je ne sais pas encore nommer ce qui, pour le moment, n’est rien d’autre qu’un fugace et indéfinissable sentiment d’être devant un mur.
Un mur que je devrai bien finir par me résoudre à franchir.
Sans savoir ce que je trouverai de l’autre côté.
Peut-être ce « tout » que je ne ne parviens pas encore à imaginer.
Ou ce « rien » qui m’effraie tant…