L'Homme nu,  roman

Lui ?

Photo: IStock

Quant à cette histoire de mon père, j’en ai au moins le titre ! «L’homme nu»…

Ainsi que quelques pages pour lesquelles je me suis déjà commise…il y a de cela plusieurs mois. Des pages que je n’avais pas relues avant ce matin…

Là encore, des questions. Est-ce que je fais cela sous forme de lettre à cet homme qui j’ai finalement si peu connu ? Est-ce que je fais plutôt cela sous forme de croisade ? Celle d’une femme, moi, qui part à la recherche de la vérité et qui au final, enterre cet homme quelques trente-trois ans après sa mort ?

En début d’année, j’ai écrit à ma marraine, cette femme qui avait été l’épouse de l’un des frères de mon père… La seule – j’en ai bien peur ! – qui pourrait me donner quelques réponses finalement ! Aujourd’hui, alors qu’elle est âgée de presque quatre-vingt-quinze ans…je réalise qu’elle n’y sera pas toujours et je ressens cette urgence d’aller la voir. De tenter de savoir. Quoi ? Je ne sais pas trop. Juste la certitude qu’il y a peut-être justement eu trop de trous dans mon histoire…

Un peu comme dans une vieille couverture à travers laquelle nous pourrions voir passer le soleil…

Je lui ai écrit une longue lettre pour lui dire ou j’en étais face à lui… sujet que je n’avais jamais abordé avec elle est-il nécessaire de le préciser ! Un peu comme si je voulais voir comment elle allait réagir. Car bien sur, la réaction familiale face à mon livre m’angoisse un peu… Beaucoup même !

Surprise sans aucun doute, elle m’a envoyé en retour une toute petite lettre à laquelle elle a jointe quelques photos…. De mon père lorsque je suis née. Moi dans une poussette. Lui tout souriant. Des photos que j’ai trouvées un peu troublantes, je dois l’avouer….

Un peu comme si, moi aujourd’hui, à un âge que lui n’atteindra jamais (il est décédé alors qu’il allait avoir 39 ans !), j’avais ce pouvoir de regarder à travers le temps ce petit instant de sa vie, connaissant l’avenir des personnages… 

Un peu comme un Dieu omniscient…

Alors que lui n’en savais rien… Ne croyait en rien… Voyait «l’après» comme un immense trou noir…

Et je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine fascination devant le fait que plus de trente ans après sa mort, alors qu’il semble s’être acharné à détruire toutes traces de son passage – ayant visiblement trouvé son trou noir à lui, je sois là moi, à parler de lui dans un livre…

Me donnant à croire que nous humains, sommes peut-être les derniers à pouvoir juger de la valeur ou du sens de nos vies…alors que des années après notre mort, nous pourrions bien nous retrouver personnage de roman…

***
Et puis ce matin, je suis tombée sur un article dans le journal que je reçois à ma porte. On y parle d’Eduardo Manet et de sa présence au Métropolis Bleu, à Montréal…

Le lien pour s’y rendre se trouve ici.

Bon vendredi !

6 commentaires

  • étoile

    Je viens de lire ton billet précédent et je constate que de plus en plus que le goût d'écrire prend beaucoup de place en toi. Je comprends très bien tes questionnements. C'est un grand voyage intérieur que tu entreprends.Tu parles aussi de l'urgence de pouvoir discuter avec ta tante qui est âgée. Tu sais du fond de ton coeur que tu pourrais trouver des réponses à tes questions.J'ai fait cet excercice avec ma grand-mère de 87 ans.J'ai appris un tas de choses sur mon père et sa famille.C'était passionnant.J'ai vécu beaucoup d'émotions de toutes sortes. Même si je n'avais pas écrit sur ma vie,je me sens privilégiée d'avoir eu cette chance de clarifier des choses.Je te trouve bien chanceuse de pouvoir assister à cet atelier d'écriture.C'est ce qui t'appelle du dedans depuis longtemps. Fais toi confiance.J'ai hâte de te lire car tes mots sont remplis d'images.Quand je faisais mes causeries,c'était dans des salles où personnes ne me connaissait.Je les donnaient loin de chez moi pour rester dans l'anonymat.En parlant de toute ma vie je devais aussi parler de mes proches.Et,je comprends très bien ta peur,ton angoisse de dévoiler des choses et surtout d'être juger par des proches.La peur du rejet est très angoissante aussi. C'est un beau voyage que tu entreprends,difficle mais tellement enrichissant.La vie va t'apporter au bon endroit au bon moment chère Marie. Passe une excellente journée et écoute ton coeur.(en me relisant,je constate que je suis un peu « maman » comme dirait une amie désolée).

    • MARIE

      Je suis très d'accord avec toi que ce genre de processus de recherche de l'histoire familiale est très exigeant au niveau des émotions. Mais ça permet aussi de nous aider à trouver notre place dans cet univers familial dans lequel on ne s'identifiait pas toujours jusque là… En ce qui me concerne, ça m'a apporté une certaine paix je dirais. Et l'écriture, le sentiment d'être là ou je dois être. Avec en quelques sortes le sentiment de m'être désentravée, d'être plus libre et plus présente à mon entourage, comme le disait l'écrivain français Emmanuel Carrère…

      Aussi, je comprends tout à fait que de donner des conférences t'ait aidée toi. Le partage a cette faculté je pense de donner du sens aux choses en nous permettant de constater que nous ne sommes pas seuls… C'est une grande richesse je trouve !

      Une bonne et belle journée à toi !

      Marie

  • Anonymous

    Je vois que tu as beaucoup de questionnement face à ton livre.

    Tu te demandes si tu dois écrire sous forme de lettre ou de croisade…

    Si ce livre sera pour toi un exutoire, peut-être que sous forme de lettre t'aidera à bien vivre et gérer les émotions – et elles seront nombreuses – que tu connaîtras.

    Au risque d'être redondante, je te redis à nouveau, que tu trouveras le chemin à parcourir dans ton écriture, lorsque tu prendras la plume et ce, dès les premiers mots.

    Je te souhaite un très bon et instructif atelier cette fin de semaine, Marie.

    Bonne fin de semaine itou…

    Marjo

    • MARIE

      Je n'ai aucun doute que mes deux ateliers et conférences de demain seront très stimulants ! Et quant à mon (ou mes !) livre(s), je vois cela comme le terme d'un long processus qui qui a commencé au moment de la perte de ma fille. Une façon de trouver ma place et mon identité dans tout cela. Sans doute que je me pose trop de questions. Parfois, l'instinct devrait suffire n'est-ce pas ? Mon problème est que j'accorde autant d'importance à la forme qu'au contenu… Mais je vais y arriver !

      Une bonne journée à toi Marjo !

      Marie

  • Jane

    Je pense que tu peux faire un peu de tout, lettres à ton père, à ta mère, ou bien au je et un peu avec de la narration…. au commencement tu auras peut-être l'impression que ça ne colle pas mais un moment donné ça va fitter.

    • MARIE

      Bonjour Jane ! Oui je suis d'accord avec toi ! J'hésitais au début sur la forme à prendre mais je pense qu'il y aura un mélange finalement. À force de «tatonner», on arrive toujours à quelques choses !

      Une bonne journée à toi !

      Marie

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